Les élus du conseil municipal ont utilisé le seul levier à leur disposition pour empêcher la flambée des taxes foncières.
Avec des résidences dont la valeur moyenne augmentera de 55 % en moyenne au 1er janvier 2025, date d’entrée en vigueur du nouveau rôle, ils n’avaient pas d’autre choix.
Le taux d’imposition diminue donc, passant de 0,8196 $ (par 100 $ d’évaluation) à 0,5442 $.
Rappelons que les rôles d’évaluation foncière sont produits de manière indépendante et sont basés sur un instantané du marché immobilier, 18 mois plus tôt.
84$ de plus pour une maison reliée à l’aqueduc
Concrètement, la facture moyenne de taxes (incluant les services : eau, matières résiduelles, écocentre) augmente de 84 $, passant de 2 840 $ en 2024 à 2 924 $ en 2025.
Cela représente une augmentation de 2,96%.
Pour une maison du secteur Canton, non desservie par l’aqueduc, la hausse de taxe est limitée à 61 $, soit 2,3 %.
Un bon indicateur pour savoir combien vous allez payer
Pour les citoyens dont l’évaluation de leur résidence ou de leur immeuble était supérieure à 55 %, leurs impôts augmenteront de plus de 2,95 %.
La Ville donne l’exemple d’une résidence située sur la rue Bérard, entre les boulevards Leclerc Ouest et David-Bouchard.
Les résidents de la rue Bérard voient leur facture de taxes foncières augmenter de plus de 10 %, soit plus du triple de la hausse moyenne (voir tableau ci-dessous).
En revanche, les autres résidents paieront moins que la moyenne. Certains verront même leur compte baisser par rapport à 2024.
La Ville donne l’exemple d’une résidence située sur la rue Palmer-Cox, à proximité du boisé Miner. Là, ses occupants verront leur facture fiscale diminuer (voir tableau ci-dessous).
La voix de l’Orient a demandé au maire s’il ne s’agissait pas d’une inégalité de traitement où les résidents les plus riches voyaient leurs comptes baisser, tandis que ceux des citoyens plus modestes voyaient les leurs augmenter.
Inégalité de traitement ?
“C’est un peu au-dessus de nos forces”, répond le maire, “car ces calculs sont basés sur des évaluations [indépendantes de la Ville].»
Mme Bourdon a rappelé à cet égard qu’en 2021, lors du dépôt du précédent rôle d’évaluation foncière, la valeur des maisons les plus cossues avait augmenté au-delà de la moyenne, tandis que les maisons des anciens quartiers populaires avaient moins augmenté.
« À l’époque, c’était le contraire », affirme le maire, ajoutant que les gens de la rue Bérard « sont heureux de voir que leur maison prend de la valeur, car elle reste un actif financier ».
Moins d’argent des impôts pour la Ville
Malgré la hausse moyenne de 3 %, la somme des taxes foncières de 2025 ne remplira pas davantage les caisses de la Ville.
En fait, la Ville de Granby recevra même moins de revenus de taxes foncières en 2025, puisqu’ils diminueront globalement de 200 000 $.
“Ce n’est pas parce que les gens vont payer plus d’impôts [foncières] que la Ville générera plus de revenus », a relativisé Julie Bourdon, mairesse de Granby, lors de la présentation du budget aux médias, lundi après-midi.
« Il va falloir revoir notre fiscalité municipale. Cela n’a pas de sens que notre valeur augmente, mais que nous ne puissions pas la transmettre de manière équitable presque partout.»
— Julie Bourdon, mairesse de Granby
Ces revenus fiscaux représentent 56 % des revenus totaux, qui s’élèvent à près de 138 millions de dollars (137 745 000 $).
Les détails du budget sont disponibles sur le site Internet de la Ville.
“Autres revenus”
La catégorie « Autres revenus » compense largement ce déficit de taxes foncières.
Ces « Autres revenus » augmentent de plus de 6,6 millions, soit 15 %. Ils comprennent notamment le partage de la taxe de vente du Québec (TVQ), et une nouvelle prévision des droits de mutation, « qui reflète davantage la réalité », a indiqué Mme Bourdon.
On retrouve également dans cette catégorie les revenus des prestations de loisirs.
Les taxes spéciales dédiées au paiement de la dette contribuent également à remplir les caisses de la ville : en hausse de près de 18%, elles représentent 11,135 millions.
Au total, les revenus augmentent de 6,2 % en un an… puisque les dépenses augmentent tout autant.
Rappelons en effet que l’exercice budgétaire consiste à parvenir à l’égalité entre les recettes et les dépenses.
En termes de dépenses
Si les dépenses augmentent de 6,2 %, c’est entre autres à cause des coûts liés aux prochaines élections municipales, du déneigement – 3,5 km de trottoirs supplémentaires seront déneigés -, du coût d’entretien plus élevé que prévu des édifices municipaux récemment acquis. — comme le centre aquatique.
Le programme de subventions environnementales, ainsi que la lutte contre les sans-abri – 1,2 million – expliquent également cette hausse.
Le logement, quatre nouveaux parcs et l’environnement au cœur des investissements
Le programme triennal d’investissements pour l’année 2025, d’un montant total de 61 millions, se traduit notamment par un fonds de 10 millions dans le logement, en logements abordables.
La Ville accélère la cadence dans ce secteur, puisque c’est le double du montant qui était alloué à ce chapitre en 2024.
Près de quatre millions seront alors investis dans les parcs de la ville.
Quatre nouveaux parcs seront construits, sur la rue des Écoliers, la rue de l’Hémérocalle, la rue Denison Est et la rue Magnone, là où les besoins étaient les plus grands. Le coût de leur développement se situera entre 200 000 et 450 000 dollars.
Le parc Gérard-Allard, un espace naturel de conservation, sera également aménagé afin que les citoyens y aient accès.
« Il n’y a jamais eu autant d’investissements dans les parcs », a déclaré le maire. C’est important pour notre qualité de vie, la vie de quartier. […] Avec les besoins exprimés par la population, on s’est dit qu’il était - d’agir.
L’adaptation au changement climatique bénéficie également d’une enveloppe record de 1,3 million.
Cela comprend les plans de foresterie urbaine, l’adaptation aux changements climatiques et le plan d’action du lac Boivin.
Infrastructures et mobilité active
En matière d’infrastructures et de mobilité active, le montant des investissements est très légèrement inférieur à celui de 2024 : 34 millions au lieu de 35 millions.
Les montants dédiés à la mobilité active seront cependant bien inférieurs à ceux de 2024 : 2,625 millions contre 5,6 millions en 2024.
La piste cyclable de Saint-Hubert a coûté à elle seule 2,1 millions cette année.
Une dette sous contrôle
Le service de la dette, qui était d’environ 7 % en 2024, passe à 11 % en 2025.
La dette est maîtrisée, assure le maire.
Le montant total de la dette sera précisé lors de la présentation des états financiers au printemps 2025.