Personne ne va me convaincre du contraire, les salariés du public travaillent moins que ceux du privé. Et comme ils bénéficient également de meilleures prestations sociales, il serait normal que leurs salaires soient inférieurs.
Attendez, je ne dis pas que les salariés du secteur public traînent les pieds, pas du tout. J’en connais plusieurs qui travaillent très dur. Sauf qu’en moyenne, les heures qu’ils consacrent au travail sont moindres, c’est tout.
Je ne suis pas le seul à ressentir cela. Et d’ailleurs, ce n’est pas seulement une impression, c’est la réalité décrite, entre autres, dans le dernier rapport sur la rémunération de l’Institut de le tourisme du Québec (ISQ), publié jeudi.
Chaque année, l’ISQ compare la rémunération des employés du gouvernement québécois à celle du secteur privé et des autres administrations publiques (municipale, fédérale, universitaire, etc.).
Pour avoir une vue d’ensemble, l’ITQ prend en compte non seulement les salaires, mais aussi la valeur des avantages sociaux, notamment le fameux régime de retraite.1. Le travail est minutieux et très crédible.
Pourquoi je vous parle d’horaires de travail alors ? Car justement, pour faire la comparaison, cette rémunération est réduite par heure de travail. Cependant, comme les fonctionnaires travaillent moins longtemps, la prise en compte de ces heures change considérablement la situation dans l’analyse.
En moyenne, ce sont donc les employés communaux qui travaillent le moins (35,3 heures par semaine), soit 2,7 heures de moins que les 38 heures du privé. Les employés du gouvernement québécois travaillent en moyenne 35,8 heures, soit 2,2 heures de moins que dans le secteur privé.
Et lorsqu’on tient compte des congés et des vacances, la durée réelle de travail sur 52 semaines est en moyenne de 30,5 heures pour les employés du secteur public québécois, soit 2,7 heures de moins que dans le privé.
L’avantage sur le secteur privé est plus important pour les emplois techniques (3,1 heures de travail en moins) et les emplois de bureau (3,2 heures) que pour les emplois de services (1,2 heures) et les ouvriers (1,2 heures). 8h00). L’écart entre les professionnels de l’État et le privé est de 2,8 heures par semaine, si l’on prend en compte, encore une fois, les congés et les vacances.
Cela dit, quel est l’écart salarial ? Quel est cet écart, d’autant plus que le gouvernement du Québec a accordé à ses employés des augmentations de 6,8 % en avril 2023 et de 2,8 % en avril 2024 lors des dernières négociations ?
Bonne question. En 2024, le salaire moyen des employés de l’administration québécoise est de 60 909 $. Ce n’est pas si élevé, mais il couvre tous les niveaux d’expérience et toutes les catégories d’emploi, depuis le réceptionniste débutant (43 229 $) jusqu’à l’avocat de haut niveau (130 853 $).
Ce salaire moyen de 60 909 $ est inférieur de 11,4 % à celui du marché analysé et l’écart défavorable varie de 8 % avec le secteur privé à 20,4 % avec le secteur municipal.
La comparaison est toujours faite pour les mêmes 74 emplois comparables dans 5 catégories pour les organisations de 200 salariés ou plus1.
Comme je l’ai dit, il est normal que les salariés gagnent moins s’ils travaillent moins, surtout s’ils bénéficient en plus d’un régime de retraite généreux.
Or, justement en tenant compte de cette rémunération globale PAR HEURE travaillée – incluant les avantages sociaux comme la retraite – l’ISQ constate que l’écart défavorable de l’administration publique québécoise chute à 2,1 % avec le reste du marché en 2024.
Autrement dit, depuis les récentes négociations, nous sommes quasiment à parité.
La nouvelle est importante sachant que l’État québécois paie moins qu’ailleurs, en moyenne, depuis longtemps. L’écart défavorable était par exemple de 3,9% en 2022 et de 6,1% en 2011.
En 2024, ce n’est que 2,1 %, donc, et encore une fois, la comparaison inclut le secteur municipal, qui vit sur une autre planète en termes de rémunération, puisque l’écart avec le secteur public québécois est toujours là. aujourd’hui… de 28,2% !
Le plus important, à mon avis, c’est la comparaison avec le secteur privé. À ce sujet, l’ISQ constate que les employés de l’administration québécoise ont désormais un avantage sur ceux du secteur privé, avec une rémunération horaire globale 5,8 % plus élevée, en moyenne.
Or, les moyennes, comme vous le savez, cachent des disparités parfois importantes, en l’occurrence entre types d’emplois. Ainsi, alors que les employés techniques, professionnels et de bureau au Québec gagnent entre 5 et 7 % de plus que dans le secteur privé – tout compris – ceux des services gagnent 12,2 % de plus (concierges, ouvriers d’entretien lourd, etc.).
Surtout, les employés de l’État gagnent encore 15,2% de moins que ceux du privé, ce qui reste important malgré une certaine amélioration (l’écart était de 23% avant les dernières négociations).
De nombreux lecteurs me rappelleront que la sécurité de l’emploi public a une grande valeur, qu’il convient d’ajouter au tableau. Je suis d’accord.
Sauf que cette valeur est moins importante aujourd’hui, avec un taux de chômage faible, qu’il y a 25 ans. Et à ce sujet, l’ISQ me rappelle que les primes offertes parfois aux salariés du privé ne s’ajoutent pas aux chiffres de l’étude, ce qui compense donc en quelque sorte la permanence dans le secteur public.
Allez, je te quitte, je dois aller travailler…
1. La comparaison de l’ISQ en 2024 porte sur 74 emplois comparables aux secteurs privé et autres secteurs publics pour 5 catégories d’emplois regroupant 86 972 employés de l’État. Parmi les critères, les organisations comparées doivent compter 200 employés ou plus, ce ne sont donc pas des petites entreprises. On n’y retrouve pas d’enseignants et d’infirmières, qui n’ont pas d’équivalents ailleurs au Québec dans des organismes de taille similaire.