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Véhicules électriques chinois | “C’est une question de temps”

Si l’on exclut Polestar et Volvo, deux filiales du constructeur chinois Geely qui préfèrent se présenter comme suédois, aucune marque chinoise ne vend de véhicules électriques au Canada. Mais taxe ou pas, ces véhicules vendus moitié moins cher que les modèles que l’on retrouve ici continuent de se rapprocher du marché canadien.

D’ailleurs, la réaction des experts du secteur automobile canadien n’est pas de spéculer sur « si » les constructeurs chinois vendront des véhicules électriques au Canada, mais bien sur « quand ».

«C’est une question de temps», affirme Michelle LLambías Meunier, PDG de Propulsion Québec, qui représente le secteur québécois du transport électrique.

Ce que j’entends dans l’industrie, c’est que [surtaxe de 100 % sur les véhicules électriques chinois] Au pire, cela ne sera que temporaire, le temps que le reste de l’industrie s’adapte.

Michelle LLambías Meunier, PDG de Propulsion Québec

Construisez vos rêves

Le constructeur chinois le plus proche du Canada et des États-Unis est BYD, dont le slogan est « Build your dream ». Avant que le Canada et les États-Unis n’imposent une surtaxe de 100 % sur les véhicules électriques assemblés en Chine, l’un des principaux actionnaires de BYD était Berkshire Hathaway, dirigé par le milliardaire américain Warren Buffett.

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PHOTO GILLES SABRIÉ, ARCHIVES DU NEW YORK TIMES

Le slogan de BYD, « Construisez vos rêves », est affiché à l’arrière d’un véhicule du constructeur chinois.

La société basée à Omaha, dans le Nebraska, a réduit sa participation dans BYD au cours de l’année écoulée, d’environ 20 % à moins de 5 %. Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis l’auraient convaincue du retour sur investissement futur plus faible que prévu.

Car avant même la surtaxe, les États-Unis avaient inclus dans leLoi sur la réduction de l’inflation (IRA) de 2022 une mesure qui interdit la vente sur le sol américain de tout véhicule électrique dont la batterie ou certains composants électroniques proviennent de Chine.

L’arrivée de BYD aux Etats-Unis ne se fera donc pas aussi vite qu’espéré. Mais ses véhicules sont déjà vendus au Mexique. BYD envisage d’ouvrir une usine sur le sol mexicain capable de produire des véhicules électriques pour la planète entière.

Le Mexique est considéré par l’industrie automobile chinoise comme un tremplin prometteur pour l’internationalisation. Outre BYD et Geely, propriétaire de Polestar et Volvo, les marques Nio, Great Wall Motors et Xpeng comptent parmi les plus susceptibles de conquérir le monde automobile dans les années à venir, a récemment noté la société financière suisse UBS.

Comme les marques japonaises

BYD pourrait être le premier à arriver au Canada. Les représentants canadiens de BYD se sont inscrits au Registre fédéral des lobbyistes en juillet dernier. Parmi les raisons invoquées pour s’adresser au gouvernement fédéral : la taxe à l’importation, bien sûr, mais aussi « les conditions d’entrée sur le marché canadien d’un nouveau détaillant de véhicules électriques légers ».

Outre les ventes directes, BYD a annoncé mi-août que 100 000 de ses véhicules seraient bientôt proposés en autopartage, grâce à un partenariat avec la société américaine Uber, d’abord en Europe, puis en Amérique latine, en Australie, mais aussi… au Canada.

Cela pourrait être un pas de plus vers son entrée aux États-Unis. Car sans les acheteurs américains, sa croissance risque d’être moins soutenue. BYD a vu ses revenus annuels passer de 24 milliards à 112 milliards de dollars canadiens entre 2018 et 2023, puis remonter plus modestement à 121 milliards pour l’exercice 2024 conclu le 30 juin.

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PHOTO GILLES SABRIÉ, ARCHIVES DU NEW YORK TIMES

Taxis électriques BYD près du siège du constructeur automobile à Shenzhen, en Chine

Pour percer en Amérique du Nord, BYD et d’autres constructeurs chinois pourraient suivre la voie déjà tracée par d’autres avant eux. «C’est bien simple : ils s’inspirent de ce que les Japonais ont fait il y a plus de 40 ans», affirme le président-directeur général de l’organisation sectorielle pancanadienne Mobilité électrique Canada, Daniel Breton. « Depuis, ça s’est plutôt bien passé pour les marques japonaises ! »

M. Breton pourrait aussi citer l’entrée au Canada des premiers véhicules coréens. Au début des années 1980, Hyundai pensait prendre d’assaut le marché canadien en assemblant ses voitures localement, notamment à Bromont. La mauvaise qualité des premiers véhicules Hyundai a contraint l’entreprise à revoir sa stratégie, mais la marque connaît désormais plus de succès que la plupart de ses concurrents dans le pays.

« Nous devrons être extrêmement prudents lorsque de nouveaux fabricants arriveront sur le marché », dit-il. Ces véhicules ne sont peut-être pas prêts à affronter nos conditions routières ou les effets de l’hiver canadien.

La fiabilité plus qu’incertaine des premiers véhicules électriques chinois qui seront éventuellement vendus au Canada est la première chose que souligne Jesse Caron, expert automobile de CAA Québec, lorsqu’on l’interroge à leur sujet.

Jesse Caron rappelle, en guise d’avertissement, l’engouement suscité au Canada fin 2021 par la marque chinoise Imperium, plus connue sous le nom de Skywell, qui avait commencé à accepter des dépôts d’acheteurs canadiens intéressés par des véhicules électriques qu’elle espérait vendre chez nous plus tard. Cela n’est jamais arrivé.

 
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