Après avoir atteint 28,4 millions de tonnes en 2023, dont 18,7 Mt à l’import et 7 Mt à l’export, Le trafic GPM de Nantes Saint-Nazaire est passé sous la barre des 26 millions de tonnes en 2024. Une baisse attribuée notamment à une forte baisse d’activité du terminal méthanier exploité par Elengy à Montoir-de-Bretagne.
Une baisse de 38% des flux de GNL
Après avoir culminé à 9,9 millions de tonnes en 2022 (contre 5,3 Mt en 2021), sous l’effet de la reconstitution des stocks suite au déclenchement de la guerre en Ukraine et à l’arrêt des approvisionnements russes par gazoducs, le trafic de gaz naturel liquide liquéfié (GNL) a fortement diminué dans l’estuaire de la Loire en 2024. Déjà réduite à 8,1 Mt en 2023, elle n’a représenté que 5 Mt l’an dernier, soit une baisse de 38%. « L’activité du terminal méthanier d’Elengy a été pénalisée par un arrêt technique de plusieurs mois, pendant la période de réapprovisionnement des stocks français avant l’automne », explique le port de Nantes Saint-Nazaire.
Le pétrole brut et les produits raffinés en hausse
Cette baisse n’a pu être que très partiellement compensée par une hausse de 7% des importations de pétrole brut destinées à la raffinerie TotalEnergies de Donges. Elles ont atteint 7,3 millions de tonnes en 2024, contre 6,8 Mt en 2023 et 5,1 Mt en 2022. « La raffinerie a repris une activité normale au cours de l’été après un arrêt complet du processus de raffinage entre février et avril, suite à un arrêt technique. Ainsi, le trafic de produits raffinés a connu une hausse relative des importations (+ 1 %, 1,2 Mt) et plus marquée des exportations (+ 16 %, 3,9 Mt). TotalEnergies s’engage également sur la mise en œuvre, en 2025, de son projet Horizon, portant sur la création d’une unité de désulfuration des combustibles.
L’alimentation du bétail progresse, les céréales reculent
Du côté des vracs solides, le principal courant dans cette catégorie, à savoir les importations de produits destinés à l’alimentation animale (tourteaux et graines), a bien performé en 2024, avec un total de 2,3 Mt, en hausse de 10%, après 5% en 2023. et 1% en 2022. « Les investissements de l’opérateur MBT ont permis de fiabiliser le terminal et d’améliorer ses performances opérationnelles. Malgré un contexte international tendu, les activités de concassage des usines Cargill restent fortes. En parallèle, Cargill investit de manière significative pour décarboner le processus de production de ses deux usines à travers son projet Cocorico », note le GPMNSN.
Les exportations de céréales ont en revanche chuté, avec 500 000 tonnes transformées l’an dernier, soit 200 000 tonnes de moins qu’en 2023 (-20%), bien loin de l’année faste qu’avait été 2022 (1,2 Mt). Un mauvais résultat qui s’explique par une faible récolte et un marché international très compétitif.
Les difficultés du secteur de la construction affectent les matériaux de construction
Quant aux biens vrac liés au secteur de la construction, ils sont logiquement impactés par la baisse significative du nombre de projets immobiliers lancés en France. Si le trafic de sable marin parvient à rester stable par rapport à 2023 (1,3 Mt), les flux de clinker et de ciment ont augmenté de 400 000 à 300 000 tonnes. Quant aux ferrailles de recyclage, exportées des sites de Nantes et Montoir, principalement destinées aux aciéries d’Espagne et de Turquie, elles ont fait face à des prix défavorables, terminant l’année 2024 sur une baisse de 12% à 300 000 tonnes.
Conteneurs : de nouvelles lignes pour compenser la baisse d’activité
L’année n’a pas non plus été bonne pour le terminal de marchandises diverses et à conteneurs de Montoir de Bretagne. Les conteneurs ont enregistré une baisse de 11% en tonnage (1,4 Mt) et de 13% en nombre de cartons, soit environ 133 000 traités en 2024 contre 152 776 en 2023. Selon le GPMNSN : « Cette baisse est plus particulièrement marquée sur les lignes à destination. des Antilles et de l’Afrique de l’Ouest. Face au déclin de ces activités, le collectif portuaire engage plusieurs projets de développement des dessertes maritimes dont une connexion directe depuis la Turquie, proposée par CMA CGM, offrant une solution de ravitaillement des flux import en transbordement à Tanger.
