Le condo le plus cher de l’histoire du Québec a été acheté par nul autre que Jacques Courtois Jr, un riche homme d’affaires devenu philanthrope, également connu pour avoir été condamné à la prison aux États-Unis pour délit d’initié.
C’est entre autres ce que l’on apprend à la lecture des documents notariés de la récente vente de la résidence montréalaise de feu Alvin Cramer Segal, l’ancien président-directeur général de Peerless Clothing, décédé il y a deux ans.
Pour mémoire, le penthouse de 6 657 pieds carrés occupe 14e et 15e étages du luxueux hôtel Ritz-Carlton de Montréal. Sa vente a attiré l’attention il y a trois semaines après que Le Journal a révélé que le condo avait été acquis pour 18,75 millions de dollars, soit le montant le plus élevé jamais payé dans la province pour un appartement en copropriété.
Le penthouse de deux étages avec ascenseur a été acheté pour le prix record de 18,75 millions de dollars. Il est situé au sommet du luxueux hôtel Ritz-Carlton, rue Sherbrooke Ouest, à Montréal.
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Si l’on avait pu connaître à l’époque le nom du vendeur (Cramer Family Trust), celui de l’acheteur était resté inconnu jusqu’à présent. Or, La Revue découvre que le nouveau propriétaire des lieux n’est autre que Jacques Courtois Jr, l’un des fils de l’avocat Jacques Courtois, longtemps président des Canadiens de Montréal (1972 à 1979).
De Morgan Stanley à la prison
En 1977, à l’âge de 29 ans, Jacques Courtois Jr est nommé vice-président chargé des fusions et acquisitions de la célèbre banque d’investissement Morgan Stanley à New York. Une ascension hors du commun pour ce diplômé de la prestigieuse Harvard Business School.
En février 1981, M. Courtois est cependant accusé de fraude et de complot aux États-Unis pour des délits d’initiés commis entre 1975 et 1978. Il avait utilisé des informations confidentielles pour acheter, à bas prix, des actions de sociétés faisant l’objet de projets d’acquisition. .
Articles du New York Times sur les cas de fraude de M. Courtois par Karen W. Arenson (1981) et Robert J. Cole (1983).
Photos de courtoisie
D’après un article de New York Times à l’époque, ces crimes avaient permis à Jacques Courtois Jr et à quatre complices d’empocher quelque 600 000 dollars de bénéfices.
Ce n’est finalement que des années plus tard, en décembre 1983, que Jacques Courtois se rend aux autorités américaines et plaide coupable à New York. Entre-temps, il s’était marié en Colombie et avait échappé à une demande d’extradition, a rapporté l’agence de presse United Press International. Fugitif, il a été retrouvé à Montréal.
Une terrasse extérieure privée du condo occupe à elle seule 1 200 pieds carrés sur le toit des résidences Ritz-Carlton.
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En février 1984, il a été condamné à six mois de prison, à rembourser 150 000 dollars américains et à payer une amende de 10 000 dollars américains, selon les documents déposés par la Securities and Exchange Commission.
Une carrière en Colombie
M. Courtois semble par la suite mener une vie discrète, se concentrant principalement sur le développement de Quala, une entreprise colombienne fondée en 1980. Basée à Bogota, Quala est aujourd’hui un géant des produits alimentaires en Amérique latine.
En 2018, Quala a vendu sa division beauté et soins à domicile à la multinationale Unilever. C’est cette transaction qui aurait permis, selon La presseà la Fondation Courtois pour s’engager à faire un don record de 159 M$ à l’Université de Montréal il y a deux ans.
Jacques Courtois Jr, aux côtés de Jacques Jutras, recteur de l’Université de Montréal.
Photo prise de UdeM Nouvelles, Université de Montréal
L’Université McGill et l’UQAM ont également bénéficié de sa générosité au cours des dernières années. Jacques Jutras, recteur de l’Université de Montréal, le qualifiait récemment de « donateur le plus important de l’histoire de la philanthropie universitaire au Québec ».
Le troisième au Canada
Aujourd’hui septuagénaire, M. Courtois se trouve également être le frère de Marc Courtois, ancien président de Postes Canada (2007 à 2014), et de l’ancienne sénatrice Nicole Marie Eaton (2009 à 2020).
Photo Royal Lepage Patrimoine
Son penthouse au Ritz compte une vingtaine de pièces, dont quatre chambres, quatre salles de bains et deux salles d’eau, un ascenseur et une terrasse extérieure occupant 1 200 pieds. La vente de cette unité a finalement été conclue pour 18,75 M$, soit 16,6 % de moins que le prix affiché (22,5 M$) par les vendeurs.
Il y a trois semaines, cette transaction se classait au troisième rang des condos les plus chers vendus au Canada. Les deux propriétés qui dépassaient ce prix étaient situées à West Vancouver, en Colombie-Britannique. Le plus cher a été vendu pour 25 millions de dollars, tandis que le second a été vendu pour 19,3 millions de dollars.
– Avec Sylvain Larocque et Philippe Langlois, Bureau d’enquête
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