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Comment Michelin veut aller « au-delà du pneu »

Derrière son nom officiel – Michelin Matériaux de Haute Technologie – un peu austère se cache une partie de l’avenir du groupe fondé à Clermont-Ferrand en 1889. Cette division du géant du pneumatique, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 28, 59 milliards d’euros en 2022, représente aujourd’hui environ 5% de l’activité, soit près de 1,3 milliard d’euros. Mais il faut croître rapidement, pour atteindre 20 à 20 % du total d’ici 2030. « Nous identifions les domaines dans lesquels Michelin sera meilleur que ses concurrents grâce à la transférabilité de son savoir-faire original dans d’autres domaines. » explique Maude Portigliatti, la vice-présidente de la division. Entré dans le groupe en 2000, cette scientifique s’est consacrée à la R&D avant de diriger ce pôle et de rejoindre le comité exécutif en 2021.

Inflation : le patron de Système U met aussi la pression sur les constructeurs

Spécialiste de la physique des matériaux, Maude Portigliatti travaille depuis longtemps sur les matériaux composites au cœur de cette stratégie de diversification du géant du pneumatique, baptisée Michelin in Motion. Bandes transporteuses utilisées entre autres dans l’industrie minière, joints de haute technologie (aérospatiale, médecine, éoliennes, etc.), tissus enduits ignifuges et anti-abrasion, textiles techniques et biodégradables, implants médicaux, etc., les domaines de les développements sont multiples. « Nous choisissons des secteurs à forte croissance, y compris par acquisitions, pour atteindre l’objectif dans les délais prévus », précise le gérant.

Michelin réalise désormais 20 à 25 opérations de croissance externe chaque année. Une révolution dans un groupe où ils ont longtemps été inexistants. Florent Menegaux, le président du groupe, a annoncé au printemps 2023 sa volonté d’allouer entre 5 et 10 milliards d’euros aux investissements en vue de sa diversification. Une équipe spécifique est en charge des fusions et acquisitions, avec « plusieurs dizaines de cibles identifiées dans des niches critiques », selon Maude Portigliatti. Cela distingue Michelin de l’un de ses principaux concurrents, Continental, qui n’investit que dans les secteurs liés au pneumatique et à l’automobile.

Une joint-venture avec Forvia pour les piles à combustible à hydrogène

En juin 2023, le géant du pneumatique a acquis le spécialiste des solutions composites polymères Flex Composite Group (FCG), une entreprise italienne valorisée 700 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 202 millions d’euros en 2022. Avec la volonté de créer un leader dans la haute technologie tissus et films. Le groupe clermontois a également fondé en 2019 une joint-venture avec Forvia (Faurecia jusqu’en 2023) dans le domaine des piles à combustible à hydrogène, Symbio. Le constructeur Stellantis les a rejoint en mai 2023, avec un tiers du capital. Symbio prévoit de produire 50 000 piles à combustible à hydrogène par an d’ici 2025, notamment à Saint-Fons, dans le Rhône. La coentreprise entend atteindre une capacité de production annuelle totale en France « 100 000 systèmes d’ici 2028, avec la création d’un millier d’emplois ».

La division matériaux de haute technologie emploie aujourd’hui 7 000 personnes dans le monde (Amérique du Nord, Asie-Océanie et Europe) sur une cinquantaine de sites. Le chiffre d’affaires devrait s’élever à 4 milliards dès 2026, pour respecter les échéances de 2030. « Nous avons clairement identifié les secteurs dans lesquels nous sommes pertinents, explique le vice-président. La priorité n’est pas d’en trouver de nouveaux mais d’investir dans les plus prometteurs. »

 
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