LL’Île de Beauté présente des bienfaits pour la santé. Et elle a l’intention de le claironner. Clémentines, pomelos, citrons, oranges, la farandole d’agrumes s’y est heureusement acclimatée. Une explosion de vitamines C. C à l’image de la Corse.
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Cette spécificité a été quasiment éradiquée. «Lorsque l’Espagne est entrée dans le marché commun, le rouleau compresseur de la concurrence a menacé d’écraser la filière corse», explique Eric Imbert, du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD). Tentés un temps d’arracher les vergers, les Corses choisissent de réagir. Ils décident de segmenter leur production pour se démarquer. La clé d’entrée n’est autre que l’indication géographique protégée (IGP).
Le pomelo l’a remporté en 2014, sept ans après la clémentine. « Aujourd’hui, 60 producteurs exploitent 220 hectares de vergers, dont la moitié en bio, pour une production annuelle comprise entre 4 500 et 5 000 tonnes de pomelo », souligne Jean-Paul Mancel, président de l’Association pour la promotion et la défense de la clémentine corse mais aussi d’autres agrumes. Basé à Valle-di-Campoloro (Haute Corse), il cultive 1 hectare de pamplemousse à côté de ses 15 hectares de clémentines.
Une fenêtre de tir juteuse
Le pamplemousse corse se glisse habilement sur les étals entre mars et juin. Il bondit dans l’espace laissé entre la vague hivernale de fruits jaunes à chair rose en provenance des pays méditerranéens, comme l’Espagne ou Israël, et la vague estivale arrivant d’Afrique du Sud, du Mexique ou des États-Unis. Uni. Une fenêtre de tir juteuse pour cet agrume. « Les producteurs reçoivent 60 à 70 centimes le kilo et le pamplemousse coûte 1 euro pièce sur l’étal », précise M. Mancel. Pomelo, l’or rose de Corse.
Sur les marchés mondiaux, le prix du pamplemousse est également élevé. « Le prix d’un colis de 15 kilos est passé de 10 à 15 euros », précise M. Imbert. Il souligne toutefois que cette revalorisation cache une réalité moins rose. « Le marché mondial du pamplemousse s’est effondré, passant d’un volume commercial de 800 000 tonnes en 2015 à 530 000 tonnes en 2023. » Pour comprendre ce trou d’air, il faut se tourner vers la Floride, terre idéale pour ce fruit tropical. L’attaque du dragon jaune, maladie qui a envahi ses vergers il y a une vingtaine d’années, a assombri le tableau. La production de pomelo de Floride s’est tarie, passant de 1,5 million à 100 000 tonnes, selon le Cirad. Désormais, la première place mondiale est partagée entre le Mexique et l’Afrique du Sud avec 400 000 tonnes chacun. Dans le même temps, la consommation a diminué. Notamment aux Etats-Unis, où le risque d’interaction entre certains médicaments et le jus de pomelo a été mis en avant.
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