Ce prêtre arpente les rues de Montréal depuis 28 ans et témoigne de ce qui a changé

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier voyage surtout en fuite, son bureau dans son sac à dos, à la recherche de sujets et de gens fascinants. Il s’adresse à tout le monde et s’intéresse à tous les horizons dans cette chronique urbaine.

“Le curé des rues”, témoin de la misère humaine depuis 28 ans, administre les saints sacrements aux sans-abri qui en font la demande directement dans les couloirs du métro où ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus malades, selon lui. La Revue jesuivi au cours de ses pérégrinations altruistes.

“C’est beau dans le métro”, disait la chanson promotionnelle des années 1970.

Cette affirmation est particulièrement vraie aujourd’hui pour ceux qui se réfugient dans les espaces souterrains de la STM pour échapper à l’air glacial de l’extérieur.

«Regardez, la plupart dorment», m’a fait remarquer le père Claude Paradis. qui était lui-même sans abri et toxicomane avant de devenir le « curé des rues ».

Mardi midi, la station Bonaventure ressemble autant à un dortoir pour sans-abri qu’à un lieu de transit.

« Beaucoup passent des heures de la nuit à lutter contre le froid jusqu’à la réouverture du métro, puis ils reviennent et se fatiguent », m’explique-t-il.

J’y compte pas moins de 49 SDF, certains sont dans un très mauvais état, dont une femme aux jambes striées de plaies qui refuse qu’on l’aide.

“Quand j’étais dans la rue, la cocaïne était presque pure, alors que maintenant, plus rien ne l’est, et le fentanyl, le crystal meth et le crack font des ravages”, déplore l’homme de 69 ans.

Bas tricotés

L’abbé et les bénévoles de l’association Notre-Dame de la rue déposent sandwichs, boissons gazeuses et chaussettes en laine non loin des oreillers de fortune des dormeurs.

«Quand ils se réveilleront, ce sera une belle surprise pour eux», commente l’abbé.

“Oui… si personne ne les vole en premier !” nuance un bénévole.

Les 50 sandwichs au poulet sont partis en cinq minutes.

Ce vagabond endormi trouvera un sandwich, un biscuit, une boisson gazeuse et une paire de chaussettes chaudes à son réveil.

Louis-Philippe Messier

Pour ma part, je distribue des dizaines de paquets de mouchoirs.

Certains enlèvent aussitôt leurs bas mouillés pour enfiler de nouveaux tricotés par un généreux donateur de Fermont qui envoie 160 paires par année à l’organisme qui a son siège social dans un grand placard de l’évêché de Montréal.

« Il n’y a jamais eu autant de sans-abri à Montréal en général et dans le métro en particulier », déplore le seul curé de la ville à avoir la rue pour paroisse.

Mini-tabernacle

«Pouvez-vous me donner la communion, père?» » demande Gérald Casgrain, un sans-abri qui vit dans une cabane de fortune derrière l’hôpital chinois.

Le Père Paradis sort une sorte de mini tabernacle et consacre une hostie.

Ce tabernacle portatif contient des hosties pour les personnes itinérantes qui souhaitent communier.

Louis-Philippe Messier

«Je suis la seule à avoir à la fois de la naloxone pour les overdoses d’opioïdes et des hosties pour la communion», dit en riant celle qui transporte aussi sur elle un pot de saint-chrême pour administrer l’extrême-onction, des croquettes pour chiens sans abri et des serviettes hygiéniques.


Ce pot contient le saint chrême qui peut être utilisé pour l’extrême-onction, le sacrement des morts.

Louis-Philippe Messier

Ce « prêtre tout terrain » a reçu la bénédiction personnelle du pape François lors de sa dernière visite.

Le père Paradis a beau avoir la foi, il s’avoue découragé par la détérioration continue et accélérée de la pauvreté.

En fait, pour éviter que les choses empirent… il faudrait un miracle !

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Un quatrième centre de santé départemental ouvre à Sorgues
NEXT Le salaire minimum va augmenter de 1,1% dans l’hôtellerie-restauration