Pessleux a su fidéliser une large clientèle autour de cette variable déterminante : le prix. Systématiquement, les prix affichés pour le litre de diesel et d’essence sont parmi les moins chers de ce marché très fluctuant.
Cette entreprise locale florissante, ignorant la crise, limitée à trois stations-service couplées à un lave-auto, a-t-elle franchi une ligne rouge ? L’enquête est en cours. Mais, par précaution, L’Avenir a été informé de la saisie de voitures et de biens immobiliers.
Il y a quelques semaines, à la mi-octobre, des rubans de marquage interdisaient l’accès des clients aux trois pompes Pessleux. Une fermeture brutale, sans préavis et sans explication de la part de leurs opérateurs. Les panneaux lumineux d’affichage des prix ont disparu et ne seront peut-être pas rallumés de sitôt.
A Fosses-la-Ville, où font des affaires les Pessleux, plutôt touche-à-tout – (une laiterie à leur nom y moud du beurre) – la rumeur court qu’ils ont été mis derrière les barreaux. Comme nous le lirons ailleurs, s’ils l’étaient, ils ne le sont plus. Mais que leur reproche-t-on ? Au minimum, avoir éliminé le diesel blanc résultant de la décoloration du diesel de chauffage rouge.
L’État belge a escroqué 25 millions d’euros
Jouer sur la couleur du fioul est une fraude ancienne et classique due à un taux d’accise différencié. Le fioul coloré (rouge) est moins taxé que le fioul blanc. C’est l’introduction du colorant qui permet d’attraper et d’amender les fraudeurs, qui sont davantage des automobilistes que des pompistes. Tout a commencé par une enquête sur une fraude massive à l’échelle nationale puisque le cerveau de l’arnaque est basé en Flandre, comme en témoigne le fait que c’est la police judiciaire fédérale du Limbourg qui l’a saisi et qu’un juge d’instruction de Tongres a été saisi.
Récemment, à la mi-octobre, environ 300 policiers ont frappé durement parmi les fournisseurs et revendeurs de fioul. Ils ont procédé simultanément à 61 perquisitions et ont ensuite arrêté 20 suspects liés à deux organisations criminelles. Les douanes estiment qu’au moins 30 millions de litres de fioul frelaté ont été injectés dans la circulation.
La mise sous scellés des pompes Pessleux fait suite à cette vague de saisies et d’arrestations. Par conséquence, les enquêteurs sont retournés à Pessleux, dont les trois stations ont été identifiées comme ayant servi du diesel décoloré, évitant ainsi les accises et trompant l’État belge. Le manque à gagner est colossal, estimé à 25,5 millions d’euros.
En tant qu’opérateurs indépendants, les Pessleux ont la liberté de choisir leurs fournisseurs et de s’approvisionner aux moins chers, y compris ceux qui sont moins exigeants sur la qualité, suppose-t-on. Ils se taisent dans toutes les langues mais leur ligne de défense consisterait à plaider l’ignorance quant au caractère frauduleux du fioul fourni. Ils se présentent comme des victimes collatérales d’une arnaque de grande ampleur qui les a impliqués malgré eux.
Ce n’est pas la première fois que du diesel vendu à Pessleux fait l’objet de plaintes. En 2021, les automobilistes, après avoir fait le plein, puis confrontés à des pannes moteurs, avaient pointé la faute sur le diesel sur les réseaux sociaux. Mais après analyse, rien n’a pu être prouvé.