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La guerre au Moyen-Orient divise nos sociétés, selon Alain Berset

Alain Berset.

Battre Mathys / Tamedia AG.

Lors d’un entretien avec l’AFP, l’ancien président suisse Alain Berset, qui a pris ses fonctions à Strasbourg le 18 septembre, s’est alarmé des répercussions du conflit entre Israël, le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais.

« Nous ressentons très fortement les conséquences de ces tensions sur notre propre continent », a déclaré M. Berset, interviewé depuis New York où il s’adressait à l’Assemblée générale des Nations Unies. “C’est quelque chose qui me préoccupe.”

« Aujourd’hui, nous avons des divisions dans la société, nous avons une montée de l’antisémitisme, c’est inacceptable, nous avons une montée de la haine anti-musulmane, c’est inacceptable. Il doit y avoir une tolérance zéro.

Pourtant, pour l’ancien leader socialiste, « la force de l’intégration est au cœur du projet européen. L’unité dans les différences est absolument centrale. Tout ce qui pousse à la haine, à la violence, est négatif et il faut lutter contre cela.»

Le Conseil de l’Europe, fondé en 1949, est le gardien des droits de l’homme sur le continent. Mais dans plusieurs pays, notamment en France et au Royaume-Uni, des voix se sont élevées pour contester l’institution, dont le bras juridique est la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), chargée de veiller au respect de la Convention du même nom.

“On sent que les principes démocratiques sont sous pression, on sent que l’Etat de droit est sous pression”, reconnaît M. Berset.

10 000 requêtes contre Moscou

Sur la question des migrants, « il existe des politiques nationales qui doivent respecter des principes fondamentaux. Le Conseil de l’Europe est là avant tout pour garantir le respect des principes qui sont au cœur de notre activité. Certains principes sont « intangibles » et pour lesquels il existe une pression importante. »

Le Conseil de l’Europe, qui réunit cette semaine son assemblée parlementaire, décernera lundi son prix Vaclav Havel, qui récompense les acteurs des droits de l’homme. Il recevra également Julian Assange mardi, pour la première intervention publique du fondateur de WikiLeaks depuis sa sortie de prison au Royaume-Uni en juin.

Le Conseil de l’Europe, qui compte 46 pays membres, a exclu la Russie début 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine. L’institution travaille depuis à la mise en place d’un registre international destiné à évaluer les dommages de guerre dans ce pays, dans le but d’en présenter un jour le projet de loi à Moscou. Ce registre fonctionne depuis avril dernier à La Haye.

« Nous avons enregistré jusqu’à présent plus de 10 000 demandes », révèle M. Berset. « Mais le chiffre ne dit pas grand-chose. Ce qui est très important, c’est la qualité de ce qui sera enregistré : qu’il s’agisse d’éléments documentés, avec un très haut niveau de précision, de manière à pouvoir envisager des processus qui pourraient entrer dans un cadre judiciaire.

Tribunal spécial

« Cela fonctionne bien, dans une logique d’État de droit. Nous disposons d’un registre pleinement opérationnel pour l’enregistrement de ces demandes, afin de pouvoir ensuite saisir le tribunal.

A plus long terme, le Conseil de l’Europe travaille à la constitution d’un tribunal spécial pour juger l’agression russe en Ukraine, qu’aucune juridiction internationale n’a actuellement le pouvoir de juger.

« Ce que fait le Conseil de l’Europe (…) avec la mise en place du registre des dommages, puis du mécanisme d’indemnisation et du tribunal spécial, ce sont des mesures très concrètes qui permettront de mettre en place un véritable système de responsabilisation en matière concernant l’agression de la Russie contre l’Ukraine », explique M. Berset.

« Nous ne devons pas tolérer un monde dans lequel l’impunité et la violence sont les règles du jeu. »

(AFP)

 
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