UNarrêter de vérifier les faits [au sens d’une vérification par des journalistes tiers d’une information déjà publiée] à l’heure de la désinformation massive, c’est un peu comme démanteler la caserne des pompiers de Los Angeles lors d’un grand incendie : rien ne dit que la caserne aurait suffi à contenir l’incendie, mais c’est certainement se priver d’un outil de réponse précieux et éprouvé.
C’est pourtant la décision que Meta a prise, d’abord aux États-Unis, comme prélude possible à un arrêt dans le monde entier. Premier réseau mondial de fact-checking, créé en grande partie grâce au soutien financier de Meta, avec 150 journalistes qui lui sont dédiés à plein temps dans une trentaine de pays et en 26 langues, l’Agence - (AFP) est la première concernée par cette volte-face.
Si la décision a surpris, elle n’est pas tombée de nulle part : cela fait maintenant deux ans que les efforts des plateformes numériques dans la lutte contre la désinformation ont été réduits. Démantèlement des équipes « confiance et sécurité », réhabilitation des comptes auparavant censurés, assouplissement général des règles, etc., tout indiquait que les plateformes sentaient moins de pression s’exercer sur elles.
Biais et manipulation
Était-il vraiment nécessaire, en déconnectant l’activité, de la dénigrer comme une activité politiquement biaisée et cause d’une perte de confiance dans les médias, après avoir vanté pendant des années son efficacité dans toutes les communications internes ? Parler des organisations de vérification des faits « cartel de censure » est trompeur, puisque les plateformes sont les seules libres de décider ce qu’elles font des fact-checkings, sans compter que celles-ci ne sont que des restrictions à la liberté d’amplifier le mensonge.
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Vantez-vous plutôt « notes communautaires »qui sont le produit d’un vote populaire et non d’un travail professionnel indépendant, est inutilement vexatoire et fait partie du travail continu visant à saper le journalisme factuel : les notes volontaires peuvent être un complément utile, mais elles sont incomplètes et particulièrement sujettes aux préjugés et à la manipulation.
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