Grève ouvrière historique en Italie, « les usines sont complètement fermées pendant des semaines »

Grève ouvrière historique en Italie, « les usines sont complètement fermées pendant des semaines »
Grève ouvrière historique en Italie, « les usines sont complètement fermées pendant des semaines »

Les principaux syndicats du secteur automobile ont appelé les salariés de Stellantis en Italie à observer une grève ce vendredi 18 octobre, pour protester contre la baisse de la production et le désengagement du constructeur automobile dans ce pays. Nous allons vous l’expliquer.

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En Franche-Comté, les sites Stellantis fonctionneront normalement. Pas même une seule heure de débauche à l’usine historique de Sochaux, dans le Doubs. Non, rien. En revanche, en Italie, vendredi 18 octobre, ce seront des sites morts. Dans les usines de Stellantis, l’ancien fleuron national Fiat qui a fusionné en 2021 avec Peugeot-Citroën, les salariés sont en effet appelés à une grève massive.

Ce sera une grève historique, comme on n’en a pas vu depuis plus de quarante ans.

Rocco Palombella, secrétaire général du syndicat Uilm, syndicat italien

La raison de ce mouvement : Des objectifs de production perçus comme abaissés par la direction de Stellantis, avec parfois pour conséquence des suppressions d’emplois.

En 2023, Stellantis a augmenté sa production en Italie de 9,6 %, à près de 752 000 véhicules. Sous la pression du gouvernement nationaliste de Giorgia Meloni, le constructeur s’est même engagé à le porter à un million d’unités en 2030.

Malheureusement, après trois années de croissance, la production italienne a de nouveau chuté au premier semestre, tombant de 25,2% à 303 510 véhicules. Le groupe dirigé par Carlos Tavares vise désormais une marge opérationnelle pour l’année 2024 comprise entre 5,5% et 7% contre “à deux chiffres” auparavant.

Les raisons de cette baisse de production sont multiples. Il y a eu l’épidémie de covid et plus récemment, la pénurie de composants électroniques. À cela s’ajoute une croissance plus lente que prévu des ventes de voitures électriques qui ont commencé belle 2023 en Europe. Les acheteurs se montrent prudents en raison de leur coût élevé et de leur autonomie jugée limitée.

La suspension du projet de construction d’une méga-usine de batteries pour voitures électriques à Termoli, dans le sud de l’Italie, ne les rassure pas non plus et dans l’usine Mirafiori, à Turin, la production de l’emblématique Fiat 500 en version électrique a dû être suspendu à la mi-septembre pendant un mois, en raison de la faible demande.

En Italie, les usines sont complètement fermées pendant des semaines, avec un chômage technique record. Il faut réindustrialiser en Europe

Jean-Paul Guy, délégué CFTC de Stellantis à Vesoul

Avant Stellantis, les constructeurs Volkswagen, BMW, Mercedes, Volvo et Aston Martin ont également revu leurs objectifs à la baisse, avec parfois des suppressions d’emplois à la clé.

Face à la situation dramatique vécue par les travailleurs italiens de Stellantis et de l’ensemble du secteur automobile, les syndicats n’ont pas pu « être témoin en silence de la désertification industrielle »commenté Rocco Palombella, secrétaire général du syndicat Uilm, dans un communiqué, d’où la décision d’une grève sans précédent en Italie, vendredi 18 octobre 2024

Outre la morosité du marché automobile, une autre raison mine la productivité de Stellantis. Pour restaurer ses ventes en Amérique du Nord, le groupe dirigé par Carlos Tavares a lancé plusieurs opérations coûteuses. Ainsi, pour vendre des véhicules hors de prix, les concessionnaires américains multiplient les promotions sur les véhicules et tentent de produire moins, et pour moins d’argent.

« Environ les deux tiers de la réduction de la marge opérationnelle courante sont imputables aux actions correctives en Amérique du Nord. » précise Stellantis dans un communiqué.

En Europe, les sites Stellantis sont confrontés à un autre problème majeur. Chine. Dès fin octobre, les véhicules chinois vendus en Europe seront soumis à des taxes à l’importation d’environ 45 %. Afin d’éviter de payer cette incroyable taxe, les constructeurs chinois multiplient les annonces d’ouverture de sites de production en Europe. Pour contrer cette concurrence, Carlos Tavares (qui prendra sa retraite en 2026), n’exclut pas des fermetures d’usines au sein de son groupe.

C’est un contexte très difficile, Stellantis se délocalise dans les pays à bas coûts. Les responsables politiques européens devraient prendre des mesures d’urgence pour protéger les emplois en France et en Italie

Jean-Paul Guy, délégué CFTC de Stellantis à Vesoul

Ainsi, dans une longue interview accordée au journal Les Echos le 13 octobre, le patron de Stellantis a déclaré « Si les Chinois prennent 10 % de part de marché en Europe à la fin de leur offensive, cela signifie qu’ils produiront 1,5 million de voitures. Cela représente sept usines d’assemblage. Les constructeurs européens devront alors soit les fermer, soit les transférer à des groupes chinois.» En Europe, il existe 18 sites d’assemblage, dont cinq en France et un seul en Franche-Comté, Sochaux.

 
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