Ro-Ro : un secteur en déclin mais des notes positives
En termes de trafic roulier, l’année s’est également terminée sur une tendance baissière : « 2024 marque une baisse des activités au terminal roulier de Montoir de Bretagne. Les flux de véhicules en provenance du Maroc et d’Espagne sont en baisse de 15%, en raison de la contraction du marché des véhicules neufs liée à des conditions de financement à l’achat moins favorables. On note cependant l’ancrage d’un nouveau constructeur sur le terminal avec le groupe Volkswagen. Avec 9 500 unités, le trafic des remorques est resté stable, notamment pour l’exportation de pièces automobiles et l’importation de matériaux de construction», souligne le port. Par ailleurs, malgré des problèmes d’approvisionnement ayant freiné la croissance de l’activité d’Airbus, les flux de composants aéronautiques ont augmenté de 3 % en 2024. Le port de la Loire bénéficie notamment de la montée en puissance de la chaîne d’assemblage. des avions de ligne A320 et A321 aux États-Unis, pour lesquels Montoir sert de plateforme logistique pour les pièces produites en Europe et transportées via des rotations régulières entre l’estuaire de la Loire et Mobile, en Alabama, où est située l’usine Airbus.
La charge de travail soutenue des chantiers navals génère des bénéfices pour le port
Enfin, le GPM constate que « l’activité des installations portuaires de Saint-Nazaire reste soutenue, tirée par la dynamique industrielle locale, notamment la construction navale ». Les Chantiers de l’Atlantique, qui fonctionnent à pleine capacité, génèrent non seulement des trafics de marchandises, avec des livraisons d’acier, de structures métalliques et d’équipements, mais aussi de nombreux mouvements portuaires. Ceux-ci profitent au GPM et aux différents services, comme le pilotage, l’amarrage et le remorquage. De la même manière, après le parc éolien de Saint-Nazaire, mis en service fin 2022, le port bénéficiera pleinement, cette année, des travaux de construction du champ installé au large des îles d’Yeu et de Noirmoutier.
Saint-Nazaire redevient une plateforme logistique de l’éolien
La zone de la forme Joubert et des bassins nazaïriens sert, une nouvelle fois, de plateforme logistique pour la livraison et le pré-assemblage des composants des éoliennes, avant leur embarquement sur un navire d’installation. Le premier déchargement de pales destinées au parc d’Yeu-Noirmoutier a eu lieu en décembre. Ce projet générera également un trafic de 60 000 tonnes d’enrochements pour soutenir et protéger les câbles électriques sous-marins. Le débat public sur le projet EOLE, qui vise notamment à créer entre les Chantiers de l’Atlantique et la forme Joubert un vaste pôle dédié aux grandes éoliennes flottantes, s’est également achevé fin 2024.
Transition énergétique
Il s’agit de poursuivre la diversification du port vers les activités industrielles et la transition écologique, afin d’anticiper la baisse des trafics liés aux énergies fossiles. Avec la disparition des flux de charbon, EDF ayant confirmé en septembre 2024 son intention d’arrêter la production de la centrale thermique de Cordemais en 2027. Le charbon pourrait générer auparavant un trafic de 1,5 à 2 Mt. Quant au GNL, considéré comme une énergie de transition, il Il faudra voir quel impact auront les nouvelles sanctions décidées par l’Union européenne contre le gaz russe en 2025. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les importations de GNL en provenance de Russie se poursuivent en effet, notamment avec des transbordements dans des ports européens, comme Montoir, de cargaisons en provenance du site sibérien de Yamal via des méthaniers brise-glace à bord de méthaniers conventionnels pour être réexpédiées. Mais à partir de mars 2025, ces opérations, considérées par l’UE comme des réexportations bénéficiant économiquement à l’effort de guerre russe, seront interdites.
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