Louis Vachon, réalisateur invité | Est-il encore possible d’être coté en bourse ?

Louis Vachon, réalisateur invité | Est-il encore possible d’être coté en bourse ?
Louis Vachon, réalisateur invité | Est-il encore possible d’être coté en bourse ?

Si plusieurs entreprises québécoises sont devenues des modèles de croissance grâce à l’avènement du régime d’épargne-actions (REA) au début des années 1980, les entreprises d’aujourd’hui affichent une bien réelle réticence à rechercher du financement par le biais du marché public. La Bourse, qui a été un puissant levier dans la création et l’expansion de nos fleurons québécois, est de moins en moins populaire auprès des entrepreneurs.


Publié à 1h11

Mis à jour à 7h30

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CGI, Couche-Tard, Metro, Lassonde, WSP, ce sont autant d’entreprises qui ont réussi à s’implanter tant sur la scène locale qu’à l’extérieur du Québec grâce notamment à la grande facilité avec laquelle elles ont pu financer leur stratégie marketing. expansion par l’émission de nouvelles actions.

Ils ont pu profiter du plan d’épargne en actions pour réaliser une introduction en bourse et connaître ensuite une croissance fulgurante.

La REA a été créée au début des années 1980 par le ministre des Finances du Parti québécois, Jacques Parizeau, qui soulignait à quel point les entrepreneurs québécois avaient de la difficulté à financer adéquatement leur entreprise alors qu’on sortait tout juste de l’époque où les taux d’intérêt atteignaient la barre des 22 %.

En fait, l’objectif était double : mieux capitaliser les entreprises et accroître l’actionnariat des épargnants québécois qui étaient sous-investis en bourse par rapport aux épargnants canadiens.

Pour répondre à la sous-capitalisation des entreprises québécoises, Québec a donc permis aux épargnants-investisseurs d’obtenir une déduction fiscale qui variait de 50 % pour l’achat de titres de grandes entreprises à 100 % pour les titres de moyennes capitalisations et à 150 % pour l’achat d’actions. des petites entreprises émergentes.

Le résultat fut assez convaincant puisque de 1983 à 1987 – année d’un krach boursier spectaculaire – la REA a permis à 250 entreprises québécoises de chercher des capitaux en bourse.

Dix ans plus tard, 15 de ces entreprises avaient fait faillite, 90 avaient été rachetées ou fusionnées et, finalement, 150 continuaient d’exister, dont plusieurs, comme Quebecor, Cogeco ou Transcontinental, devenaient les fleurons que l’on connaît.

Cela contraste avec la situation actuelle où, malgré un léger pic observé à la fin de la pandémie en 2021, le nombre de nouveaux financements publics a diminué de façon spectaculaire au Québec et au Canada au cours des 10 dernières années.

Comme l’explique mon collègue Julien Arsenault dans ce numéro édité par Louis Vachon, les fonds d’investissement privés sont devenus la voie privilégiée que choisissent la grande majorité des entreprises pour obtenir le financement dont elles ont besoin pour réaliser un projet d’agrandissement ou d’agrandissement. même une acquisition.

L’institutionnalisation de l’épargne

L’an dernier, une seule introduction en bourse (IPO) pour l’ensemble du Canada a été réalisée à la Bourse de Toronto, a rappelé l’Institut sur la gouvernance (IGOPP) dans une étude assez éloquente publiée en juillet sur la baisse d’attractivité du marché public. .

Il y a eu des introductions en bourse sur le Venture Exchange et de nombreuses sociétés ont été cotées par l’intermédiaire d’une société d’acquisition à vocation spécifique, mais les introductions en bourse deviennent extrêmement rares.

Une situation qui n’échappe pas à Luc Bertrand, président du conseil d’administration du Groupe TMX, propriétaire de la Bourse de Toronto, de la Bourse de croissance TSX, du Trust TSX, de la Bourse de Montréal et de la Bourse Alpha TSX.

Comme plusieurs PDG de grandes entreprises canadiennes dont les actions sont cotées à la Bourse de Toronto, Luc Bertrand déplore le retrait des grands investisseurs institutionnels comme les grands fonds de pension canadiens, qui préfèrent détenir massivement des actions étrangères dans leur portefeuille d’investissement plutôt que des actions canadiennes.

Les fonds de pension canadiens détiennent désormais moins de 4 % d’actions canadiennes dans leur portefeuille global, alors que ce pourcentage était d’environ 28 % au début des années 2000…

Luc Bertrand, qui déplore la récente vente du fabricant de trains d’atterrissage Héroux-Devtek à un fonds d’investissement privé américain, l’attribue directement à la perte d’intérêt des fonds de pension pour les actions de sociétés canadiennes.

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PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE ARCHIVES

Luc Bertrand, président du conseil d’administration du Groupe TMX

Avant, les gens contrôlaient leur épargne et décidaient où ils allaient investir. Aujourd’hui, l’épargne est institutionnalisée et les grands investisseurs achètent des fonds indiciels au lieu de s’intéresser aux entreprises canadiennes.

Luc Bertrand, président du conseil d’administration du Groupe TMX

Pour Héroux-Devtek, il devenait difficile de réaliser des acquisitions car l’entreprise ne disposait pas d’une valorisation boursière suffisante pour supporter une transaction.

Son action se négociait depuis quatre ans à 8,8 fois les bénéfices, tandis que les sociétés comparables de son secteur étaient valorisées à près de 15 fois. Le groupe ne parvenait plus à rentabiliser une transaction dans un délai financièrement acceptable.

Selon Luc Bertrand, les fonds de pension doivent investir beaucoup plus de moyens dans leurs équipes de recherche et surveiller et accompagner nos sociétés cotées.

Les rachats d’entreprises par des fonds d’investissement privés ne sont pas une option viable pour une économie forte et dynamique comme celle que le Québec a réussi à produire pendant les bonnes années de la REA.

« Les seuls rachats de capital-investissement qui ont fonctionné au Québec sont ceux de BRP et de Dollarama, qui ont ensuite été rachetés par leurs anciens propriétaires. Sinon, le contrôle sort du Québec et l’entreprise se désincarne», souligne Luc Bertrand.

Pour redonner de l’éclat à la Bourse canadienne – et aux entreprises canadiennes qui y sont cotées –, il faut la soutenir, s’y intéresser et la redynamiser, ce que ne font plus les grandes institutions d’investissement qui contrôlent notre épargne.

Au-delà de la Caisse de dépôt qui accompagne toujours nos PME dans leur expansion et leur volonté de devenir un jour publiques, les grandes caisses de retraite canadiennes doivent recommencer à investir dans notre économie.

Le mot de Louis Vachon, réalisateur invité

« J’aurai la gentillesse de dire qu’il y a une stagnation du nombre d’entreprises qui décident de s’introduire en bourse. Je pense qu’il est important d’actualiser les avantages et les inconvénients de la cotation en bourse. »

Lire l’article « Plaidoyer pour l’indépendance financière »

 
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