Une arme discrète, très dissuasive, souvent imparable. Avec un fort pouvoir de nuisance. Dans le cadre du réarmement mondial provoqué par la multiplication des tensions internationales et le retour des conflits de haute intensité, de nombreux pays souhaitent aujourd’hui moderniser leurs flottes sous-marines, ou en créer une afin de protéger leur zone économique exclusive (ZEE), les câbles sous-marins, les transports maritimes. routes ou actifs offshore…
“Un sous-marin nucléaire ou conventionnel possède une zone de déploiement telle qu’il constitue l’arme de dissuasion et de protection d’une zone par excellence”, explique un industriel du secteur. Lorsqu’un tel navire se trouve n’importe où, la menace est partout. Avec peu de ces navires, une marine est capable de protéger un espace maritime extrêmement vaste. » Comme ce fut le cas en 1982 lors du conflit des Malouines entre la Grande-Bretagne et l’Argentine, qui vit l’un des croiseurs coulé au début des opérations par un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de la Royal Navy. Résultat : la flotte argentine est restée à quai jusqu’à la fin du conflit.
Sous-marins : Naval Group en pole position en Argentine (Scorpène)
La flotte mondiale de sous-marins d’attaque est aujourd’hui estimée à 450 submersibles (hors SSBN, sous-marins nucléaires lance-missiles), selon une étude du Groupement des industries de construction et activités navales (Gican), qui sera dévoilée lundi à l’Académie navale d’armée. exposition, Euronaval.
Entre 2016 et 2023, les chantiers navals ont livré 53 sous-marins d’attaque conventionnels d’une valeur d’environ 25 milliards de dollars et 21 sous-marins nucléaires (environ 30 milliards de dollars) aux marines du monde entier. Sur cette période, la Chine a produit 10 submersibles. Tout comme les États-Unis. Quatre pays possèdent plus de la moitié de la flotte mondiale : la Corée du Nord (64), la Russie (59), la Chine (57) et les États-Unis (53). Et ce renforcement des forces sous-marines est vraiment loin d’être terminé.
Les États-Unis hors jeu
Naval Group, qui conçoit pour l’export des sous-marins à propulsion conventionnelle équipés de nouvelles batteries lithium-ion, mène actuellement une dizaine de campagnes commerciales à travers le monde (Pologne, Roumanie, Maroc, Egypte, Philippines, Brésil, Argentine, Pérou, Colombie, Chili et bientôt Canada, qui souhaite acheter 12 sous-marins).
Le groupe français a déjà remporté fin septembre un contrat pour la fabrication de 4 sous-marins conventionnels (Blacksword Barracuda) aux Pays-Bas face à son plus redoutable rival sur le marché mondial, l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS). Il attend également l’entrée en vigueur prochaine du contrat avec le versement d’un acompte pour la vente de 2 Scorpènes en Indonésie. Enfin, il négocie avec New Delhi les termes d’un contrat pour 3 autres sous-marins. De son côté, TKMS a ruiné les espoirs de Naval Group en Norvège (4 sous-marins) en 2017 et va livrer 3 nouveaux sous-marins à Israël.
Ce marché en pleine croissance attire de nouveaux chantiers navals, qui tentent de torpiller les deux leaders mondiaux, TKMS et Naval Group, les Etats-Unis étant hors jeu en se concentrant sur la construction de sous-marins nucléaires. Ainsi, l’espagnol Navantia, le suédois Saab, les deux sud-coréens Hanwha et Hyundai tentent de rivaliser avec les deux leaders en Amérique latine, au Canada… tout comme la Chine et le Japon. Quant à la Turquie, au Pakistan, à l’Iran et à Taiwan (aidés par le Japon), ces pays se sont également lancés dans la construction de submersibles en vue d’équiper dans un premier temps leur marine. Ce qui augmentera probablement les risques.