L’Autorité de la concurrence a infligé une amende de près de 15 millions d’euros aux compagnies Air Caraïbes, Air Antilles et Aérogestion pour pratiques anticoncurrentielles graves aux Antilles. Ces manœuvres, qualifiées de « sophistiquées », ont eu un fort impact sur les usagers locaux.
Un accord tarifaire lourd de conséquences
Entre 2015 et 2019, les compagnies Air Caraïbes et Air Antilles, avec la complicité d’Aérogestion, ont orchestré une série d’accords sur les prix des billets d’avion et les capacités de vol dans les Caraïbes. L’Autorité de la concurrence, qui a rendu son verdict cette semaine, a qualifié ces pratiques de « particulièrement grave « . L’amende, d’un montant total de 14,57 millions d’euros, reflète la gravité des faits.
Air Caraïbes et Air Antilles, en situation de duopole sur un territoire insulaire, ont conclu un « accord de non-agression » fixer des tarifs communs et réduire l’offre de sièges. Ces pratiques concernaient des lignes stratégiques entre Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Saint-Martin, Sainte-Lucie et Saint-Domingue. L’objectif ? Maximisez vos profits en augmentant les prix et en limitant les plages horaires disponibles.
L’Autorité de la concurrence a également relevé des méthodes sophistiquées de dissimulation, notamment le recours à des pseudonymes et des noms de code. La société de conseil Aérogestion aurait joué un rôle central dans cette coordination. Ces pratiques ont provoqué une augmentation significative des prix et une réduction de plus de 10 % du nombre de sièges proposés sur certaines liaisons.
Les répercussions sur les populations antillaises furent importantes. La clientèle, qualifiée de « captive », dépend majoritairement du transport aérien pour ses déplacements, faute d’alternatives viables. La hausse des prix a aggravé le fardeau financier des populations déjà confrontées à un coût de la vie supérieur à celui du continent.
Les clients d’Air Caraïbes et d’Air Antilles lourdement pénalisés
LL’Autorité de la concurrence a souligné que les entreprises impliquées étaient pleinement conscientes de l’illégalité de leurs actes.. Malgré cela, Air Caraïbes et Aérogestion ont opté pour une procédure de transaction, acceptant ainsi les faits. Air Caraïbes, conjointement avec ses sociétés mères, devra payer 13 millions d’euros, tandis qu’Aérogestion devra payer une amende de 70 000 euros.
La situation au Caire, la compagnie qui exploite Air Antilles, était plus complexe. En liquidation, sa sanction de 1,5 million d’euros a été transférée à sa maison mère, K Finance.
Dans une déclaration à La Tribune, Air Caraïbes a reconnu les faits tout en soulignant leur âge et en laissant la porte ouverte à un appel. Contacté, Marc Rochet, directeur d’Aérogestion, n’a pas souhaité faire de commentaire.
Cette décision illustre la vigilance accrue des autorités à l’égard des pratiques anticoncurrentielles, notamment dans les secteurs où les consommateurs ont peu d’alternatives. Il met également en lumière les enjeux économiques et sociaux des territoires insulaires confrontés à la concentration des acteurs économiques.