dans les coulisses du centre de gestion de la circulation du MTQ

La circulation dérange évidemment plusieurs personnes au Québec, mais la situation pourrait être bien pire sans le travail dans l’ombre des équipes du Centre intégré de gestion de la circulation du MTQ, un monstre qui a des yeux partout, en tout temps.

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Les gens de ce qu’on appelle communément le CIGC du Ministère des Transports ont accueilli La Revue le temps d’une incursion en trois étapes dans leur centre de contrôle. Heure de pointe du matin, retour à la maison et début du week-end : un accès complet qui permet de voir l’éventail des situations gérées par le personnel des télécommunications du centre.

En effet, à peine cinq minutes après notre arrivée le premier matin, un incident a attiré l’attention de Simon Giguère. Deux véhicules sont arrêtés sur l’accotement.

Simon Giguère, agent des télécommunications au Centre de gestion intégrée de la circulation du ministère des Transports du Québec. Crédit photo : Pierre-Paul Biron – Journal de Québec

Pierre-Paul Biron – Journal de Québec

En rembobinant les images de la caméra de surveillance, Simon retrouve l’accident. Un classique, selon lui : espace dangereux entre les véhicules, freinage tardif, choc. Une balade qui se répète jour après jour sur le réseau.

Mais l’œil de lynx du préposé, qui a mis à peine une minute à remarquer que quelque chose n’allait pas dans l’image d’une des 200 caméras installées sur le réseau du Québec métropolitain, a permis d’avertir rapidement également un patrouilleur du MTQ. comme la Sûreté du Québec.

Diverses raisons

Ces interventions du CIGC sont nombreuses.

Dans les quatre centres de la province, soit Montréal, Québec, Trois-Rivières et Gatineau, il y a en moyenne 400 demandes informatisées au total chaque jour. Un nombre qui peut s’élever jusqu’à 1 000 et parfois même 1 200 les jours de tempête ou d’événements particuliers.

«Un événement équivaut à une demande», explique Antoine Gauvin-Lamontagne, chef des opérations. Alors, qu’il s’agisse de quenouilles trop longues sous un ponceau en Gaspésie ou d’une collision impliquant plusieurs véhicules sur le pont Pierre-Laporte, les préposés notent tout.

À tout moment, les équipes gardent un œil sur les caméras placées devant elles pour détecter un événement susceptible d’impacter la fluidité de la circulation. Lors de nos visites, nous avons pu observer des collisions, des débris sur la route, une remorque qui se décrochait d’une voiture, un piéton marchant sur le bord de l’autoroute, bref, les incidents sont variés, mais fréquents. (Voir encadré)

Les automobilistes fautifs

Il existe cependant un dénominateur commun à la grande majorité de ces événements qui finissent par aggraver la congestion, à savoir les humains.

« Les gens créent des embouteillages. […] Ils réussiraient à créer de la congestion si on les mettait dans un grand cercle, non [feux de circulation]», illustre Lydia Rochette, préposée, qui dit voir constamment des automobilistes sauter à plusieurs reprises de l’accélérateur au frein.

L’autoroute 20 à Lévis est un point chaud de congestion dans la région.

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUÉBEC

Et les conducteurs pressés posent également problème. Les experts du CIGC sont catégoriques, cela ne sert à rien de zigzaguer d’un chemin à l’autre, sinon cela accentuerait le problème.

«Plus vous avez de congestion, plus vous allez avoir des manœuvres imprudentes», observe avec regret Simon Giguère, précisant que la situation est encore pire en fin de compte. « Les gens ne sont pas toujours pressés d’aller travailler, mais ils sont toujours pressés de rentrer à la maison. »

Pannes de carburant

Et mention spéciale aux automobilistes qui prennent la route avec un réservoir d’essence sec. Si l’on dit que le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée, la maxime devrait également s’appliquer au plein d’essence.


