“C’est époustouflant.” Stéphanie*, je n’arrive pas à y croire. Bénéficiaire des prestations familiales complémentaires (PC) de l’Etat de Vaud depuis plusieurs années, elle a été informée, à la mi-juillet, qu’elle ne bénéficierait plus de cette aide financière destinée à couvrir les besoins essentiels de son foyer.
La cause ? Sa fille Léa* a récemment hérité de son papa, l’ex de Stéphanie décédé en 2022, d’une maison estimée à 160 000 francs et de plusieurs dizaines de milliers de francs, déposés sur un compte bloqué jusqu’à ses 18 ans. Sauf que Stéphanie a depuis refait sa vie, et que ce montant soit pris en compte dans le calcul pour les PC de l’ensemble de son nouveau foyer. Ceci, alors qu’elle ne peut en principe pas prendre l’argent hérité de sa fille. Bref, « c’est à ma fille de 12 ans de subvenir aux besoins de ses demi-frères et sœurs ! se désole le quadragénaire.
Le manque à gagner est important pour la famille recomposée qui comprend sept enfants : 1 163 francs par mois ainsi qu’une aide financière liée à l’assurance maladie. Pire encore, Stéphanie a appris mardi que la décision était rétroactive : « Il faut donc rembourser plus de 30 000 francs reçus depuis le décès du papa de Léa. C’est sale.
Malgré le désarroi de Stéphanie, cette décision semble conforme à la loi. Avec cet héritage, la fortune familiale est trop importante pour qu’elle puisse revendiquer la famille PC. Et le fait que l’argent soit sur un compte bloqué «n’empêche pas qu’il soit pris en compte dans le calcul», en vertu des articles 319 et 320 du Code civil, explique le Département vaudois de la Santé et de la Prévoyance. action sociale (DSAS). La mère peut néanmoins s’adresser au juge de paix afin de faire valoir son droit de retirer du compte en question l’argent destiné à l’entretien de sa fille.
Concernant l’entretien des frères et sœurs non héritiers, là aussi, le DSAS affirme que cette éventualité « peut arriver », ajoutant qu’une décision similaire avait, dans le passé, été validée par le Tribunal fédéral.