La note précédente n’a été placée sur perspective négative que fin octobre, et Moody’s a annoncé le jour même de la censure du gouvernement de Michel Barnier, le 4 décembre, que cet événement ne pouvait être que « négatif » pour la note. crédit de la France.
Bercy ne semblait pourtant pas s’attendre à une nouvelle action aussi rapide, dont le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a immédiatement « pris note ».
Pour Moody’s, les finances publiques françaises seront « considérablement plus faibles » au cours des trois prochaines années que prévu, en raison d’une « fragmentation politique plus susceptible d’empêcher une consolidation budgétaire significative ».
Elle juge « faible » la probabilité de voir le prochain gouvernement « réduire durablement l’ampleur du déficit budgétaire au-delà de l’année prochaine ».
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«Des décennies entières»
Alors que le gouvernement Barnier tablait cette année sur un déficit public de 6,1% du PIB, et avait construit ses textes budgétaires sur la base d’un déficit public de 5% en 2025, pour revenir sous la limite des 3% tolérée par Bruxelles en 2029 , Moody’s n’y croit pas.
L’agence de notation anticipe un déficit public stagnant à 6,3% du PIB en 2025, et toujours à 5,2% en 2027. Ainsi, au lieu de se réduire, la dette publique augmenterait de 113,3% du PIB en 2024 à environ 120% en 2027.
« Si la capacité d’endettement a longtemps été un atout relatif de la France en termes de crédit, cet actif s’érode par rapport à ses pairs bénéficiant d’une notation similaire », observe Moody’s.
Antoine Armand a estimé dans son communiqué que la nomination de François Bayrou apportait « une réponse explicite » aux inquiétudes de l’agence de notation.
Michel Barnier et François Bayrou ont en effet montré une grande attention à ces questions lors de leur passation de pouvoir très courtoise vendredi après-midi.
M. Barnier a tenu à laisser un message solennel : “Nous aurions tort d’oublier le déficit et la dette (…) sinon ils nous seront brutalement rappelés.”
“Personne ne connaît mieux que moi la difficulté de la situation”, a répondu M. Bayrou, rappelant avoir “pris des risques inconsidérés dans (sa) vie politique pour poser (lors des élections, notamment présidentielles, auxquelles il se présentait) la question de dette et déficits ».
“Et tout le monde disait ‘il est complètement fou, on ne fait pas de campagne sur la dette'”, se souvient-il en souriant.
Jugeant qu’il s’agit d’un problème à la fois financier et « moral », avec le poids que fait peser la dette sur les enfants, le nouveau locataire de Matignon a promis que face à cette situation « héritée de décennies entières », sa « ligne directrice » serait « ne rien cacher, ne rien négliger et ne rien laisser de côté ».