Le Québec devrait rendre l’éducation obligatoire jusqu’à 18 ans : c’est l’une des principales recommandations d’une étude comparative commandée par la Literacy Foundation, qui estime que la province aurait tout à gagner à s’inspirer de son voisin ontarien en matière d’éducation.
L’économiste Pierre Langlois dresse, dans cette étude de 10 pages publiée jeudi, le portrait alarmant de retard historique
auquel le Québec est confronté en termes de diplomation et d’alphabétisation.
Depuis 2012, le nombre de personnes au Québec qui ne savent pas lire et interpréter des textes dense
ou aspire
comme un article de journal, est 7 % plus élevé qu’en Ontario.
À ce niveau d’alphabétisation, réalité vécue par 53% des Québécois, c’est invalidant
appuie le président du conseil d’administration de la Fondation pour l’alphabétisation, André Huberdeau, qui déplore un écart de 20 ans
entre le Québec et l’Ontario.
Nous sommes en pleine transformation industrielle, […] donc si au début, vous avez du mal à reconnaître les textes et à les comprendre […] c’est un double désavantage qui a des impacts directs sur l’économie québécoise
précise-t-il.
Le président du conseil d’administration de la Fondation pour l’alphabétisation, André Huberdeau
Photo : Radio-Canada
L’idée derrière cela est de faire en sorte que les Québécois soient mieux en mesure de s’adapter aux nouvelles réalités, et ces nouvelles réalités ne se produiront pas dans 25 ans, elles le seront maintenant.
Par ailleurs, le taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires en Ontario est également de 5,2 % plus élevé que celui du Québec, où 84,3 % des élèves obtiennent un diplôme d’études secondaires, incluant ceux du réseau privé.
«Le Québec est à la traîne par rapport à l’Ontario»
Ces différences s’expliquent-elles par le succès du modèle ontarien ou par un retard du système québécois ? Selon le rapport, ce sont les deux.
En effet, au début des années 2000, les taux d’obtention de diplôme au Québec et en Ontario étaient au coude à coude, autour de 72 %.
En 2003, le gouvernement Dalton McGuinty a lancé une vaste réforme du système d’éducation de l’Ontario pour atteindre l’objectif de 85 % d’obtention de diplôme. Cela comprenait l’augmentation de l’âge de la scolarité obligatoire de 16 à 18 ans.
Cependant, au Québec, c’est à la suite des recommandations de la Commission Parent, mise sur pied par le gouvernement de Jean Lesage dans les années 1960, que l’âge de la scolarité obligatoire a été fixé à 16 ans. Cette limite n’a pas changé depuis, même si plusieurs États, dont le Royaume-Uni et certains États américains, l’ont portée à 18 ans.
Dans les années qui ont suivi la réforme McGuinty, le taux d’obtention de diplôme en Ontario a explosé pour atteindre 83 % dix ans plus tard, alors qu’au Québec, il s’élevait à 78 %.
Les principales recommandations du rapport :
- Fixer un objectif d’obtention de diplôme de 90 % ;
- Créer un secrétariat d’alphabétisation pour recommander les meilleures pratiques pédagogiques ;
- Créer un ordre professionnel des enseignants ;
- Fixer l’âge de la scolarité obligatoire à 18 ans ;
- Inclure l’alphabétisation dans les parcours d’études professionnelles.
On s’est arrêté aux fameux 16 ans, alors que l’Ontario a augmenté sa fréquentation scolaire à 18 ans
déplore l’économiste à la tête de l’étude, Pierre Langlois, au micro de Informations midi. Il souligne au passage que le Nouveau-Brunswick a également suivi les traces de l’Ontario.
Il y a toute une strate de nos jeunes Québécois, incluant ceux qui décrochent, mais aussi ceux qui arrêteront leurs études à 17 ans, qui ont un an de moins de formation générale, et quand on évalue ce phénomène en termes d’alphabétisation, le Québec est à la traîne. Ontario, de 7 %
note l’économiste.
Le décrochage scolaire, principal ennemi de la diplomation
Le chiffre le plus inquiétant concerne les abandons
estime de son côté Égide Royer, psychologue spécialisée en réussite scolaire. Selon les données du gouvernement québécois, près de 16 % des élèves du secondaire auront quitté l’école sans diplôme entre 2021 et 2022. Sur 75 000 jeunes qui ont quitté l’école, il y en a 10 700 qui sont sortis sans diplôme ni qualification.
dit M. Royer.
Ouvrir en mode plein écran
Égide Royer, professeure en éducation spécialisée à l’Université Laval (Photo d’archive)
Photo : Radio-Canada / Lisa Marie Noël
Le psychologue s’appuie sur un recommandation d’éducation
à 18 ans plutôt que de fréquentation obligatoire, pour faire preuve d’une plus grande flexibilité tout en exprimant clairement l’attente d’être apprenti jusqu’à l’âge de 18 ans au Québec
. A 17 ou 18 ans, il pourrait y avoir une forme de modulation
permettre aux jeunes de travailler tout en poursuivant leurs études, souligne Égide Royer.
Quand on parle de scolarité obligatoire, c’est comme si on allait enchaîner des jeunes de 17 ou 18 ans qui retournent à l’école
il illustre. Une recommandation pédagogique, c’est l’idée d’apporter des formes d’accompagnement et d’accompagnement aux jeunes susceptibles de décrocher
.
La fréquentation scolaire jusqu’à 18 ans n’est pas une mesure coûteuse, mais elle modifie le taux d’obtention de diplôme.
insiste l’ancien professeur de la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval.
Fait notable, l’écart de diplomation entre les filles et les garçons, un réalité marginale
dans les provinces de l’Atlantique, est également plus élevé d’au moins 9,3 % au Québec par rapport à l’Ontario, indique le rapport.
Appelé à réagir aux observations du rapport, le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, n’a pas souhaité les commenter pour le moment. Il indique simplement, par déclaration écrite, prendre le temps d’analyser les résultats du rapport
et travailler
a améliorer la réussite de nos enfants
.
Le cabinet précise cependant que le ministère de l’Éducation est en train de revoir le programme de français, qui sera déployé en 2026. Malgré notre question à ce sujet, il ne fait aucune mention d’un relèvement de l’âge de scolarisation OBLIGATOIRE.
Avec les informations de Mathieu Papillon