LUn particulier qui brade un objet pensant qu’il ne vaut pas grand-chose et qui, plus tard, apprend qu’il a trouvé preneur aux enchères, pour plusieurs millions d’euros, peut-il faire annuler la vente pour défaut ? consentement? C’est ce que M.e Frédéric Mansat-Jaffré, avocat de Monsieur et Mmoi X qui, en septembre 2021, a accepté de vendre un masque africain pour 150 euros.
Lorsqu’ils ont voulu vider une résidence secondaire, leur jardinier les a mis en relation avec un antiquaire, Monsieur Z, qui leur a acheté quelques objets, dont le masque. Le 24 mars 2022, M. Le Figaro, qu’il allait faire l’objet d’une vente aux enchères exceptionnelle, car il s’agissait d’un masque à crocs très rare. Deux jours plus tard, il était vendu pour… 4,2 millions d’euros.
Les X croient avoir été trompés par l’antiquaire. Il ne les a pas informés de la valeur du masque, même si, selon eux, il devrait « soupçonnant »ne l’exposant pas dans sa boutique, il est revenu leur poser des questions sur son origine – l’objet avait été ramené du Gabon par le grand-père de Monsieur au début du 20ème sièclee siècle -, et qu’il l’a fait dater au carbone 14 (ce qui coûte 600 euros, soit plus que le masque), avant de le confier à un ethnologue, puis, malgré les frais des enchères, à la maison de ventes de Montpellier qui l’a adjugé 300 000 euros.
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Me Mansat-Jaffré estime qu’il est possible d’annuler la vente, comme l’ont déjà fait les propriétaires de tableaux de Nicolas Poussin (Olympe et Marzyas Et La Fuite en Egypte). Ces tableaux avaient été attribués par des experts à des auteurs mineurs, et vendus à des prix dérisoires, avant d’être authentifiés.
Poussin contre Fragonard
Au terme de quinze années de procédure, les propriétaires obtinrent restitution. Ils avaient invoqué le principe selon lequel le” erreur “ du vendeur entraîne la nullité du contrat lorsqu’il porte sur le ” substance ” de l’objet de ce contrat (ancien article 1110 du code civil). Ils avaient fait valoir que leur erreur concernait le ” substance “ du tableau, à savoir son authenticité. L’avocat entend faire de même (en invoquant le nouvel article 1132 du code civil, ainsi que les trois « arrêts Poussin » de la Cour, 76-11551, 82-12.237 et 01-15.306), ses clients ayant cru “faux” que le masque ne valait rien.
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Me Mansat-Jaffré précise que la partie adverse ne peut s’opposer à « l’arrêt Fragonard » (du 24 mars 1987, 85-15.736), par lequel le tribunal a refusé d’annuler la vente du tableau. Le verrou. Ses propriétaires l’ayant proposé à la vente avec la mention « attribué à » Fragonard, la Cour de cassation a jugé qu’ils avaient « accepté un danger » sur son authenticité, et n’a pas agi sous l’influence d’une erreur. Les propriétaires du masque, insiste-t-il, n’ont pas “Je n’ai jamais douté du manque de valeur du masque”.
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