Nettoyer l’allée du gin québécois

Nettoyer l’allée du gin québécois
Nettoyer l’allée du gin québécois

L’opération dépoussiérage des tablettes est en cours au rayon des spiritueux québécois, où les bouteilles commencent à disparaître. D’ici mars, près de 150 produits locaux sur un total de 633 ne seront plus vendus dans les succursales de la Société des alcools du Québec (SAQ).


Publié à 1h36

Mis à jour à 6h00

Les amateurs de liqueur d’orange Noroi ou d’eau-de-vie d’érable Rosemont Laurentia 3 ans d’âge ne pourront plus se procurer leurs bouteilles dans les rayons des magasins de la société d’État. Ils font partie des spiritueux québécois qui commencent à disparaître des magasins depuis juillet.

Les 150 produits retirés représentent 25 % de l’assortiment de brandies ou de gins québécois offerts, mais ne génèrent que 2,5 % des ventes dans ce créneau. C’est pourquoi nous avons décidé de ne plus les stocker en magasin.

Avec une offre saturée dans cette catégorie et des ventes en baisse, la SAQ dit qu’elle n’avait d’autre choix que d’assainir les 633 spiritueux offerts dans ses succursales pour ne conserver que les meilleurs vendeurs.

Annoncée en avril, la décision de mettre fin à l’« open bar » et d’établir des règles pour une « saine gestion de l’offre » a été prise l’Union québécoise des microdistilleries (UQMD). A tel point que les producteurs contactés par La pressedont certains ont des produits qui ont été retirés des étagères, « n’arrachez pas leur chemise ».

Et pour cause. «Les ventes se cannibalisaient», a déclaré Simon Bourbeau, directeur de catégorie spiritueux à la SAQ, lors d’une entrevue avec La presse.

Il affirme que ces produits ont bénéficié d’une énorme popularité entre 2019 et 2022, alors que les ventes dans cette catégorie « étaient en plein essor » avec une hausse de 75 %. Le reste de l’histoire s’écarte cependant du conte de fées.

Les ventes ont stagné. Il y a une maturité atteinte, voire un déclin, mais les produits ont continué à se multiplier et le nombre de producteurs aussi. Le contexte n’était plus favorable à l’acceptation d’un tel nombre de produits puisque la capacité du marché québécois à absorber ces nouveaux produits n’était plus au rendez-vous.

Simon Bourbeau, directeur de catégorie spiritueux à la SAQ

La SAQ a donc rencontré les 70 distillateurs avec lesquels elle fait affaire. Ensemble, ils ont décidé de mettre de côté ceux qui plaisaient moins au palais du consommateur.

Actuellement, une trentaine de produits sont sortis des rayons. Et les effets se font sentir, soutient M. Bourbeau. « Déjà, en juillet, août, septembre, on a constaté que les 475 produits qui restent sont en croissance de 7 %, indique-t-il. Ces premiers indicateurs montrent que c’est bénéfique. »

Et les esprits qui ont quitté les magasins n’ont pas forcément signé leur arrêt de mort, explique Simon Bourbeau. Ce sera possible aux distillateurs qui désirent les vendre sur le site de la SAQ ou aux restaurateurs, toujours par l’intermédiaire de la société d’État.

En vertu des nouvelles règles d’entrée et de sortie, les distillateurs soumettront désormais leurs produits à des heures fixes au cours de l’année. Ceux-ci seront ensuite sélectionnés suite à des dégustations à l’aveugle. Après avoir passé un an en agence, le produit sera évalué en fonction notamment des ventes qu’il a générées.

« Il était temps »

Même si sept de ses produits ne sont plus en rayon, Lilian Wolfelsberger, vice-présidente de la Distillerie de Montréal, connue pour sa gamme Rosemont, affirme sans ambages qu’« il était temps pour la SAQ de faire le ménage ».

« Je n’arrache pas ma chemise et je ne crie pas au scandale. Cela nous évitera de nous retrouver avec des produits qui ne sont pas géniaux », ajoute-t-il.

Parmi ses bouteilles jetées, sa liqueur Rosemont Electric Orange a souffert d’une forte concurrence avec de nombreux autres produits du même type. «Nous avons commencé un peu par une pensée magique», admet-il.

À Trois-Rivières, la distillerie Wabasso s’est vu retirer deux de ses spiritueux. Cependant, Guyaume Parenteau, copropriétaire, juge que ces nouvelles règles sont un « mal nécessaire ». « Il y a eu trop de négligence », a-t-il déclaré, ajoutant que certains des produits Wabasso qui ne seront plus proposés dans les magasins de l’entreprise publique étaient plutôt « laissés de côté ». La SAQ compte encore une douzaine de produits développés par son entreprise.

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PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Guyaume Parenteau, copropriétaire de la Disstellerie Wabasso

Madeleine Dufour, présidente de l’UQMD, ajoute que la « collaboration » avec la SAQ est « cruciale » puisqu’elle est le seul canal de distribution pour les distillateurs qui ne peuvent vendre directement aux restaurateurs et cavistes. Selon elle, il est grand temps que le gouvernement permette à ses membres de développer des canaux de distribution alternatifs.

«Je ne dirais jamais qu’il y a trop de produits», insiste-t-elle. Il y a trop peu de canaux de distribution. »

Depuis le début de l’année, trois distilleries ont mis fin à leurs activités : Distillerie du St-Laurent, Distillerie de la Chaufferie et Champ Gauche. D’autres pourraient-ils décider de jeter l’éponge ? « Tout le monde y pense », répond M sans détour.moi Dufour.

 
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