Centre québécois du droit de l’environnement

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Centre québécois du droit de l’environnement

Un rapport met en lumière ce phénomène


Publié à 3h14

Mis à jour à 11h00

L’écoblanchiment financier mine la confiance des investisseurs et détourne des sommes importantes des véritables initiatives vertes, estime le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) dans un rapport dans lequel l’organisation réclame une plus grande réglementation de l’offre de produits. et les services financiers avec des revendications environnementales.

«Il existe de nombreux cas d’écoblanchiment en finance», affirme Julien O. Beaulieu, chercheur au CQDE et auteur du rapport sur l’écoblanchiment dans le secteur financier que l’organisme publiera ce mercredi. L’avocat note que ces pratiques touchent tous les acteurs, du conseiller jusqu’à l’institution financière.

Et de nombreuses études le rapportent. Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) estimaient en 2022 que 20 % des fonds d’investissement qu’elles avaient analysés et qui affirmaient s’appuyer sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) « détenaient en portefeuille des titres qui semblaient incompatibles avec le nom du fonds, le objectifs ou les stratégies d’investissement du fonds.

La situation n’est guère meilleure chez nos voisins du Sud. Seuls 5 % des 250 plus grands fonds d’investissement présentés comme « socialement responsables » ou « respectueux de l’environnement » étaient alignés sur les objectifs de l’Accord de Paris, selon une étude de deux chercheurs en finance (Kim et Yoon), publiée en 2023.

Cette situation s’explique, selon M. Beaulieu, par le fait qu’« il y a vraiment peu d’informations » pour vérifier les déclarations des acteurs financiers. « Et quand il y a des informations, elles ne sont pas standardisées. Le marché n’a pas réussi à se coordonner sur les termes à utiliser en fonction du contexte. »

Un effet « boule de neige »

En 2021, le CSA a publié un projet de règlement visant à standardiser le reporting environnemental en finance. L’objectif : faciliter la compréhension et donc la prise de décision éclairée. Toutefois, « les nouvelles exigences ne sont pas encore adoptées », note le rapport du CQDE.

Cette situation «crée un effet boule de neige» dans toute l’industrie, estime M. Beaulieu. Il rappelle que les agences de notation – celles qui attribuent les notes de performance environnementale des entreprises – s’appuient sur les déclarations de ces dernières.

Ils en feront une interprétation qui, à son tour, sera successivement reprise et interprétée par les gestionnaires et conseillers de fonds.

Julien O. Beaulieu, chercheur au CQDE et auteur du rapport

Les conséquences du greenwashing sont réelles. À commencer par la perte de confiance dans les allégations vertes dans le secteur financier, selon M. Beaulieu. Un sondage réalisé par Deloitte en 2023 révélait que 57 % des consommateurs canadiens avaient perdu confiance dans les allégations environnementales ; 46% sont désormais réticents à payer une prime verte.

«Mais au-delà de la confiance, les investissements réalisés dans des entreprises dont les prétentions ne sont pas vraiment fondées sont des sommes qui ne sont pas injectées dans des entreprises dont les actions sont réelles», rappelle M. Beaulieu.

« Faire de la lutte contre le greenwashing une priorité »

Dans son rapport, le CQDE réclame un changement de direction. Il faut « faire de la lutte contre le greenwashing une priorité », estime l’organisation, proposant 26 recommandations pour encadrer davantage le secteur. Il s’agit entre autres de durcir la réglementation sur l’offre de produits et services financiers émergents, comme les crédits volontaires de compensation carbone ou les obligations vertes.

Il faut aussi réglementer l’usage de termes comme « vert », « transition », « biodiversité », de la même manière que les termes « équitable » et « biologique » ont été certifiés, dit-il. Cela passe par le renforcement des obligations professionnelles des différents acteurs financiers et la mise en place de réglementations facilitant les recours judiciaires contre les fautifs.

M. Beaulieu estime que le secteur n’est pas capable de s’autoréguler pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il fait un parallèle avec le comportement des cigarettiers au fil des décennies : « Ils ont relativisé l’impact de leurs produits sur la santé. Puis, une fois le consensus scientifique établi, ils ont commencé à vendre des cigarettes légères. » Et aujourd’hui ? Imperial Tobacco continue de vendre des cigarettes et déclare désormais sur son site Internet vouloir construire un monde sans fumée, répond-il.

 
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