La marque argovienne propose désormais de rembourser les vêtements biodégradables qui lui sont restitués.Image : docteur
La marque argovienne Nikin rembourse désormais les vêtements biodégradables qui lui sont restitués. Elle les recyclera pour créer de nouvelles pièces. Mais le lancement de cette gamme ne se fait pas sans frais supplémentaires.
Daniel Vizentini / ch médias
Fondée en Argovie, Nikin est connue pour planter des arbres avec chaque vêtement vendu. L’année dernière, elle a lancé sa première collection biodégradable. Les vêtements sont confectionnés avec un fil synthétique, naNea de la société bernoise Ocean Safe. Grâce à sa structure polymère particulière, il est naturellement biodégradable.
A l’origine, l’objectif était de récupérer les vieux vêtements pour les composter industriellement et les transformer en biomasseutilisé à son tour comme humus pour l’agriculture. Mais, en un an et demi, aucun client n’a volontairement rendu un t-shirt recyclable.
Forte de ce constat, la marque revoit sa démarche : plutôt que de composter, elle cherche désormais à réutiliser la matière pour fabriquer de nouveaux articles. Le fil NaNea conserve ses propriétés même après recyclage.
Pour inciter ses clients à rapporter leurs vêtements, l’enseigne leur propose une récompense financière : 25% du prix de vente en espèces (et non en bons d’achat).
Dépréciation sur cinq ans maximum
Pour financer le système, ces vêtements dits « circulaires » voient leur prix légèrement augmenté – une sorte de caution sur la matière. Par exemple, un vêtement recyclable coûtera 79,90 francs au lieu de 69,90. En le retournant, le client récupère au minimum les 10 francs supplémentaires. Puis 2 francs de plus pour chaque année complète d’usage, jusqu’à un maximum de 10 francs après cinq ans. Ainsi, un client ayant payé environ 80 francs pourrait récupérer 20 francs – soit les fameux 25% du prix d’achat.
Plus le vêtement est porté longtemps, plus il sera remboursé. Le modèle vise également à encourager un entretien minutieux qui prolonge la durée de vieprincipes de base de l’économie circulaire en somme. Nikin fixe cependant une limite comptable après cinq ans.
« Cela nous permet de constituer des provisions et de les dissoudre au bout d’un certain temps, afin d’éviter tout risque de surendettement »
Il reste néanmoins possible de prolonger le délai de retour sur demande.
Les clients sont encouragés à rapporter leurs vêtements usagés, afin de limiter les déchets et de recycler les matières premières. Chaque article est accompagné d’une étiquette prépayée pour couvrir les frais d’expédition.
Recours temporaire à huile
Ce nouveau modèle est entré en vigueur le 1est en novembre dernier. Nikin espère vendre 3 500 vêtements dans le cadre de ce programme, identifiable par un petit cercle cousu sur le vêtement et l’étiquette. D’ici 2030, la marque ambitionne de proposer uniquement des matériaux recyclables.
À l’avenir, Nikin offrira de l’argent pour les vêtements biodégradables retournés.Image : docteur
« Planter deux millions d’arbres n’était qu’un début »
Nicholas Hänny, fondateur de Nikin
L’entrepreneur ajoute que la protection des forêts existantes profite davantage au climat que la plantation de nouveaux arbres. Tout comme porter des vêtements pendant de longues périodes permet de réduire les déchets et d’économiser du CO2.
Il reste cependant un inconvénient : le naNea, un co-polyester, est actuellement fabriqué à partir de pétrole. Nikin le présente néanmoins comme une alternative plus écologique au polyester classique. Ocean Safe travaille ailleurs à partir de matériaux recyclés. Et notamment grâce aux vêtements retournés par les clients.
(Traduit de l’allemand par Valentine Zenker)