L’avertissement de Lion Électrique concernant une « incertitude importante » qui plane sur son avenir suscite des inquiétudes. Le fabricant d’autobus scolaires et de camions électriques vivait sa pire séance de bourse de l’année en plus de voir son titre atteindre un nouveau plus bas.
Publié à 9h39
Mis à jour à 13h44
Signe que la confiance des investisseurs a été ébranlée, jeudi après-midi, le titre de l’entreprise québécoise a chuté de 24 %, ou 19 cents, à la Bourse de Toronto, pour s’échanger à 60 cents. Le titre s’est temporairement négocié à 58 cents, son cours le plus bas jamais enregistré sur Bay Street.
En présentant mercredi ses résultats du troisième trimestre, le constructeur de Saint-Jérôme a prévenu que ses caisses pourraient être à sec d’ici un an sans opération de refinancement. De son propre aveu, Lion reconnaît qu’elle pourrait échouer dans ses tentatives pour trouver de l’argent.
«Cet avertissement est troublant», a déclaré l’analyste Benoit Poirier de Valeurs mobilières Desjardins, dans une note envoyée à ses clients. Nous préférons rester à l’écart jusqu’à ce que les résultats financiers soient moins volatils et que les perspectives de financement soient plus claires. »
Pas seulement une question d’argent
Les défis du Lion vont au-delà de ses réserves financières. L’entreprise doit également obtenir la clémence de ses prêteurs à court terme pour garder la tête hors de l’eau.
Une première échéance approche à grands pas, le 15 novembre. Cette date marque l’expiration d’une période d’allègement des clauses restrictives – par exemple le niveau de liquidité à maintenir dans les caisses – pour un emprunt de 117 millions de dollars américains souscrit auprès d’un syndicat bancaire formé par la Banque Nationale, le Mouvement Desjardins et la Banque de Montréal.
«Sans accord, l’union bancaire aura des recours», explique Carl Brousseau, professeur agrégé à l’École de comptabilité de l’Université Laval. Nous considérerons une situation de défaut. Qu’est-ce que cela signifie? Nous n’avons pas d’accord. Ce sera aux prêteurs de décider. »
Il n’a pas été possible de s’entretenir avec le fondateur et PDG de Lion, Marc Bédard, jeudi. L’entreprise a indiqué que ce dernier n’était pas disponible pour des entrevues. Par mail, le constructeur n’a pas souhaité préciser ce qui pourrait se passer s’il ne parvenait pas à un accord avec son syndicat bancaire dans la semaine prochaine.
Dans un autre dossier, un emprunt de 22,6 millions de dollars américains contracté auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) et de la société québécoise Finalta Capital arrive à échéance le 30 novembre.
Au 30 septembre, qui marquait la fin du troisième trimestre, Lion avait accès à environ 27 millions de dollars américains de liquidités.
“Avec des options limitées et une consommation de liquidités de plus de 20 millions de dollars américains par trimestre, Lion se trouve dans une position délicate”, a déclaré Rupert Merer de la Financière Banque Nationale.
Chez Marchés mondiaux CIBC, Kevin Chiang n’est pas beaucoup plus optimiste.
Malgré les nombreuses mesures déployées par l’entreprise québécoise pour réduire ses dépenses, qui ont notamment entraîné plusieurs vagues de mises à pied, l’analyste estime que la poursuite des activités de Lion dépend de nombreux facteurs. La pente pour remonter est raide.
Année tumultueuse
La dernière année a été éprouvante pour Leo. Comme pour d’autres acteurs du secteur de l’électrification des transports, cette évolution plus lente que prévu a eu pour effet de ralentir les commandes, notamment de camions électriques.
Un régime d’amaigrissement a été mis en place, ce qui a entraîné des vagues de licenciements et de licenciements au Canada ainsi qu’aux États-Unis. L’effectif de Lion est tombé à environ 750 employés.
De plus, dans le reste du Canada, les livraisons par autobus scolaire tardent. Lion impute cette situation au fardeau administratif du Fonds de transport en commun zéro émission (ZFTF) d’Infrastructure Canada pour expliquer le ralentissement des livraisons d’autobus scolaires.
Ce programme peut couvrir jusqu’à 50 % des coûts lorsqu’un transporteur scolaire électrifie sa flotte. Lion estime que les délais sont trop longs avant que les transporteurs scolaires puissent savoir à quel montant ils auront droit en aide financière, ce qui ralentit ses livraisons.
La moitié du carnet de commandes de Lion dépend du FTCZE. La situation préoccupe l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), qui représente les travailleurs de l’usine de Saint-Jérôme.
« Ce serait ridicule de voir des emplois et une entreprise disparaître à cause d’une question administrative », s’est inquiété Éric Rancourt, représentant québécois de l’organisation syndicale. Nous demandons au gouvernement [fédéral] faire preuve de leadership dans ce dossier en corrigeant les lacunes du programme. »
Public money in Lion Électrique:
- 2008-2021 : 7 millions de subventions du gouvernement du Québec pour la recherche et le développement
- 2021 : 19 millions d’Investissement Québec (IQ) pour l’achat d’actions
- 2021 : 100 millions de prêts de Québec et d’Ottawa
- 2022: 15 million in loan from the Caisse de dépôt et placement du Québec
- 2023 : 98 millions prêtés par IQ et le Fonds de solidarité FTQ
- 2024 : 7,5 millions en prêt du gouvernement du Québec
Apprendre encore plus
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- 135 millions
- Market value of Lion Électrique
Bourse de Toronto