P.Qui sont ces fonds issus de la scission de Vivendi ? Pour tous les actionnaires ou pour le premier d’entre eux, Vincent Bolloré ? C’est la question à laquelle devront répondre les actionnaires du propriétaire de Canal+ et Havas lors d’une assemblée générale le 9 décembre. A moins que le fonds activiste CIAM, qui détient 0,025% du conglomérat, n’obtienne gain de cause. Mercredi 27 novembre, la société de gestion a assigné Vivendi devant le tribunal de commerce de Paris afin d’obtenir le report de cette grand-messe.
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C’est en décembre 2023 que Vivendi annonce envisager de se découper en morceaux. Même si cela semble sanglant dans un magazine tabloïd, c’est le nirvana boursier. Une scission – dans le jargon – crée souvent de la valeur, car la somme des parties peut valoir plus que le tout. En juillet, le futur quartered a donné plus de précisions. Chaque détenteur d’une action Vivendi devrait recevoir une action Canal+, une action Havas, une action Louis Hachette (regroupant l’édition et Prisma Media, etc.) et une action Vivendi (avec tout ce qui reste, Gameloft et holdings).
Ce qui fait sourciller, c’est le choix des lieux de cotation, Canal+ à Londres, Havas à Amsterdam, Louis Hachette sur Euronext Growth à Paris (marché non réglementé)… En réalité, tout semble avoir été pensé pour permettre au groupe Bolloré, qui détient 29,9 % de Vivendi, pour augmenter le capital de Canal+, Havas et Louis Hachette sans payer de prime de contrôle, alors que la réglementation en vigueur sur Euronext Paris impose le déclenchement d’une offre publique d’achat (OPA), une fois le seuil de 30% franchi.
Contourner la réglementation
Un tour de passe-passe difficile à avaler pour les minorités. Mais, selon ISS, l’agence américaine de conseil aux investisseurs, la perte de protection est plus que compensée par l’accès à une meilleure valorisation. C’est un “oui attention” en faveur de l’opération. Pour Proxinvest, l’agence française, c’est non. Le CIAM va plus loin. Le fonds activiste a déposé un recours contre Vivendi devant le tribunal de commerce de Paris pour abus de droit, estimant que le dispositif global de la scission vise à contourner la réglementation boursière française. Il a également fait appel du feu vert de l’Autorité des marchés financiers accordé à l’opération.
D’où la demande d’ajournement de l’assemblée générale. C’est audacieux : jamais la justice n’a accordé un tel report. Mais est-ce indispensable ? Lorsque le tribunal de commerce se penchera sur l’affaire, dans quelques mois, la scission aura certainement déjà eu lieu, mais, si les juges donnent raison au CIAM, il y aura toujours moyen de revenir à la situation antérieure : il suffit alors de que le groupe Bolloré lance une offre publique d’achat sur chacun des morceaux de l’ancien empire Vivendi.