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pourquoi Siemens est dans le viseur

Siemens a-t-il vendu un système de transport inachevé à Rennes ? La question s’était déjà posée au printemps 2022 alors que les retards dans le lancement de la ligne B s’accumulaient. En cause, les difficultés rencontrées par le géant allemand dans l’élaboration d’un programme, bousculé par de multiples mouvements de capitaux et soumis aux affres de la concurrence internationale (lire ici). Avec les deux pannes géantes subies par les Rennais, la question revient avec urgence. C’est l’une des révélations de l’enquête publiée dans Le Mensuel de Rennes en janvier.

Rennes a été la première ville à opter pour la nouvelle technologie de Siemens : le Neoval, vendu comme métro sous le nom de Cityval, au détriment de celui proposé par Bombardier, son concurrent canadien, 25 % plus cher à la signature du contrat. avec la Métropole en 2010. Cette option a permis à la capitale bretonne d’obtenir une remise importante sur le prix des trains. En contrepartie, il est devenu une piste d’essai et une vitrine pour ce nouveau programme, destiné à devenir l’un des produits phares de l’offre métro internationale de Siemens.

Des bugs sur le bogie ?

Problème : bien qu’en partie interrompues par le directeur de la communication de Siemens Mobility, les explications avancées jusqu’ici par Keolis Rennes et la Métropole, après la première panne, pointent vers une panne qui se serait produite sur le matériel roulant. Le bogie, sorte de wagon articulé qui abrite les essieux, l’alimentation électrique et le système de guidage du train, attire l’attention. Ronan Kerloc’h, directeur de Keolis Rennes, l’a confirmé lors d’une conférence de presse le 15 décembre : une partie de cet ensemble, entrée en contact avec le système électrique, serait à l’origine du court-circuit concomitant. à l’incendie survenu le 18 novembre, jour 1 de la première panne.

Tous ces éléments restent à confirmer par des expertises. Cette même pièce est-elle à l’origine de la nouvelle panne de janvier ? Là aussi, impossible de le confirmer en raison de la communication fragmentée de Keolis.

Une chose est sûre cependant. La conception de cet ensemble a déjà posé des problèmes lors des développements de Cityval. Breveté par le groupe alsacien Lohr, partenaire de Siemens en 2004, ce système central de guidage ferroviaire, maintenu entre des roues appelées rouleaux, a été créé pour les tramways, avant d’être adapté au métro de Rennes. Ses évolutions ont été bouleversées par les évolutions capitalistes.

Manque de prototype

En 2012, la filiale tramway du groupe Lohr est rachetée par le concurrent du géant allemand, Alstom. Résultat ? Siemens a dû reprendre tous les contrats de sous-traitance de Neoval. Y compris celui concernant le bogie.

Sa construction fut confiée aux ingénieurs de Siemens, sur la base des plans de Lohr. Comme le révélait Le Mensuel en mai 2022, ce transfert avait, à l’époque, impliqué une transformation radicale du projet, sans qu’une nouvelle phase de prototype ne soit réalisée. Lors des essais, en mai 2022, l’usure prématurée des rouleaux de guidage a été à l’origine d’un énième report du lancement de la ligne B. Cette accumulation de facteurs peut-elle expliquer d’éventuelles faiblesses sur le bogie qui seraient à l’origine des pannes aujourd’hui ? Siemens Mobility fait référence à des évaluations en cours. Déjà en conflit avec la Métropole au sujet des indemnisations pour livraison tardive de la ligne en 2022, le géant allemand est plus que jamais sur le gril.

 
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