Donald Trump élu président | Le poids d’Elon Musk

L’entrepreneur milliardaire a injecté plus de 130 millions de dollars américains dans la campagne de Donald Trump. Quel rôle peut-elle jouer dans le mandat du prochain président américain ?


Publié à 00h45

Mis à jour à 5h00

Quel rôle Elon Musk a-t-il joué dans la campagne de Trump ?

Un rôle financier, d’abord. Le milliardaire, président-directeur général de Tesla et SpaceX, a été l’un des plus gros donateurs du parti républicain, injectant plus de 130 millions dans la campagne de Donald Trump, que ce soit en finançant un comité d’action politique (Super PAC) ou en faisant émerger le projet. Trump vote en distribuant 1 million par jour aux électeurs des États clés. Des miettes, sachant que la fortune personnelle d’Elon Musk est estimée à 237 milliards…

Musk a également joué un rôle personnel sans précédent, grâce à son contrôle sur les réseaux sociaux d’informations ciblées et de désinformation dirigées vers tel ou tel comté ou district, afin d’alimenter l’attrait pour les propositions de Donald Trump.

« Au-delà de l’aspect financier, il y a cet aspect informationnel qui reflète un phénomène de société qui est qu’aujourd’hui, l’opinion est bien plus fabriquée par les réseaux sociaux que par les canaux publicitaires. informations traditionnelles », résume Thierry Aimar, enseignant-chercheur en économie à l’Université de Lorraine et enseignant à Sciences Po Paris.

Elon Musk avait soutenu les démocrates lors des trois élections précédentes. Pourquoi a-t-il mis tout son poids pour faire élire Donald Trump ?

Une vraie question, quand on sait qu’il a, par le passé, exprimé des doutes sur Trump. Mais force est de constater que les deux milliardaires partagent la même philosophie entrepreneuriale fondée sur la libre entreprise, l’absence de réglementation, l’individualisme radical et le libre-échange à tous les niveaux.

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PHOTO ANDREW KELLY, ARCHIVES REUTERS

Elon Musk, les bras en l’air, lors d’un rassemblement républicain au Madison Square Garden de New York le 27 octobre

« Musk a souffert en Californie du poids de la réglementation croissante de ses activités économiques. Je pense qu’il a très mal vécu cet interventionnisme des pouvoirs publics sous l’administration Biden. Il avait le sentiment d’être gêné dans sa liberté d’entreprendre », suggère Thierry Aimar. Ironique, ajoute-t-il, sachant que, dans le passé, Musk a bénéficié de milliards d’argent public. Selon une analyse récente de New York Times, SpaceX et Tesla ont reçu au moins 15,4 milliards de dollars de contrats gouvernementaux au cours de la dernière décennie.

Pour Thierry Aimar, il y a peut-être une autre raison, plus personnelle. Sud-Africain d’origine, Canadien du côté de sa mère, arrivé aux Etats-Unis à la vingtaine, Elon Musk a toujours été un ovni au sein de l’establishment américain. «Je pense qu’à un moment donné, il se voyait un peu comme Trump, comme quelqu’un qui était toujours marginalisé malgré sa richesse. Je pense donc qu’il se sentait relativement proche, sur le plan humain, de cette chose. »

Comment Elon Musk va-t-il bénéficier de la victoire de Donald Trump ?

Le président élu semble exclure la présence du milliardaire au sein du futur cabinet. Mais il a déclaré qu’il inviterait l’homme le plus riche du monde à faire partie de son administration afin d’éliminer le gaspillage au sein du gouvernement. Musk serait ainsi pressenti pour gérer un « Département de l’efficacité gouvernementale » (DOGE), visant la simplification bureaucratique et la déréglementation sans restriction.

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PHOTO MATT ROURKE, ARCHIVES PRESSE ASSOCIÉE

L’entrepreneur milliardaire s’exprimant lors d’une réunion publique avec les électeurs de l’État charnière de Pennsylvanie, à Folsom, le 17 octobre.

Selon David Colon, professeur à Sciences Po Paris, expert en propagande et communication, cette nomination serait une forme de retour de faveur en échange du soutien de Musk. Elle permettrait au patron de X, SpaceX et Tesla d'”accéder à un poste à responsabilité, qui devrait lui permettre non seulement d’appliquer ses idées politiques, mais de servir les intérêts de ses entreprises”.

Musk pourrait également devenir une sorte de « visiteur du soir », conseillant discrètement et officieusement le président. M. Colon rappelle que lors du premier mandat de Trump, le milliardaire Rupert Murdoch l’a soutenu dans la dernière ligne droite de la campagne de 2016 avant d’exercer « une influence cachée » sur le président des Etats-Unis au service de ses propres convictions et surtout des intérêts de son empire, qui avait notamment facilité et accéléré la vente à très bon prix de Fox à Disney.

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PHOTO EMILY NAJERA, ARCHIVES DU NEW YORK TIMES

Le milliardaire Rupert Murdoch, en septembre dernier

Musk pourrait-il être actif en politique ? Même si le principal concerné ne l’exclut pas, Thierry Aimar en doute. «Je ne le vois pas assumer le rôle de ministre parce que, au fond, je pense que cela ne l’intéresse absolument pas. Il a d’autres chats à fouetter. » Rien ne dit d’ailleurs que Trump et Musk puissent s’accompagner très longtemps, « car ce sont deux tempéraments qui, à un certain niveau, finiraient par s’opposer ».

À plus court terme, les conséquences du retour de Trump sont déjà concrètes pour le milliardaire. Le Gardien rapporte que, mercredi matin, les actions de Tesla, dans laquelle il détient une participation de 13 %, étaient en hausse d’environ 15 %, ce qui implique un gain de richesse de 15 milliards de dollars. Selon un analyste financier cité dans le même article, une victoire de Trump pourrait ajouter jusqu’à 200 milliards de dollars à la valeur de Tesla, ce qui augmenterait la richesse d’Elon Musk d’environ 26 milliards de dollars au total.

 
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