Moment de vérité pour LVMH. Le groupe doit annoncer ses résultats pour le quatrième trimestre et l’ensemble de l’année 2023. Un événement qui focalisera tous les regards des analystes financiers et des investisseurs. En effet, la première entreprise du CAC 40 devrait franchir un cap en termes de performances. Ainsi, pour le quatrième trimestre, les analystes de la banque HSBC prévoient une hausse des ventes de LVMH de 10% à taux constant. Une performance ambitieuse qui, si elle n’était pas réalisée, pourrait être pénalisée en Bourse compte tenu de son coût. Le titre du groupe s’échange à 20,48 fois ses bénéfices estimés en 2024, contre une moyenne comprise entre 12 et 14 pour l’ensemble du CAC 40.
Surtout, LVMH doit tenir la barre après une année 2022 particulièrement réussie. Bernard Arnault a fièrement annoncé lors de la présentation des résultats 2022 que « pour la première fois Louis Vuitton a (avait) dépassé les 20 milliards de ventes « . Cette année-là, le groupe de luxe avait réalisé près de 80 milliards d’euros de chiffre d’affaires et un bénéfice net de 14 milliards d’euros. Au cours de l’année 2023, les ventes ont continué de croître, atteignant plus de 62 milliards d’euros sur les neuf premiers mois, soit une hausse de 10 % par rapport à l’année précédente malgré un ralentissement de la croissance au troisième trimestre.
Le géant du luxe est donc au sommet… mais la menace d’une chute n’a jamais été aussi proche.
Une déception au troisième trimestre
Pour rappel, LVMH a déjà déçu au troisième trimestre. Elle publiait alors un chiffre d’affaires de près de 20 milliards d’euros, en hausse de 14% par rapport à la même période de l’an dernier et “seulement” de 9% par rapport au trimestre précédent. Cette performance a déçu les analystes financiers qui s’attendaient à une hausse de 11% par rapport aux trois derniers mois.
“C’est le premier trimestre en deçà des attentes depuis plusieurs années et surtout la première fois depuis 2020 que l’entreprise n’affiche pas une croissance à deux chiffres de son chiffre d’affaires”, a rappelé à La Tribune-Soulier Antoine Fraysse, analyste financier du courtier eToro. , en octobre.
Bourse : la baisse des ventes de LVMH signale des mois difficiles pour le luxe
Résultat, le titre avait été sanctionné et reculait de 8% à l’ouverture de la Bourse, le jour de sa publication en octobre, avant de limiter sa perte à 6,8% vers 16h30, à 686 euros. Après avoir grimpé de record en record pendant 4 ans, l’action du groupe a chuté de près de 14% sur l’année 2023.
Coup de froid sur les ventes de luxe
A l’origine de cette moins bonne performance que prévu : « L’inflation, couplée à la hausse des taux et au ralentissement économique menace d’avoir un effet de compression sur les entreprises (et de réduire leurs ventes et leurs marges, ndlr) », a expliqué Alexandre Baradez, responsable des analyses de marché chez le courtier IG France, à La galerie.
Si la baisse des ventes en Chine est fréquemment évoquée par les observateurs, c’est surtout aux Etats-Unis, premier marché mondial du luxe, que la demande est à la traîne. « C’est vraiment sur ce marché, plus qu’en Chine, qu’on observe un ralentissement massif », a souligné Joëlle de Montgolfier, membre du pôle Etudes & Recherche pour la grande consommation, la distribution et le luxe mondial chez Bain Company, dans une interview accordée à La galerie également en octobre. Les Américains sont fortement affectés par le contexte macroéconomique actuel.
Concernant LVMH, sur les neuf premiers mois, les Etats-Unis ont enregistré la plus faible croissance de chiffre d’affaires (+3%) du groupe par rapport au Japon (31%), à l’Asie (19%) ou encore à l’Europe (16%). Le cognac et les spiritueux, qui ont enregistré une baisse de 14% de leurs ventes, ont été fortement affectés par la faible demande des Etats-Unis, précise le groupe de luxe. ” Les Américains sont plus sélectifs dans leurs dépenses : moins de frivolité et plus de dépenses nécessaires », a ajouté Joëlle de Montgolfier.
Grand blues aux Etats-Unis pour les géants français du luxe LVMH, Kering, Hermès
Au quatrième trimestre cependant, la consommation en Chine a été visiblement meilleure que prévu compte tenu de la situation économique et si la demande en Europe persiste » sous pression », les États-Unis semblent montrer les premiers signes d’amélioration. Reste à savoir si ce rebond se fera sentir sur les résultats du groupe de luxe.
Changements à la tête du groupe
Au-delà de la santé économique de LVMH, le groupe devra dévoiler les premiers résultats des nouveaux dirigeants à sa tête.
Et pour cause, en février 2023, Pietro Beccari prend les rênes de Louis Vuitton, tandis que Delphine Arnault, fille de Bernard Arnault, prend les rênes de l’autre marque phare du groupe : Dior. Le groupe a également annoncé mi-janvier 2024 une passation de pouvoir pour le 1er février entre deux de ses adeptes. Michael Burke, 66 ans, conseiller de Bernard Arnault depuis 2023 après avoir été PDG de Louis Vuitton pendant 10 ans, a été nommé PDG de LVMH Fashion Group, division regroupant plusieurs marques de LVMH (Céline, Givenchy, Loewe, Kenzo…). Il succède à Sidney Toledano, 72 ans, qui, après 20 ans à la tête de Dior, occupait ce poste depuis 2018 et a été nommé conseiller de Bernard Arnault.
Début janvier, LVMH, qui sera également cette année sponsor premium des Jeux Olympiques, a enfin annoncé la nomination de Frédéric Arnault, fils de Bernard Arnault, à la tête d’une nouvelle division Montres du groupe. Fin novembre, son frère aîné Antoine Arnault a déclaré qu’il quittait la direction générale de Berluti, dont il reste président.
(Avec l’AFP)
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