un quart des étudiants sur les chantiers

un quart des étudiants sur les chantiers
un quart des étudiants sur les chantiers

Seulement un quart des étudiants payés 750 $ par semaine pour suivre une formation accélérée en construction travaillent actuellement sur des chantiers de construction, apprend-on La Revue.

Malgré ce bilan en deçà des attentes du gouvernement, Québec a tout de même lancé une deuxième phase de cette offensive, à laquelle 1 828 nouveaux élèves ont participé depuis la rentrée scolaire. Ils sont inscrits dans des formations courtes en menuiserie et menuiserie et bénéficient du même soutien financier.

Lors de la première phase qui a débuté en janvier, 3.854 étudiants se sont inscrits à l’un des quatre certificats d’études professionnelles (AEP), dont la durée variait de quatre à six mois.

Parmi eux, 2.481 ont obtenu leur diplôme (64%), mais seulement 1.017 sont effectivement entrés dans le secteur de la construction jusqu’à présent, selon les données provisoires de la mi-septembre.

«C’est extrêmement malheureux. Ce programme est un échec», affirme Michel Trépanier, président du Conseil provincial des métiers de la construction du Québec.

« Cela ne produit absolument pas les résultats initialement prévus et espérés. On aurait dû prendre le temps de bien faire les choses», renchérit Annie Primeau, vice-présidente de la Fédération de l’enseignement autonome.

L’objectif du gouvernement Legault était que la quasi-totalité des personnes inscrites lors de cette première phase travaillent sur des chantiers de construction à leur sortie de l’école en juin, a indiqué à plusieurs reprises le ministre du Travail, Jean Boulet.

D’une manière générale, 85 à 90 % des étudiants en construction entrent dans l’industrie, a-t-il déclaré.

Toutefois, les résultats de la formation accélérée sont beaucoup moins roses, puisque cette proportion se situe actuellement plutôt à 26 %.

Payé 750 $ par semaine

Lancée en grande pompe l’automne dernier, l’Offensive de formation en construction visait à former entre 4 000 et 5 000 personnes supplémentaires pour travailler sur les chantiers de construction, principalement grâce à ces nouvelles formations accélérées accompagnées d’une allocation de 750 $ par semaine.

Investir dans la formation professionnelle était un « geste louable », mais des mesures auraient dû être mises en place pour s’assurer que les diplômés travaillent effectivement dans l’industrie après leur formation, estime Michel Trépanier.

« Si nous payons les gens l’équivalent de 25 $ de l’heure, nous devons nous assurer qu’ils terminent leur formation et rejoignent l’industrie », dit-il.

Des étudiants « grincheux », souvent absents, recevaient toujours 750 dollars par semaine pour suivre une formation accélérée en construction, a rapporté La Revue début juillet.

« Des progrès intéressants »

Invitée à réagir à ce premier bilan, l’Association québécoise de la construction estime néanmoins qu’il s’agit d’une « avancée intéressante » dans la lutte contre la pénurie.

« Nous espérons toujours augmenter le taux de conversion des inscriptions à une formation vers un métier du bâtiment », indique-t-on par écrit.

Au cabinet du ministre du Travail, Jean Boulet, on affirme que cette offensive « a suscité un engouement important » pour les métiers de la construction.

« Nous sommes encore loin des résultats définitifs : plusieurs cohortes sont encore en cours », ajoute-t-on dans un communiqué écrit.

Environ 90 étudiants inscrits dans la première phase devraient terminer leur formation accélérée d’ici fin octobre, selon le ministère de l’Éducation.

Les étudiants ont suivi ces formations « pour les mauvaises raisons »

De nombreux étudiants inscrits à des formations accélérées en construction étaient plus attirés par le salaire que par la perspective de travailler réellement sur des chantiers de construction.

C’est ce qu’observe Chantale Beaucher, directrice de l’Observatoire québécois de la formation professionnelle, qui n’est pas du tout surprise par la faible proportion de diplômés qui se sont lancés dans le secteur de la construction.

«Beaucoup de gens se sont inscrits pour de nombreuses raisons qui n’avaient rien à voir avec l’intégration dans l’industrie», dit-elle. C’est particulièrement le cas dans la menuiserie et la menuiserie, où les gens souhaitaient suivre une formation rémunérée pour rénover leur sous-sol ou jouer sur leur bois.

Québec aurait dû prendre le temps de consulter le réseau de formation professionnelle avant de lancer cette offensive mal préparée, estime ce professeur de l’Université de Sherbrooke. « Nous devons mieux réfléchir aux programmes », dit-elle.

Aucune obligation

Le soutien financier accordé par Québec à ces étudiants n’était pas accompagné d’une obligation de travailler sur les chantiers de construction. Le gouvernement Legault a déjà expliqué qu’il aurait été difficile de mettre en place une telle mesure, puisque ces travailleurs ne sont pas des employés de l’État.

Lors de la deuxième phase de cette offensive, lancée fin août dans la menuiserie, les candidats devaient rédiger une lettre de motivation pour justifier de leur intérêt à travailler dans le bâtiment.

“La chance d’une vie”

À l’École des métiers et occupations de l’industrie de la construction (EMOICQ), située à Québec, le directeur par intérim, Francis Pouliot, dresse cependant un bilan plus positif de cette expérience.

L’ÉMOICQ a accueilli des étudiants présents « pour les bonnes raisons », qui comptaient aller travailler sur les chantiers, affirme-t-il.

Le taux d’obtention de diplôme pour ces cours accélérés est également plus élevé dans cette école (77 %) que la moyenne provinciale (56 %).

Pour certains, cette opportunité représentait « la chance de leur vie », puisqu’ils pouvaient retourner aux études tout en payant leur hypothèque et leurs dépenses familiales, affirme M. Pouliot.

Tout a été mis en place pour que ces diplômés partent ensuite travailler sur des chantiers, ajoute le directeur. « Ceux qui n’y sont pas allés, je ne peux pas répondre à leur place. Des emplois étaient disponibles», dit-il.

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