Nous sommes un pays par choix.
Le Canada existe parce que des générations de Canadiens ont choisi de défendre leur pays, de le construire et de se battre pour lui lorsque cela était nécessaire.
Nous avons choisi d’être Canadiens pour la première fois en 1867. Les Pères de la Confédération ont reconnu la menace que représentaient les États-Unis, alors en proie à une guerre civile et guidés par l’idée d’une destinée manifeste.
Nous avons toujours cherché à soutenir la diversité. Ensemble, les peuples autochtones qui vivent ici depuis des temps immémoriaux et les nouveaux arrivants ont construit notre pays, même si notre chemin vers la réconciliation est loin d’être parfait. De plus, le principe de la dualité linguistique et la lutte pour préserver et promouvoir le français ainsi que la culture distincte du Québec ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui.
Nous avons choisi de redevenir Canadiens lorsque nous avons construit le chemin de fer transcontinental qui reliait notre pays d’est en ouest et transformait nos vastes prairies en greniers qui nourrissaient le monde entier.
Les Canadiens ont pris part aux combats lors des deux guerres mondiales et nombre d’entre eux ont perdu la vie. Pour ces générations, notre souveraineté n’était pas une plaisanterie. C’est le choix qui a défini toute leur vie.
Au fil des années, le monde nous a souvent donné le privilège de tenir leurs choix pour acquis. Mais ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Le président Donald Trump pense que le mot « tarifs douaniers » est le plus joli mot du dictionnaire. Il a parlé clairement et à plusieurs reprises de la nécessité de redessiner les frontières et a menacé de recourir à la coercition économique pour y parvenir.
L’importance de notre souveraineté
Même s’il peut être tentant de tendre l’autre joue, nous devons prendre le président Trump au pied de la lettre. L’espoir n’est pas une stratégie et la capitulation n’est pas une option. Nous devons prendre notre souveraineté au sérieux et nous devons être prêts à nous battre pour elle.
Il est désormais temps pour nous d’être forts, unis et intelligents.
Être fort, c’est être sans équivoque avec nos voisins américains : nous aimons notre pays autant que vous aimez le vôtre. Si vous nous frappez, nous riposterons. Nous n’aggraverons pas la situation, mais nous ne céderons pas.
-Être unis, c’est reconnaître que nos différences semblent minimes comparées à l’amour que nous portons à notre pays. Nous devons de toute urgence mettre en place une véritable réponse d’Équipe Canada, une réponse qui unit toutes les provinces et territoires, les entreprises et les syndicats, ainsi que les Canadiens de tous les horizons. L’heure n’est plus aux programmes partisans.
Être intelligent, c’est frapper là où ça fait mal. Si le président Trump impose des droits de douane de 25 %, nous devons réagir dollar pour dollar, de manière précise et soigneusement ciblée.
Que les producteurs d’oranges de Floride, les fabricants de lave-vaisselle du Michigan et les producteurs laitiers du Wisconsin restent les bras croisés. Le Canada est le plus grand marché d’exportation des États-Unis – plus grand que la Chine, le Japon, le Royaume-Uni et la France réunis. Si nous y sommes forcés, notre réponse sera le plus grand coup commercial que l’économie américaine ait jamais subi. Personne ne gagnera dans une guerre tarifaire.
Être intelligent, c’est aussi comprendre que les tarifs douaniers fonctionnent dans les deux sens. Le président Trump prévoit de remplir les coffres de son pays grâce aux recettes provenant des droits de douane. Nous pouvons faire la même chose. Des représailles dollar pour dollar pourraient générer jusqu’à 150 milliards de dollars sur un an, soit 161 % des recettes perçues par le gouvernement canadien grâce à l’impôt sur le revenu des sociétés en 2022-2023.
Si nous y sommes forcés, notre réponse rapporterait 150 milliards de dollars payés par les Américains qui vendent leurs produits au Canada. Ce sont des milliards de dollars que nous pouvons utiliser pour aider les Canadiens et les entreprises à faire face à ce combat crucial. Seulement la moitié de ces revenus pourraient fournir près de 2 700 $ d’aide à chaque Canadien gagnant moins de 150 000 $ par année.
Encore beaucoup à faire
Enfin, être intelligent, c’est offrir une issue intéressante. Les États-Unis ont prospéré en grande partie grâce à la sécurité que procure le fait d’avoir un voisin stable, amical et prospère le long de leur vaste frontière nord. Nos relations commerciales sont équilibrées et mutuellement bénéfiques, et il est plus sûr d’acheter de l’énergie auprès d’un voisin démocratique que de dépendre d’un pétrodictateur. Demandez à l’Allemagne.
Pourtant, il reste encore beaucoup à faire ensemble : renforcer la sécurité de la frontière canado-américaine, intensifier la défense de notre Arctique, extraire et traiter des minéraux et des métaux plus critiques, soutenir la sécurité de nos alliés asiatiques en leur fournissant du gaz naturel liquéfié. Tout cela profiterait au Canada, en plus de rendre les États-Unis plus riches et plus sûrs.
C’est pourquoi je suis convaincu que nous parviendrons à un bon accord. Mais nous devons être prêts à nous battre pour cela.
Lorsqu’il s’agissait de se battre pour notre grand pays, les générations précédentes de Canadiens n’ont jamais reculé.
Nous ne reculerons pas non plus.