Plan d’extorsion du Québec | La police marocaine demande un mandat d’arrêt international

Plan d’extorsion du Québec | La police marocaine demande un mandat d’arrêt international
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La police marocaine a demandé le lancement d’un mandat d’arrêt international contre un Canado-Marocain qu’elle considère comme le « maître chanteur » d’un stratagème d’extorsion qui aurait fait environ 2 000 victimes en provenance du Québec.


Publié à 1h23

Mis à jour à 5h00

Abdelmejid Tounarti, qui résidait depuis peu dans la région de la Capitale-Nationale, est qualifié par les autorités marocaines de « professionnel du chantage et de la diffamation » dans un jugement condamnant l’un de ses complices présumés à trois ans de prison au Maroc.

«Tout cela n’est pas fondé, ce sont des mensonges, basés sur le témoignage d’un menteur», a réagi M. Tounarti, que nous avons joint par téléphone à un numéro avec un indicatif régional du Québec.

Ce Canado-Marocain de 46 ans anime depuis plusieurs mois la page Facebook Lfercha, dont le nom signifie « le scandale » en arabe.

Décrit comme un « site d’information » administré depuis le Québec, la page a été utilisée pour commettre « des actes de chantage, de diffamation ainsi que des menaces d’abus et d’atteinte à la vie privée » contre environ 2 000 entrepreneurs et fonctionnaires résidant au Maroc, écrit le jugement en Arabe, traduit à l’aide de l’outil Google Translate.

Le système implique le recours au hawala – un système de change informel qui échappe au contrôle fiscal (voir encadré).

Des documents de la Brigade nationale de la police judiciaire marocaine indiquent que M. Tounarti fait l’objet d’une « recherche nationale » en vue d’une arrestation à chaque fois qu’il entre au Maroc. Les documents mentionnent également une demande de mandat d’arrêt international de la part des autorités marocaines.

Victimes collatérales québécoises

Le mécanisme de transfert d’argent dont bénéficierait M. Tounarti est décrit en détail dans un jugement marocain condamnant un Canado-marocain, Redouane Benallal, à trois ans de prison pour sa participation au stratagème d’extorsion.

M. Benallal a été «pris en flagrant délit» en décembre dernier alors qu’il tentait de collecter de l’argent au Maroc auprès d’un homme d’affaires à qui Tounarti aurait demandé 250 000 dirhams (33 600 dollars canadiens) en échange de la non-publication d’informations sensibles.

Cette victime a immédiatement dénoncé le stratagème auprès des policiers marocains, qui ont trouvé sur M. Benallal un permis de conduire québécois et 20 000 dirhams lors de son interpellation, indiquent des documents judiciaires.

Selon l’enquête, l’argent du chantage a été versé par M. Benallal en dirhams sur le compte bancaire marocain d’un de ses amis résidant à Montréal, Mohamed Rmili.

Par la suite, M. Rmili a indiqué avoir rencontré « quatre ou cinq fois » Abdelmejid Tounarti pour lui remettre 5 000 dollars en espèces, mais sans savoir pourquoi. «Ils m’ont dit que c’était pour importer et exporter des produits alimentaires, comme l’huile d’olive. Ils ne m’ont pas donné plus de détails, je voulais juste rendre service », dit-il.

M. Tounarti nie avoir reçu ces sommes de Mohamed Rmili.

Les comptes bancaires marocains de M. Rmili ont été gelés dans le cadre de l’enquête marocaine.

Plainte au SPVM

Ces derniers jours, le fils de Redouane Benallal, Youssef, a porté plainte au SPVM, se disant lui-même victime d’extorsion de la part d’Abdelmejid Tounarti.

Il dit avoir fourni au SPVM des relevés bancaires de BMO démontrant qu’il a personnellement versé 7 800 $ à M. Tounarti. « Quelques semaines avant d’être arrêté, mon père m’a demandé de transférer cet argent à Tounarti sans me dire pourquoi. Il était très stressé et m’a dit que c’était compliqué”, raconte Youssef Benallal.

M. Tounarti a raccroché lorsque La presse l’interrogea sur ces transactions.

Youssef Benallal affirme qu’une fois son père incarcéré, Abdelmejid Tounarti a exigé 220 000 dirhams à la compagne de son père, qui vit également au Maroc, en menaçant de publier des informations le concernant sur Lfercha. Cette affirmation est corroborée par un message texte provenant du téléphone canadien de M. Tounarti, dont Youssef a fourni une capture d’écran à La presse.

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PHOTO OLIVIER JEAN, LA PRESSE

Youssef Benallal, qui se dit victime d’extorsion de la part d’Abdelmejid Tounarti

On m’a expliqué que la police ne peut pas faire grand-chose parce que mon père n’est pas en mesure de témoigner et que ma belle-mère n’est pas au Canada. Il leur suffit d’appeler la police marocaine et elle aura une vue d’ensemble de la situation. [Abdelmejid] Tounarti fait l’objet de centaines de plaintes au Maroc.

Youssef Benallal, victime présumée

Février dernierLa presse a rapporté le cas d’un autre Canadien-Marocain de la région de Gatineau qui s’est vu confisquer son passeport et lui interdire de quitter le Maroc pendant près de trois mois. Cette personne, qui avait transféré de l’argent à M. Tounarti à partir de son compte Desjardins, a fini par être disculpée par les autorités marocaines après avoir démontré qu’il s’était impliqué dans le stratagème à son insu.

Selon nos informations, cet homme aurait refusé de porter plainte auprès des autorités policières canadiennes à son retour au Canada.

Lire « Depuis le Québec, il échappe à la justice marocaine »

Qu’est-ce que le hawala ?

Le hawala est une méthode informelle de transfert de fonds, largement utilisée par les membres des diasporas, pour contourner les limites imposées aux transferts en monnaie nationale et échapper au regard des autorités fiscales. Il est basé sur la confiance, mais peut contrevenir aux Loi sur le blanchiment des produits du crime et le financement du terrorisme.

Une personne du pays « A » qui souhaite transférer une somme à une autre personne du pays « B » trouve un intermédiaire de confiance qui a accès à un compte bancaire dans chacun des deux pays. Comme cet intermédiaire se déplace d’un pays à l’autre et a besoin de liquidités dans les deux pays, il profite du transfert d’argent entre différents individus qui se trouvent dans chacun d’eux. La preuve que le transfert a bien été effectué se fait généralement par des photos de transactions envoyées à des applications de messagerie instantanée telles que Messager Ou WhatsApp.

Denis Meunier, consultant en prévention de la fraude et spécialiste du blanchiment d’argent, souligne toutefois que quiconque participe à un hawala sans être inscrit comme « entreprise de services monétaires » auprès du Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE) risque jusqu’à 250 000 $. des peines et deux ans de prison.

« Le hawala peut se faire légitimement, à condition d’être enregistré auprès de CANAFE et de nous soumettre à toutes sortes d’obligations », insiste-t-il.

 
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