Les négociations entre les médecins de famille et le Conseil du Trésor pour le renouvellement de leur entente de travail se poursuivent avec un nouvel irritant : la rémunération pour la téléconsultation.
Dans une communication adressée vendredi à ses 10 000 membres, l’équipe de négociation de la Fédération des médecins généralistes du Québec (FMOQ) juge insuffisante l’offre du gouvernement visant à prolonger une entente permettant la facturation des téléconsultations médicales.
Celui-ci expire le 31 décembre.
Cette proposition se traduit par une réduction substantielle de la rémunération des téléconsultations. Les compensations proposées par le gouvernement sont dérisoires, quel que soit le contexte de pratique.
Selon l’équipe de FMOQ, l’offre est en effet si faible qu’en réalité, un médecin de famille qui consacre une journée entière à la téléconsultation ne bénéficierait pas d’une journée travaillée selon les critères de la RAMQ.
Le président de la FMOQ, Marc-André Amyot.
Photo: Radio-Canada / Jérôme Labbé
L’offre s’élève à 6,22 $ pour cinq minutes au téléphone, 8,29 $ en vidéo.
Selon le document consulté par Radio-Canada, Québec entend limiter la rémunération des prestations médicales effectuées par télémédecine exclusivement pour les visites faisant suite à une première visite en présentiel
.
La durée des visites réalisées à distance est moindre et ces visites ne permettent pas d’apprécier tous les aspects du patient, notamment pour l’examen physique du patient.
Par email, le FMOQ précis qu’actuellement, 12 % des consultations sont effectuées à distance, une solution moderne et efficace qui favorise la productivité médicale et celle des Québécois
. Le FMOQ exhorte le gouvernement à reconsidérer sa position et à soutenir la télémédecine comme solution durable aux défis de l’accès aux soins.
Au bureau du président du Conseil du Trésor, nous réitérons que les discussions doivent se poursuivre à la table des négociations
.
Nous reconnaissons pleinement que la télésanté est une solution qui améliore l’efficacité du système et l’accès des Québécois aux soins de santé. Notre proposition, faite à la table de négociation, s’appuie sur les meilleures pratiques qui existent ailleurs.
1,3 milliard de dollars sur 5 ans
La téléconsultation s’est considérablement développée pendant la pandémie.
Selon les données obtenues de la RAMQ, à ce jour en 2024, environ 7 500 médecins omnipraticiens ont facturé 131 millions de dollars pour des services de télémédecine offerts moyennant rémunération à l’acte. Une somme qui atteint 1,3 milliard de dollars depuis 2020.
Plus de 40 % des prestations dispensées par les médecins généralistes d’avril à décembre 2020 l’ont été par téléconsultation.
Une façon de faire qui a donné lieu à un développement par le Collège des médecins du Québec.
On ne peut rien faire avec la téléconsultation et, encore une fois, je le répète, la majorité des situations nécessitent un examen physique avec rendez-vous en présentiel.
a déclaré son président, Mauril Gaudreault.
En mai dernier, un bras de fer s’est également produit visant à prolonger une autre lettre d’entente liée à une prime accordée aux médecins pour les inciter à retirer les patients de la liste d’attente du Centre d’accès aux médecins de la famille (GAMF).
Une mesure qui s’élève à près de 300 millions de dollars sur deux ans.
La sortie du FMOQ intervient également à quelques jours du dépôt d’un projet de loi par le ministre de la Santé visant à obliger les nouveaux médecins de famille et médecins spécialistes formés au Québec à exercer dans le réseau public pendant les premières années de leur carrière.