Faut-il augmenter ou réduire les droits de succession ?

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Faut-il augmenter ou réduire les droits de succession ?

Depuis la fin des années 1960, les revenus des droits de succession sont en forte baisse dans la plupart des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), en raison d’une réduction des barèmes applicables et d’une augmentation des régimes d’exonération de certains du patrimoine immobilier : résidence principale, biens professionnels et assurance vie notamment.

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Douze pays les ont purement et simplement supprimés, la Norvège et la République tchèque étant les derniers à avoir franchi le pas, en 2014. Avec des droits de succession représentant 13,6 % des prélèvements obligatoires en 2023 – leurs recettes ayant plus que doublé depuis 2011 – la fait figure de leader. exception. Il se classe au premier rang des pays de l’OCDE pour le poids des droits de mutation gratuits dans le produit intérieur brut (PIB), note la Cour des comptes dans un rapport sur les droits de succession publié en septembre 2024.

Régulièrement, la question de la réforme des droits de succession revient sur le devant de la scène. De nombreuses pistes sont évoquées… qui ne vont pas toutes dans le même sens. Certains préconisent une baisse globale des droits de succession pour alléger le poids de la fiscalité sur la fortune en France. La France est le pays de l’Union européenne avec le taux le plus élevé, avec des impôts sur la fortune représentant 4,1% du PIB en 2022, “loin devant la Belgique (3,4%) et la Grèce (3%), l’Union européenne affichant une moyenne de 2,1%”selon la Cour des comptes.

Prendre en compte les évolutions sociétales

D’autres préconisent des secours plus ciblés. Dans le but de réduire le coût des successions en ligne collatérale, plus lourdement taxées que les successions en ligne directe (30 % en moyenne pour les successions entre frères et sœurs contre 8 % pour les successions entre parents et enfants), mais aussi de prendre en compte les évolutions sociétales, notamment les reconstitutions familiales. Car si, en l’état actuel du droit, les enfants du conjoint n’ont pas droit à l’héritage de leur belle-mère ou de leur beau-père, rien n’interdit de leur accorder une donation ou de rédiger un testament à leur nom. . service. Mais en l’absence de lien familial, les droits de mutation gratuite sont calculés au taux de 60 %, après une réduction de 1 594 euros applicable uniquement en cas de succession.

« En ce sens, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, la commission des finances de l’Assemblée nationale a récemment soutenu un amendement qui double le montant des réductions dont bénéficient les neveux et nièces et crée une nouvelle réduction de 31 865 euros pour les dons en faveur des les enfants du conjoint. Pour financer cette mesure, la dernière tranche du barème des droits de succession en ligne directe serait portée de 45 % à 49 % pour les successions supérieures à 3,6 millions d’euros.explains Mathieu Le Tacon, associate lawyer at Delsol Avocats.

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D’autres pistes de réforme – notamment celles qui ont été élaborées par le Conseil d’analyse économique (CAE) en décembre 2021, et récemment reprises par Oxfam France – proposent au contraire de réformer les droits de succession pour les rendre plus progressifs. Non pas en suggérant une nouvelle augmentation du barème, qui affiche déjà des taux d’imposition élevés en comparaison internationale (45% au-dessus de 1,8 million d’euros pour les successions en ligne directe), mais en supprimant ou en ajustant certaines mesures favorables qui profitent principalement aux patrimoines les plus élevés et contribuent à fragiliser la progressivité de l’impôt.

Stratégie d’effacement

Premier dispositif incriminé qui ne repose pas sur un « forte justification économique » et dont le coût en termes de finances publiques est de l’ordre de 2 à 3 milliards d’euros par an selon le CAE : les donations en nue-propriété. Avec ce type de donation, dans la mesure où le donateur conserve l’usufruit, c’est-à-dire le droit d’user du bien et/ou des revenus qu’il procure jusqu’à la fin de sa vie, les droits à payer sont calculés uniquement sur la valeur de la nue-propriété transférée, par définition inférieure à celle de la pleine propriété. Cette valeur est fixée selon un barème qui dépend de l’âge du donneur au moment de la transmission, et donc de son espérance de vie. Plus il est jeune, plus il est bas.

A titre d’exemple, la cession à un enfant d’un immeuble en pleine propriété d’une valeur de 1 million d’euros entraîne le paiement de droits de donation ou de succession de 212 962 euros, soit un taux d’imposition effectif de 21 %. . Dans le cas d’une donation en nue-propriété, ces droits sont réduits à 122 962 euros si le donateur est âgé de 71 à 80 ans (taux effectif : 12,3 %). Ce montant tombe à 98 194 euros s’il a entre 61 et 70 ans (taux effectif : 9,8 %). Au décès du donateur, le nu-propriétaire récupère la pleine propriété du bien, sans droit supplémentaire au paiement de l’usufruit. Cerise sur le gâteau : si le bien a pris de la valeur entre-temps, la plus-value échappe également à toute imposition. Autrement dit, si au jour du décès l’immeuble vaut 1,2 million, les 200 000 euros supplémentaires ne seront jamais imposés.

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Cette stratégie d’effacement des plus-values ​​n’est pas spécifique aux donations de nue-propriété, mais à toutes les mutations à titre gratuit (donations et successions), car seules les mutations à titre onéreux entraînent une taxation des plus-valeurs. Conséquence? « Il est donc possible de transmettre un bien de génération en génération sans jamais avoir à payer d’impôt sur la plus-value, même si le donataire transfère ultérieurement le bien »note le CAE. Pour ce faire, il suffit que le bien soit revendu au même prix que celui mentionné dans l’acte de donation ou la déclaration de succession.

L’assurance-vie fait aussi partie des mesures dans le collimateur des partisans d’une meilleure progressivité des droits de succession. Son système fiscal est complexe : tantôt les sommes versées sont totalement exonérées, tantôt elles sont imposées au taux forfaitaire (20 % ou 31 %), quel que soit le lien entre l’assuré et le bénéficiaire du capital, ou encore soumises aux droits de succession. . Tout dépend de la date d’ouverture du contrat (avant ou après le 20 novembre 1991), de la date de paiement des « primes » (avant ou après le 13 octobre 1998) et de l’âge de l’assuré au moment de leur paiement. (plus ou moins de 70 ans). Mais, en pratique, ce système permet désormais de transmettre jusqu’à 152 500 euros en franchise de droits à autant de bénéficiaires que vous le souhaitez – y compris les personnes sans lien familial –, à condition de financer votre contrat avant son 70e anniversaire.

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Cet article a été réalisé dans le cadre des Rencontres de la fiscalité, un événement organisé par Le et Le Cercle des fiscalistes, et avec le soutien de KL Conseil, qui aura lieu le 5 novembre à partir de 18h30, à l’auditorium de Monde. Accès gratuit sur inscription.

Nathalie Cheysson Kaplan

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