Visite du Centre intégré de gestion de la circulation (CIGC) du ministère des Transports à Québec, le mercredi 30 octobre 2024. Michel Joncas à son poste de travail. STEVENS LEBLANC/JOURNAL DE QUÉBEC/AGENCE QMI)

Stevens LeBlanc/JOURNAL DE QUÉBEC

« Nous trouvons tellement ridicule la panne d’essence. Cela n’a aucun sens», s’exaspère Michel Joncas, également préposé au CIGC. En seulement quelques heures, La Revue a pu observer au moins trois conducteurs qui ont été rattrapés.

La porte-parole du ministère, Émilie Lord, confirme que le problème constitue une réelle préoccupation pour le MTQ. « La majorité des pannes que nous avons sur le réseau sont des pannes de carburant. C’est un fléau.

Le Centre intégré de gestion de la circulation du Québec en chiffres

  • 6 regions covered: Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Côte-Nord, Bas-Saint-Laurent/Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine, Nord-du-Québec
  • 383 caméras, dont 202 pour Québec et Lévis seulement
  • Plus de 130 téraoctets de stockage dans les serveurs pour un mois d’enregistrement de toutes les images sur le réseau
  • 106 panneaux à messages variables, dont 38 au Québec métropolitain
  • Une trentaine de collaborateurs répartis en 5 équipes qui surveillent le réseau 24h/24 et 365 jours par an


Congestion au Québec : dans les coulisses du centre de gestion de la circulation du MTQ

Le Centre de gestion intégrée de la circulation du ministère des Transports du Québec a des yeux partout, en tout temps.

Pierre-Paul Biron – Journal de Québec

Chargements perdus de toutes sortes

Pendant les quelques heures que La Revue passé au CIGC à regarder les caméras du MTQ, plusieurs incidents impliquant des pertes de marchandises se sont produits et auraient pu causer des catastrophes.

Une voiture a notamment perdu sa remorque au milieu de l’autoroute : la remorque a traversé deux voies, passant à peine à un mètre d’un autre automobiliste qui s’en est miraculeusement sorti avec seulement une belle frayeur.

Puis, à un autre moment, un conducteur a vu deux grands panneaux de cloison sèche s’envoler de sa remorque avant de tomber sur la chaussée entre d’autres véhicules tentant d’éviter l’impact.

« Et bien souvent, les gens ne s’arrêtent même pas », déplore Richard Pilote, préposé au centre de gestion du MTQ. “C’est dommage car dans ces cas-là, souvent les personnes qui se retrouvent victimes n’ont rien à voir avec l’événement.”

La saison des pneus est synonyme de problèmes

Lorsque l’on demande aux employés du Centre de Gestion Intégrée du Trafic quelles sont les scènes les plus fréquentes sur les routes, des roues desserrées lors de la saison de changement de pneus reviennent systématiquement. Et le problème est plus courant qu’on ne le pense.

« On en voit toujours qui roulent et qui font le saut en se faisant doubler par un pneu, non carboniser. Mais ils se lancent encore plus lorsqu’ils se rendent compte que c’est leur pneu qui a disparu», raconte Michel Joncas, préposé au CIGC depuis plusieurs années.

Et on pourrait penser que les coupables sont surtout des « mécaniciens d’un jour » qui installent eux-mêmes leurs pneus hiver, mais les garages ne quittent pas leur place, semble-t-il. «On le voit quand c’est la folie, quand les garages débordent, ils veulent faire vite», explique Émilie Lord, porte-parole du ministère des Transports.

Les conducteurs en retard qui affrontent les premiers jours de froid avec de mauvaises chaussures ont également leur rôle à jouer dans les embouteillages automnaux. « La première neige est toujours la même. On les voit tout de suite », souligne Michel Joncas.

Le secret ? Ne prenez aucun risque et revérifiez les écrous à la sortie du garage, prévenez les préposés du centre et surtout, ne tardez pas à bien remettre la voiture pour l’hiver.

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