Après l’étonnante hausse des indices boursiers suite à l’élection de Donald Trump, Wall Street s’est calmée au cours de la séance de mardi en raison de prises de bénéfices.
Rien de plus normal après avoir vu les indices américains exploser de 5 à 6% en l’espace d’à peine cinq séances, soit depuis mardi dernier, jour de l’élection, jusqu’à lundi. Concrètement, cette envolée boursière s’est traduite par des gains sur papier d’environ 3 000 milliards de dollars américains ! C’est un gamin fou !
- Pourquoi la bourse américaine a-t-elle fortement augmenté après la victoire de Donald Trump ?
Car les investisseurs estiment qu’avec l’arrivée de Trump à la Maison Blanche, il proposera une série de mesures fiscales et financières qui stimuleront l’économie américaine, tout en permettant aux entreprises d’augmenter leurs profits.
Maintenant, je voudrais vous rappeler que l’évolution à long terme du marché boursier repose toujours sur des données fondamentales, notamment le ratio cours/bénéfice.
Avec la flambée des indices boursiers américains, nous avons atteint des niveaux cours-bénéfices très élevés. Prenons le principal indice américain, le S&P 500 de la Bourse de New York. À la séance de lundi, il s’échangeait à 30,7 fois les bénéfices des sociétés qui composent l’indice.
À 30,7 fois les bénéfices, c’est… deux fois plus élevé que le rapport cours/bénéfice médian de l’histoire du S&P 500, alors que ce niveau médian est de 15,03 fois les bénéfices.
2. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche justifie-t-il l’immense enthousiasme actuel des investisseurs ?
Permettez-moi de remettre les pendules à l’heure. Depuis le début de l’année 2024, les indices américains sont en forte hausse. En clôture de lundi, voici les hausses enregistrées depuis le début de l’année :
–Dow Jones : 17,5%
- – S&P 500 : 25,8%
- – NASDAQ : 28,6%
- –Russell 2000 : 20,1%
Parallèlement, le baromètre de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX, a affiché un gain de 18,3 %. Les autres marchés affichant des gains substantiels cette année sont le DAX allemand (+16,1%), le NIKKEI 225 (+18,1%), le HANG SENG (+19,8%) et le Shanghai Composite (+16,6%).
À la lumière des énormes gains boursiers enregistrés jusqu’à présent en 2024, convenons que les marchés, en particulier le marché américain, intègrent déjà de fortes augmentations des bénéfices futurs. En clair, de nombreuses bonnes nouvelles économiques sont déjà attendues au vu du niveau élevé actuel des indices boursiers.
Cela ne signifie pas que les indices ont atteint leur plus haut niveau avant la prochaine forte correction boursière. Une chose est sûre, la Bourse est actuellement à son plus haut. Il n’y a presque pas de bonnes affaires. La bourse a atteint un niveau de risque très élevé.
Ce n’est certainement pas le moment de se vanter en « jouant » en Bourse sur marge, c’est-à-dire avec de l’argent emprunté.
- Y a-t-il des mises en garde à prendre en compte ?
Dans une lettre ouverte à Donald Trump, le célèbre gestionnaire de portefeuille Warren Buffett lui rappelle que « beaucoup de choses ont changé dans l’économie » depuis qu’il a quitté ses fonctions en 2021.
« Vous héritez d’une guérison incroyable. Mais cela peut changer rapidement. L’inflation n’est peut-être pas entièrement vaincue et les consommateurs s’inquiètent pour l’avenir. Le marché boursier a salué votre victoire, mais il ne tardera pas à vous abandonner si les gains économiques ne se poursuivent pas.»
Voici ses conseils amicaux à Donald Trump :
1. Attention à ne pas relancer l’inflation.
2. Méfiez-vous des droits de douane imposés qui feront augmenter les prix.
3. Les raids d’expulsion d’immigrants qui atteignent les domiciles et les lieux de travail créeront un spectacle laid.
4. Les mesures restreignant brusquement la population active risquent d’augmenter l’inflation. Si tel est le cas, le président Jerome Powell de la FED n’hésitera pas à faire marche arrière et à arrêter la baisse du taux directeur si les conditions changent.
5. Licencier Powell, ou affaiblir son autorité, ne serait pas le bienvenu. Les marchés font généralement confiance à la Fed.
6. La suggestion d’Elon Musk de réduire de 2 000 milliards de dollars les dépenses fédérales n’est pas crédible car elle nécessiterait des coupes brutales dans la sécurité sociale et l’assurance-maladie.
7. Comme Musk est impliqué dans un litige avec la Securities and Exchange Commission et d’autres agences et que son entreprise dépend de contrats gouvernementaux, il sera important d’examiner ses conseils.
Cela dit, Warren Buffett rappelle à Donald Trump que la mise en œuvre de toutes ses promesses électorales augmenterait le déficit budgétaire, qui s’élève déjà à 7 % du PIB américain. Il lui rappelle également que la dette fédérale dépassera 106 % du PIB, soit le même niveau que le record établi après la Seconde Guerre mondiale, selon le Congressional Budget Office.
Dernière mise en garde : “Le marché boursier n’est pas l’économie, bien sûr, mais vous préféreriez probablement le voir dans le vert plutôt que dans le rouge.”