Le Tribunal administratif du travail a réprimandé une seconde fois la direction de Renaud-Bray, cette fois pour recours à des briseurs de grève. Les employés des succursales de Laurier Québec et des Galeries de la Capitale ont déclenché vendredi une grève générale illimitée, notamment pour obtenir des augmentations salariales.
Cette décision fait suite à une plainte déposée une semaine plus tôt par le syndicat, qui accusait Renaud-Bray d’avoir embauché trois cadres après le début des négociations. «Cela est interdit par le Code du travail», a souligné Isabelle Nadeau, trésorière du Syndicat des travailleurs de la librairie Renaud-Bray, en entrevue.
Dans sa décision, la Cour a ordonné à Renaud-Bray de ne plus recourir aux briseurs de grève. L’entreprise doit donc s’abstenir de recourir aux services de cadres, outre ceux de toute personne embauchée depuis le 4 octobre 2023 pour occuper les fonctions d’un salarié en grève ou en lock-out.
«Nous sommes vraiment heureux que Renaud-Bray ait été ramené à l’ordre», a déclaré Isabelle Nadeau.
Après avoir lancé un ultimatum mardi, le syndicat a appris du conciliateur affecté au dossier que Renaud-Bray n’avait pas d’autres propositions de négociation à faire. Vendredi, les 60 employés des succursales Renaud-Bray de Laurier Québec et des Galeries de la Capitale ont donc déclenché une grève générale illimitée.
C’est la deuxième fois que le Tribunal administratif du travail condamne Renaud-Bray pour infraction au Code du travail.
À la suite d’une plainte déposée par le syndicat, la Cour a déclaré la direction des succursales de Laurier Québec et des Galeries de la Capitale coupable d’avoir entravé les activités syndicales et d’avoir manqué à son obligation de négocier de bonne foi, dans une décision rendue le 5 août. .
« Fatigué de me faire avoir »
Le litige concerne principalement les salaires. « Cela fait un an que nous négocions et tout ce que Renaud-Bray nous propose, c’est de maintenir un plafond salarial à peine supérieur au salaire minimum », a déploré Isabelle Nadeau, dans un communiqué publié par la CSN vendredi.
Je travaille chez Renaud-Bray depuis 18 ans et je gagne toujours 15 centimes de plus que le SMIC. À un moment donné, on en a marre de se faire avoir.
Isabelle Nadeau, trésorière du Syndicat des travailleurs de la librairie Renaud-Bray
Les employés réclament que le salaire de départ des commis soit fixé à 1,15 $ au-dessus du salaire minimum et que celui des libraires soit fixé à 1,40 $ de plus. Ils exigent également une progression salariale en fonction des années de service.
“Nous avons été clairs avec les représentants patronaux : nous voulons une nouvelle structure salariale qui garantisse que les augmentations accordées en fonction des années d’expérience ne soient pas immédiatement dépassées par une augmentation plus rapide du salaire minimum”, a précisé le vice-président de l’association. Fédération du commerce-CSN, Serge Monette, dans le même communiqué.
Un impact financier « mineur »
La direction des librairies Renaud-Bray n’a pas souhaité commenter la décision du Tribunal administratif du travail. «Nous le respecterons bien sûr», a déclaré Floriane Claveau, directrice des communications chez Renaud Bray.
La grève a forcé la fermeture du Renaud-Bray des Galeries de la Capitale, mais la succursale Laurier Québec demeure ouverte avec des horaires réduits. «Nous venons de nous rendre à la succursale Laurier, et pour le moment, ce ne sont que les cadres qui ont le droit de travailler qui y sont», a rapporté Isabelle Nadeau en entrevue.
La grève, qui survient en pleine période de magasinage des Fêtes, n’affectera pas de manière significative les bénéfices de Renaud-Bray, selon Floriane Claveau. «Le groupe Renaud-Bray exploite plus de 10 points de vente dans la région de Québec et près d’une centaine à travers le Canada, donc on s’attend à un impact financier mineur», a-t-elle ajouté.
La convention collective des 60 employés des librairies Renaud-Bray de Laurier Québec et des Galeries de la Capitale est expirée le 31 décembre 2023.