(Québec) Réfugiés, protectionnisme et risque de pertes d’emplois, les Québécois doivent se préparer à des années de « turbulence » dans nos relations avec les Américains, prévient François Legault.
Publié à 10h51
Mis à jour à 10h58
« On risque de vivre de la turbulence, dans les prochains mois, dans les prochaines années, dans nos relations avec les Américains. Mais je suis convaincu que la relation privilégiée qu’on a réussi à bâtir ensemble est à l’avantage des deux partis », a affirmé le premier ministre du Québec mercredi à l’Assemblée nationale.
M. Legault a deux grandes inquiétudes : l’économie, et l’immigration.
Il prend acte de la victoire électorale de M. Trump, qui a fait campagne en promettant d’imposer un tarif de 10 % sur les exportations, notamment sur les exportations canadiennes. « C’est sûr que s’il y a des tarifs de 10 % sur les produits canadiens exportés aux États-Unis, ça va avoir un impact sur les ventes, sur les emplois au Québec. Il faut garder la tête froide. Il faut être stratégique », a-t-il dit.
Même s’il espère « ne pas en venir là », il reconnaît que ces mesures protectionnistes auraient un « impact important » sur l’économie du Québec.
Je pense qu’il faut se dire la vérité, il y a des emplois qui sont en jeu
François Legault
Quatre grands secteurs, qui dépendent particulièrement de l’exportation vers les États-Unis, sont menacés : l’aéronautique, le bois et les pâtes et papiers, l’aluminium et les produits alimentaires.
À ces tarifs s’ajoute également la question de la renégociation de l’accord de libre-échange Canada – États-Unis – Mexique, en 2026. M. Legault compte « nommer un émissaire spécial de haut niveau », quelqu’un de « connaissant et d’expérience », et souhaite que le gouvernement fédéral « l’emmène à la table des négociations avec les États-Unis ».
M. Legault a également annoncé qu’il va créer un « groupe de travail Québec – États-Unis », dont feront partie le ministre de l’Économie, la ministre des Relations internationales, le ministre des Relations canadiennes, la ministre des Ressources naturelles et de la Forêt, le ministre de l’Agriculture et le ministre de l’Immigration.
Incertitude
L’autre aspect qui inquiète le premier ministre est le risque de voir une vague de demandeurs d’asile en provenance des États-Unis tenter de trouver refuge au Canada avec l’élection de M. Trump, qui a promis d’expulser tous ceux qui se trouvent de façon illégale sur le territoire américain.
« Il faut commencer à agir rapidement, parce qu’il y a de l’incertitude pour certaines personnes qui pourraient être tentées de traverser la frontière maintenant. […] Nous avons fait notre part au Québec. Si d’autres provinces veulent les accueillir, mais au Québec, il y a déjà trop d’immigrants», a-t-il déclaré.
M. Legault entend demander au gouvernement fédéral de s’assurer que « les actions qui seront posées par l’administration de M. Trump […] n’ajoute rien aux problèmes actuels. Son gouvernement, a-t-il déclaré, veillera à ce que le Canada « protège nos frontières ».
« Nous voulons nous assurer aux frontières physiques et à l’aéroport que le travail est bien fait par le gouvernement fédéral », a déclaré M. Legault.