L’agence Moody’s abaisse la note de la – Libération

L’agence Moody’s abaisse la note de la – Libération
L’agence Moody’s abaisse la note de la France – Libération

Le jour de l’arrivée de François Bayrou à Matignon, l’agence Moody’s a décidé d’abaisser la note de la dette française.

Ça commence bien. Quelques heures après sa nomination à Matignon, François Bayrou a vu la note de la dégradée par l’agence Moody’s. Ce n’était pas un vendredi soir où l’on attendait un avis d’une agence sur la dette française, mais l’agence Moody’s a décidé le 13 novembre, neuf jours après la chute du gouvernement Barnier, de revoir la note de la France.

La France est désormais notée Aa3 : c’est la note la plus basse de la catégorie de notation « élevé ou bon ». L’agence affirme que « Les finances publiques du pays seront considérablement fragilisées dans les années à venir » en raison du « fragmentation politique » qui risque « pour entraver la consolidation budgétaire ». Elle cite également le vote sur la motion de censure et considère qu’il y a un « Il est très faible probabilité que le prochain gouvernement réduise durablement l’ampleur des déficits budgétaires au-delà de l’année prochaine ».

Problème moral

Le ministre démissionnaire de l’Économie et des Finances, Antoine Armand, « pris note »et a considéré que “La nomination du Premier ministre François Bayrou et la volonté réaffirmée de réduire le déficit apportent une réponse explicite.” Une telle sanction fait écho aux arguments du nouveau Premier ministre, obsédé par la dette. Il l’a d’ailleurs encore martelé dans son discours de passation de pouvoir, vendredi sur les marches de Matignon, aux côtés de Michel Barnier : “Le déficit et la dette posent un problème moral.” Et d’annoncer : « Ma ligne de conduite sera de ne rien cacher, de ne rien négliger. »

Le 25 octobre, la même agence a lancé un avertissement en plaçant la France sous « point de vue négatif », comme son collègue Fitch. Moody’s a ainsi prévenu qu’elle prévoyait d’abaisser la note française d’ici six mois, une manière d’afficher ses doutes sur la capacité du gouvernement – ​​de Michel Barnier, à l’époque – à réduire le déficit à 6,1% du PIB cette année pour 5% en 2025 et réduire une dette de 110% du PIB, via un budget drastique, dans lequel le gouvernement a affiché 60 milliards d’économies et d’augmentations d’impôts.

Elle est la première des grandes agences de notation à abaisser d’un cran la note française. depuis la dissolution. À la mi-octobre, ses homologues Fitch et Standard & Poor’s ont opté pour des sanctions plus modérées ; le premier a maintenu la note française avec une perspective négative, le second l’a maintenue avec une perspective stable – au grand soulagement de Bercy. Qui pourrait espérer passer entre les gouttes des notes des agences ? Mieux encore, non seulement le « spread » – différence des taux d’emprunt à dix ans avec l’Allemagne – s’est légèrement réduit, mais la France a réussi facilement à émettre 4,5 milliards d’euros d’obligations, à un taux d’intérêt bas, avec une demande trois fois supérieure à celle de l’Allemagne. fournir. Et la récente baisse des taux de la BCE a encore atténué la pression sur les taux français.

« Impasse politique »

Sauf que depuis le 25 octobre, date de l’avertissement de Moody’s, la France est plongée dans la crise politique avec la censure du gouvernement Barnier, qui a bloqué le débat budgétaire. C’est cet échec que l’agence américaine a voulu sanctionner. Au lendemain de la censure, Moody’s haussait le ton. Cette censure est « négatif pour le crédit » voiture « Cela aggrave l’impasse politique du pays, réduit la probabilité d’une consolidation des finances publiques et contribue à une prime de risque plus élevée ainsi qu’à un coût de la dette plus élevé »selon l’agence. S&P a également jugé que « le rejet du gouvernement par le Parlement complique les perspectives budgétaires ».

Pour la première fois depuis 1979, la France dépassera l’échéance prévue par la Constitution du 31 décembre 2024 sans budget pour l’année prochaine. Le gouvernement Barnier est tombé mercredi 4 décembre après l’adoption d’une motion de censure suite au déclenchement du 49.3 sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2025. Emmanuel Macron a annoncé le lendemain le recours à la loi spéciale, procédure d’urgence, pour permettre la continuité. des services publics en l’absence de budget. La priorité de François Bayrou sera de faire adopter au plus vite de nouveaux budgets en ce début d’année. Une mission difficile tant les positions des députés sur les choix budgétaires semblent inconciliables.

 
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