Alors que la crise du logement s’aggrave en France, une étude révèle qu’environ deux millions de mètres carrés de bureaux vacants pourraient être transformés en logements. Ce potentiel largement inexploité pourrait permettre d’héberger 53 000 personnes d’ici cinq ans, à condition que les défis réglementaires soient surmontés et que les élus locaux soient convaincus.
Bureaux inutilisés : un potentiel sous-estimé
En France, près de deux millions de mètres carrés de bureaux, abandonnés depuis plus de deux ans, pourraient être réhabilités en logementsselon le Consortium des Bureaux de France (CBF). Cette structure, qui regroupe des acteurs majeurs de l’immobilier comme Action Logement et Linkcity, a dévoilé récemment une base de données unique sur les immeubles en France. L’objectif est d’éclairer les décideurs publics et privés pour qu’ils puissent s’attaquer à un problème devenu critique.
La vacance de bureaux atteint des niveaux records dans certains quartiers, notamment à La Défense, où elle culmine à 19 %, contre seulement 4,6 % avant la pandémie. Des villes comme Nanterre, Saint-Denis ou Clichy-la-Garenne, souvent marquées par un télétravail accru et une désaffection pour les espaces de travail traditionnels, font partie des territoires les plus touchés.
Mirella Blanchard, studies and projects manager at Foncière de Transformation Immobilière, explains to A la Tribuneet que « les acteurs du marché manquent cruellement de données objectives et de tableaux de bord pour prendre des décisions éclairées « . Les calculs du CBF montrent que ces friches pourraient accueillir 53 000 personnes, sur la base d’une superficie moyenne de 38 mètres carrés par personne.
Une réponse législative en construction
Face à ce potentiel, les décideurs publics tentent de lever les obstacles réglementaires. Un projet de loi proposé par le député Romain Daubié (MoDem) a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale en mars. Il permettrait aux communes de déroger au plan local d’urbanisme (PLU) pour autoriser la transformation de bureaux en logements.
Les élus pourraient également appliquer une taxe d’aménagement sur ces opérations afin de financer les équipements publics nécessaires à l’accueil des nouveaux résidents. Enfin, le texte prévoit de faciliter les transformations en logements étudiants, en donnant au CROUS la possibilité de raccourcir les délais de construction.
La transformation de bureaux en logements ne se limite pas à des problématiques techniques ou financières. Il touche aussi au futur de la ville, entre densification urbaine et renouveau des quartiers désertés. À l’heure où la crise du logement ne cesse de s’aggraver, ce modèle pourrait offrir une partie de la solution, tout en redonnant une nouvelle vie à des espaces sous-exploités.