Nous nous remettons tous – les Américains d’un océan à l’autre et moi-même – du repas gargantuesque qui marque Thanksgiving année après année. Collectivement, nous partageons tous un peu de remords d’avoir soumis notre estomac à tant d’excès. Des remords qui se mêlent cette année aux joies et aux désillusions d’avoir reporté Donald Trump à la présidence.
À moins d’avoir pleinement vécu Thanksgiving quelque part aux États-Unis, je ne pense pas que vous compreniez la place unique qu’occupe cette fête dans la culture américaine. Tout comme notre Thanksgiving, l’idée est de célébrer les récoltes et autres bénédictions de l’année écoulée.
Les Américains – même ceux issus de l’immigration récente – se livrent étonnamment à des souvenirs lointains d’une fête des récoltes partagée par les colons anglais de Plymouth et le peuple Wampanoag en 1621.
Sans référence religieuse ni grands élans patriotiques, Thanksgiving, dans une société qui valorise l’individualisme, met l’accent, le temps d’une courte journée, sur la gratitude, la famille et la communauté. Tout le monde est invité à contempler et à profiter des bénédictions de l’année.
Une année éprouvante
Les Américains sont arrivés épuisés cette année à Thanksgiving. Les vainqueurs comme les perdants de l’élection présidentielle ont vécu toutes les émotions et nous sommes encore très loin d’une volonté sincère de réconciliation.
Dans l’esprit de Thanksgiving, il reste encore quelques bénédictions à célébrer. À commencer par les conséquences positives de la victoire de Donald Trump – oui, il y en a au moins une – et, c’est pénible d’en parler ainsi, l’avantage que Joe Biden soit le grand perdant de l’année.
Il faut savoir apprécier, encore une fois dans l’esprit de Thanksgiving, le fait que le succès sans ambiguïté de Donald Trump calmera les ardeurs des plus insoumis chez nos voisins du Sud. Maigre consolation, je l’avoue, mais les institutions républicaines et la démocratie américaine auraient souffert, comme on l’imagine difficilement, d’une nouvelle contestation type 6 janvier 2021.
Merci Joe!
Il y a un hommage à rendre à Joe Biden qui a finalement tout perdu cette année. La direction démocrate a à peu près a retiré la candidature du parti, après avoir longtemps fermé les yeux sur son indéniable vieillissement. Kamala Harris a payé cher sa fidélité à son égard : en soi, sa défaite électorale est un deuxième rejet de Joe Biden.
Alors que la politique de Donald Trump laisse présager l’échec des grands projets de l’administration Biden, il ne restera peut-être plus grand-chose de cette présidence dans quelques années.
Toutefois, les Américains pourront compter sur un transfert de pouvoir pacifique et ordonné. Une vie passée à jouer le jeu démocratique – du Sénat à la présidence en passant par la vice-présidence – a préparé Joe Biden à faciliter judicieusement une transition vers une administration envers laquelle il n’a que méfiance et haine.
Et il laissera son successeur avec un pays remis sur les rails. Plus personne ne veut en parler, mais après la première présidence de Trump et dans les derniers mois de la pandémie, les États-Unis tout entiers réclamaient un peu de calme et plus de vigueur économique.
C’est ce qu’auront accompli ses grands programmes d’investissement au prix bien sûr d’une poussée de l’inflation, mais là encore, les mesures prises par la FED, la banque centrale, ont fini par ramener ce taux à un niveau raisonnable. .
La seconde présidence de Donald Trump va démarrer sur de bonnes bases. Encore une fois, dans l’esprit de Thanksgiving, il devrait remercier son prédécesseur. Mais comme vous le savez, cela n’arrivera pas.