Son usine Michelin a fermé ses portes en 2016, elle a été « délocalisée » à Vannes et va connaître sa deuxième fermeture

« La fermeture annoncée le 5 novembre a vraiment été un coup dur pour tout le monde, même pour la direction, je l’ai vu sur leurs visages », raconte-t-il. « La plupart de mes collègues, jusqu’à présent, n’ont pas pu digérer la nouvelle. Ils avaient fait des projets pour les années à venir, et du jour au lendemain, ça s’est effondré», résume de sa voix douce l’ouvrier polyvalent, avec 27 ans d’ancienneté chez Michelin. Mustapha a déjà éprouvé ce sentiment de fin du monde il n’y a pas si longtemps. En 2016 à Fossano, dans le Piémont italien, lorsqu’il apprend via la page Facebook du maire de la ville que l’usine Michelin qui l’employait depuis 18 ans était en train de fermer ses portes.

“C’était brutal”

«C’était brutal. Nous étions en colère ce jour-là, moi et tous mes amis ! On a fait des grèves, des marches, on a tout fait… et puis on s’est remis au travail. Mais ce n’était plus comme avant », constate Mustapha. « Avant, quand tu travaillais, tu voulais produire, tu pensais à l’avenir. Mais quand on a déjà en tête la fermeture, on travaille pour rien. Vous n’avez aucun objectif. Et je pense que c’est la même chose ici à Vannes maintenant… », poursuit-il sans terminer sa phrase. « On travaille pour tenir jusqu’à la fermeture, c’est comme ça », poursuit l’homme après un long souffle, comme résigné.

En 2016, dans le cadre du plan social à Fossano, Michelin lui propose une relocalisation sur le site de Vannes. Bien qu’il ait déjà 50 ans, sa femme et son fils adolescent, Mustapha, qui a étudié le français à Casablanca (Maroc), acceptent. Michelin organise pour lui et six autres collègues un « stage de deux semaines » à Vannes afin de leur permettre de découvrir le site et la ville. « Après, j’ai pris une semaine de vacances et je suis venu avec ma famille à l’hôtel, pour voir si ma femme, mon fils aimaient ça… Et nous avons décidé de venir ici », raconte-t-il.

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Si Michelin se charge, comme prévu, de les aider à trouver un logement ainsi que les démarches administratives concernant Mustapha, sa famille doit se débrouiller seule malgré les promesses, déplore-t-il. L’épouse de Mustapha peine à trouver du travail en Bretagne et son fils, qui ne parle pas français et « a du mal à s’adapter », reste un an en Italie pour terminer ses études. «C’était un peu dur», dit-il modestement en baissant les yeux sur ses baskets blanches.

« Trop vieux » pour se déraciner une seconde fois

Et puis la petite famille s’y est habituée « petit à petit », sourit Mustapha, soulignant qu’il reste le seul des « sept de Fossano encore à Vannes. » A 58 ans, il ne sait pas encore ce que Michelin lui proposera après la fermeture du site de Vannes. Des déménagements seraient proposés à Clermont-Ferrand, au siège du groupe, mais Mustapha se sent « trop vieux » pour se déraciner une seconde fois. « Il reste en , mais je n’ai plus envie de déménager », explique-t-il.

 
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