Les marchés financiers se sont félicités mercredi du retour de Donald Trump à la Maison Blanche. Dans leurs premières réactions, économistes et experts s’attendent à une relance de la première économie mondiale, mais au prix d’un rebond de l’inflation.
Alors que le Sénat bascule du côté républicain et que la course à la Chambre des représentants reste serrée, une victoire du parti de Donald Trump lui donnerait carte blanche. “Si les républicains remportent les deux chambres du Congrès et la Maison Blanche, nous nous attendons à une économie américaine plus dynamique, avec une croissance supérieure à son potentiel et une inflation supérieure à l’objectif de la Réserve fédérale”, anticipe Samy Chaar, économiste en chef de la Banque Lombard Odier.
Le programme économique de Donald Trump, axé sur les baisses d’impôts et l’assouplissement de la réglementation, pourrait doper les profits des entreprises américaines et soutenir la bourse. Cependant, cette politique suscite des inquiétudes concernant le déficit et l’inflation. Par ailleurs, l’approche « America First » pourrait accroître les tensions géopolitiques, notamment avec la Chine, et compliquer les relations transatlantiques, selon John Plassard de la Banque Mirabaud.
Quoi qu’il en soit, jusqu’à présent, les marchés suivent le même scénario qu’en 2016, lors de la victoire de Donald Trump contre Hillary Clinton : les actions rebondissent, tandis que les bons du Trésor américain à long terme sont vendus en prévision d’une expansion budgétaire”, a commenté Gordon Shannon, gestionnaire de portefeuille chez TwentyFour Asset Management.
Sur le marché obligataire, où s’échangent les dettes déjà émises, le taux d’intérêt des obligations d’État américaines à 10 ans a bondi à 4,44% vers 10h55 mercredi, contre 4,27% à la clôture mardi, et celui à deux ans a augmenté. à 4,26%, contre 4,18%.
C’est le signe que le marché s’attend à “une croissance plus forte et peut-être une inflation plus élevée”, une combinaison qui pourrait “ralentir, voire arrêter”, les baisses de taux prévues par la banque centrale américaine (Fed), a souligné Stephen Dover, directeur de la banque centrale américaine. Institut Franklin Templeton. La prochaine réunion des responsables de la Fed débute ce mercredi.
Certains secteurs, comme les énergies fossiles et les petites capitalisations, sont bien placés pour bénéficier de la présidence de Donald Trump. « Une politique plus favorable aux cryptomonnaies et une relance des industries traditionnelles promettent de remodeler le paysage économique », ajoute Samy Chaar.
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Le dollar s’envole
La Bourse de New York a ouvert en nette hausse mercredi, portée par des investisseurs satisfaits de la victoire de Donald Trump. (L.colère encadrée)
Le dollar s’envole face à la majorité des autres devises. Mercredi, il gagne 1,66%, à 1,0751 dollar pour un euro. Le Dollar Index, qui compare le billet vert à un panier de devises, a atteint un sommet depuis début juillet, à 105,311 points.
Le Bitcoin s’est envolé de 6,86% à 73 905 dollars, après avoir atteint un nouveau record absolu à 75 371,67 dollars, dopé par la perspective d’assouplissements réglementaires et de mesures fiscales favorisant le secteur des cryptomonnaies. .
A l’inverse, l’or, le franc suisse, actifs dits refuges, qui avaient nettement progressé ces dernières semaines sur fond de tensions et d’incertitudes, ont reculé ce mercredi matin.
Risques de tarification
Le retour du républicain de 78 ans à la Maison Blanche comporte également des risques de prix. “Donald Trump a en effet promis de taxer les importations à hauteur de 10% en moyenne, contre 2,5% aujourd’hui, ce qui pourrait avoir des conséquences importantes sur la croissance européenne (et chinoise).”
La Chine et l’Europe, principales cibles de ces politiques tarifaires, risquent de réagir par des mesures de rétorsion, prédit Arthur Jurus. Ces tensions commerciales (lire encadré) pourrait aussi peser sur les marchés émergents, notamment ceux d’Asie, où la croissance pourrait être impactée de 0,8% en moyenne si les mesures tarifaires sont pleinement appliquées, calcule le directeur des investissements d’Oddo BHF Suisse.
Pourtant, l’évaluation des conséquences économiques des propositions de Donald Trump pose problème, estime Bernd Weidensteiner, expert de la Commerzbank. Certains projets devraient avoir du mal à résister au « contact avec la réalité politique ».
« Mauvaise nouvelle pour l’économie à long terme »
Patrick Zweifel, économiste en chef chez Pictet Asset Management, est du même avis. Selon lui, les politiques de Trump, qui constituent « une politique classique d’un agenda populiste », sont bonnes pour l’économie à court terme, en soutenant la croissance. “Mais c’est une mauvaise nouvelle pour l’économie à long terme.”
L’expert donne trois raisons pour expliquer cela. En réduisant l’immigration, le nombre de travailleurs et de consommateurs diminue, ce qui impacte la production, explique-t-il. Par ailleurs, « une montée du protectionnisme aura tendance à isoler le pays, ce qui réduira la demande pour ses propres exportations et donc là aussi la capacité de production », poursuit-il. Enfin, l’augmentation du déficit public, à travers les réductions d’impôts et l’augmentation des dépenses, pourrait accroître la dette et les taux d’intérêt, ralentissant ainsi l’investissement privé, conclut-il.
fgn avec les agences