Près de 150 repreneurs et liquidateurs potentiels ont déjà été approchés pour mettre la main sur Lion Électrique, insolvable depuis trois semaines. Les camions électriques, avec lesquels le constructeur québécois semble éprouver d’importantes difficultés, sont exclus du plan de relance qu’on fait miroiter aux investisseurs.
Même après avoir sollicité 136 repreneurs potentiels et 11 « autres parties », comme des liquidateurs, nous n’avons pas fini de frapper aux portes, souligne le plus récent rapport des spécialistes en restructuration chez Deloitte, Benoit Clouâtre et Jean-François Nadon, qui agissent comme contrôleurs dans ce dossier.
“Cette approche vise à sonder le marché de manière approfondie et à impliquer des investisseurs potentiels qui pourraient avoir exprimé leur intérêt en dehors des approches initiales”, écrivent-ils.
Les représentants de Deloitte seront de retour ce mardi devant le juge Michel Pinsonnault de la Cour supérieure du Québec, qui supervise les procédures se déroulant dans le cadre de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
En plus de faire le point sur ce qui a été mis en place depuis le 18 décembre, date du dépôt de bilan de Lion, nous demanderons une prolongation des procédures en cours jusqu’au 14 février.
Incapable de renflouer ses caisses et à court de liquidités, Lion s’est tourné vers la LACC dans l’espoir de trouver un moyen de se relancer. Cet effondrement de l’entreprise considérée comme un symbole de l’électrification des transports au Québec met en péril près de 200 millions d’argent public.
Au 30 septembre, Lion avait une dette de 293 millions alors que le total de ses créances – qui tiennent notamment compte des sommes dues aux fournisseurs – s’élevait à 500 millions de dollars américains.
Vendredi dernier, l’entreprise a licencié environ la moitié de ses effectifs restants. Près de 150 personnes continuent d’assurer le service à la clientèle pour l’entretien des autobus et camions scolaires.
Les camions s’éloignent
Le projet révisé de plan d’affaires envoyé aux acheteurs potentiels, qui La presse a su consulter, met de côté les ambitions de grandeur autrefois caressées par la haute direction et fondateur Marc Bédard.
«L’entreprise a préparé un plan d’affaires révisé et rationalisé axé sur les autobus scolaires électriques et le rapatriement de toutes les activités manufacturières au Québec avec une rentabilité à des niveaux de volume modestes», précise le document préparé par la Financière Banque Nationale.
À terme, il ne semble pas y avoir de projet de redémarrage de l’usine de 900 000 pieds carrés située dans l’Illinois, ouverte en juillet 2023 et qui a coûté près de 150 millions de dollars à Lion.
Pour atteindre le seuil de rentabilité, il faudra produire 550 autobus scolaires électriques annuellement à Saint-Jérôme, selon le plan d’affaires. Une accélération de la production sera donc nécessaire. Après les neuf premiers mois de 2024, Lion n’avait vendu que 386 véhicules.
Tout indique que la construction de camions électriques se retrouvera sur la touche. Il existe un potentiel de croissance pour ces produits, mais « au-delà » du business plan initial.
Il est également suggéré que ces opportunités pourraient aboutir à la vente de licences technologiques, de la propriété intellectuelle de Lion et des stocks restants.
Pour l’instant, rien ne garantit que les camions recommenceront à être construits dans les ateliers de l’entreprise québécoise.
Dans des témoignages recueillis par -, quatre anciens dirigeants et deux anciens techniciens, qui ne sont pas nommés, ont également estimé que les méthodes de construction des camions étaient défaillantes chez Lion. Certains ont évoqué des problèmes de production ainsi qu’une qualité de finition inférieure à celle de la concurrence.
En réponse aux informations du diffuseur public, le constructeur québécois a réfuté les allégations de ses anciens employés en affirmant qu’ils « manquent de crédibilité » en plus d’être « [dénuées] de toute fondation.
L’histoire jusqu’à présent
- 31 juillet 2024 : Lion procède à 300 licenciements et recentre sa stratégie. Nous abandonnons l’assemblage de camions aux États-Unis ;
- 6 novembre 2024 : L’entreprise révèle qu’elle pourrait manquer d’argent d’ici un an ;
- 1est décembre 2024 : Lion procède à 400 licenciements et négocie avec un groupe d’investisseurs. Il évoque également la possibilité de se mettre à l’abri de ses créanciers ;
- 18 décembre 2024 : Insolvable, le fabricant se place sous la protection du Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Un processus de vente est mis en place ;
- 3 janvier 2025 : Près de la moitié des effectifs restants sont licenciés. Il ne reste plus que 150 employés chez Lion.
Apprendre encore plus
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- 1350
- Effectifs de Lion Électrique avec le début de ses vagues de réductions
Source : lion électrique
- 2021
- Année où la société est devenue publique
Source : lion électrique