Une jeune femme jugée pour le meurtre d'un homme dont le corps était caché dans un placard – Mon blog
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Une jeune femme jugée pour le meurtre d'un homme dont le corps était caché dans un placard – Mon blog

« Il y a deux Camille, celle de la vraie vie et celle des réseaux sociaux » : la cour d'assises a examiné jeudi 12 septembre à Vesoul la personnalité de Camille Anguenot, jugée pour le meurtre d'un prétendant dont elle avait caché le corps dans un placard.

La jeune femme de 20 ans a raconté mercredi la nuit du meurtre de Théo Decouchant, 23 ans, et son acte du 29 novembre 2021. Ce soir-là, elle a invité ce prétendant à passer la soirée chez elle, dans une petite ville de Haute-Saône. Elle a repoussé ses avances, mais ils se sont endormis ensemble dans son lit.

Dans la nuit, elle a été réveillée par ses caresses, qu'elle a toujours repoussées. « Il m'a dit : 'Tu couches avec d'autres mecs, pourquoi tu ne veux pas avec moi ?'. Ça m'a rappelé que j'étais une fille facile » et « j'ai complètement déraillé », a confié la jeune femme au tribunal. Elle s'est alors emparée d'un couteau de cuisine, l'a poignardé au ventre, avant d'aller chercher un cordon dans sa chambre pour revenir l'achever.

« Les seules fois où elle dit non, elle a quelqu'un en face d'elle qui ne l'entend pas », analyse son avocate, Catherine Bresson. « Il y a deux Camille : celle de la vraie vie et celle des réseaux sociaux », où elle s'est créée une vie glamour et se délecte des « clics » de ses followers.

Ce soir-là, « la Camille qui ne vit que pour les réseaux sociaux et pour les autres (…) fait face à la réalité : je suis une fille facile », poursuit l'avocat qui voit ici une possible raison à l'acte.

« N'est-ce pas un peu facile de dire : 'Oui, j'ai commis l'irréparable, oui j'ai tué un homme, mais c'est parce que j'ai confondu le monde virtuel et le monde réel ?' », s'interroge en retour le procureur général Arnaud Grécourt.

Cela met en lumière les éléments pointant vers un crime odieux, commis par cette jeune femme, âgée de 18 ans à l'époque, qui cherchait désespérément un véhicule et de l'argent pour aller rejoindre un amant à Bordeaux.

Il note également qu’elle « montre beaucoup plus d’émotion envers ses chevaux qu’envers les gens qui l’entourent, ou envers un homme qu’elle a tué ».

Le lendemain du meurtre, Camille Anguenot, qui n'a pas de permis de conduire, prend la voiture et la carte bancaire de sa victime pour se rendre à Bordeaux. Elle continue alors de vivre normalement.

Un accident de voiture met un terme à sa chevauchée et elle rentre enfin chez elle, où la police, alertée par la mère de Théo Decouchant, arrive une semaine après le meurtre et découvre le corps du jeune homme enveloppé dans des sacs poubelles, caché dans un placard à balais.

Au moment du meurtre, « c'était une adolescente loin d'être mature, biberonnée aux réseaux sociaux », qui avait « une fascination pour l'image qu'elle donnait d'elle-même », relève le psychiatre Sylvain Alexis. « On voit souvent ça chez les très jeunes, qui sont de plus en plus rongés par le désir et qui aiment se mettre en valeur, avec des 'histoires'. Tout ce que ce phénomène (des réseaux sociaux) provoque chez les adolescents et les préadolescents est terrible ».

Lors de son entretien avec Camille Anguenot, elle a avoué avoir ressenti un « soulagement » au moment de son arrestation, « comme si la réalité avait repris le dessus, stoppant sa fuite meurtrière ».

L'expert psychiatre a conclu que le « discernement » de la jeune femme était altéré au moment des faits. Il a décrit un accusé « borderline » présentant des « traits psychopathes et pervers » et faisant preuve d'« égocentrisme et de vénalité ».

Son collègue, le Dr Henri Brunner, rejette au contraire l'altération du discernement et relève « une personnalité capricieuse, cliniquement banale », sans trouble psychiatrique.

La « Camille de la vraie vie », c’est aussi cette enfant d’une dizaine d’années qui a été témoin des « violences verbales et physiques » de son père envers sa mère. Cette dernière a évoqué devant le jury le jour où, devant ses filles, l’homme dont elle se séparait « s’est précipité vers elle et a tenté de (l’)étrangler ». Camille Anguenot a pleuré dans le box des accusés. Procédée depuis mardi, elle risque 30 ans de prison. Verdict vendredi.

Article original publié sur BFMTV.com

 
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