premières expériences traumatisantes sur le marché du travail

La mobilité du travail et la demande croissante de jeunes pour occuper des postes s’accompagnent d’un risque : des adolescents mal encadrés qui se blessent, parfois gravement, au travail.

Mains écrasées, brûlures, coupures, plusieurs jeunes travailleurs ont raconté à l’Agence QMI avoir été blessés lors de leur première expérience sur le marché du travail.

Peu après avoir été embauché dans une épicerie de la Montérégie, Noa Konzola, 14 ans, s’est coupé en nettoyant le hachoir à viande du rayon boucherie. “J’ai eu mal… J’ai vu qu’il y avait une grosse tache de sang, j’ai tourné mon pouce et j’ai vu qu’il était encore bien ouvert”, a-t-il raconté. dire.

Photo : Marie-Laurence Delainey, Agence QMI

Ses parents déplorent avoir dû faire remplir un formulaire de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).

« Son employeur ne lui avait pas expliqué quoi faire s’il se blessait au travail. Je l’ai ramené au travail. Quand nous y sommes allés, c’est une jeune fille qui nous a dit qu’elle allait récupérer le formulaire, mais finalement elle ne savait pas où il se trouvait. Elle nous a dit de revenir le lendemain », explique le beau-père de Noa, Frédéric Dame.

Lorsqu’un travailleur se blesse, l’employeur et l’employé ont chacun des documents de la CNESST à remplir. Par exemple, le gestionnaire doit inscrire l’événement dans un registre des accidents le plus rapidement possible.

La CNESST rappelle également que le patron doit d’abord informer les jeunes travailleurs des risques liés à leur emploi en plus de les former et de les encadrer.

La mère de Noa, Daniella Freixinos, dénonce le manque de suivi auprès de son fils. « Il a trouvé ses propres moyens pour réutiliser cette machine, car personne n’est venu lui expliquer après l’accident. C’est une chance qu’il y parvienne. Il travaille sans surveillance, ce n’est pas rassurant pour nous, les parents, de savoir ça.

Photos : Marie-Laurence Delainey, Agence QMI

Selon les données de la CNESST, en 2022, le nombre de jeunes de 16 ans et moins accidentés au travail a plus que doublé par rapport à 2018. Les accidents se sont produits principalement dans les secteurs du commerce de détail et de la restauration.

Brûlures au deuxième degré causées par l’huile de friteuse

Alors qu’elle travaillait dans une rôtisserie, une jeune fille de 15 ans qui souhaitait garder l’anonymat par crainte de nuire à son ex-employeur s’est brûlée après qu’on lui ait demandé de nettoyer une friteuse. « J’ai dit que je ne savais pas comment faire et on m’a dit de simplement laver les résidus. Ils ne me l’ont pas expliqué davantage.


Photo de courtoisie.

Elle a utilisé le mauvais récipient et la casserole en métal remplie d’huile bouillante lui a glissé des mains. « Je n’ai jamais remarqué qu’ils prenaient un pichet et non une bouilloire. Cela m’a coulé sur la main. Quand j’ai vu ma peau se plisser, j’ai eu vraiment peur », a-t-elle déclaré.


Photo de courtoisie.

Elle a subi des brûlures au deuxième degré et a dû s’absenter du travail pendant trois semaines. Son père, lui-même dirigeant dans une entreprise, affirme avoir dû insister auprès du gérant pour qu’il déclare l’accident.

« Nous avons dû retourner au travail pour demander les documents. Ce n’est pas compliqué, ils n’ont pas voulu le déclarer, car il fallait qu’elle soit indemnisée”, a-t-il affirmé.

Lorsque l’employeur déclare un accident de travail, le coût des prestations versées à l’employé peut effectivement avoir un impact sur les primes d’assurance de l’entreprise selon la CNESST.

Écrasé à la main dans une machine à rouler les pizzas

La pizzéria Stratos de L’Ancienne-Lorette a dû payer une amende de 4 074 $ à la suite d’un accident de travail survenu en mai 2023. L’un des employés, Loïc Discuteanu, s’est blessé alors qu’il utilisait une lamineuse à pizza qui sert à aplatir la pâte. En essayant d’enfoncer la pâte dans l’appareil, la main du jeune de 15 ans a glissé et s’est retrouvée écrasée, coincée dans le mécanisme.


Photo gracieuseté.

« J’ai vu mes doigts, ils étaient violets et noirs. Ma main était aussi fine que le bout de mon petit doigt. Les pompiers sont arrivés. L’ambulancier m’a stressé, il m’a dit que ma main était peut-être complètement écrasée. Mais nous avons fait mes radiographies, ils m’ont dit que vous n’aviez rien”, a-t-il déclaré.


Photo : Marie-Laurence Delainey, Agence QMI

Son patron, Éric Genest, a rapidement corrigé le dispositif en ajoutant un protecteur pour empêcher qu’une main puisse passer. Peu importe les conséquences financières, l’important pour lui était de respecter ses obligations et que son employé n’ait aucune conséquence.

« Je ne sais pas si j’aurais continué à travailler [s’il avait gardé des séquelles]. Ce qui est le plus important pour un employé… c’est justement le rapport de la CNESST. Même s’il n’a rien sur la main, dans six, sept ans, il commence à avoir des douleurs et c’est lié à cet accident, c’est quand même couvert par la CNESST.


Photos : Marie-Laurence Delainey, Agence QMI

Piqué par une seringue en nettoyant la table

Durant la semaine de relâche, une adolescente travaillant comme hôtesse dans un restaurant de déjeuners du Bas-Saint-Laurent s’est fait piquer par une seringue sale qui traînait sur la table qu’elle nettoyait.

« Il y avait du sang sur la seringue. Je connais les risques. Mais à l’époque, on court un peu comme des poules sans tête. Je n’ai pas eu le réflexe de quitter le travail. J’ai reçu les soins nécessaires, j’ai eu de la chance, je n’avais rien », explique la jeune fille qui préfère aussi taire son nom par respect pour son employeur qui l’a « bien accompagnée » dans ses démarches.


Photo de courtoisie.

Moins de blessés en 2023

Le nombre de travailleurs âgés de 16 ans et moins qui ont été blessés l’an dernier sera dévoilé dans quelques jours lorsque la CNESST et le ministre du Travail, Jean Boulet, rendront publiques les données de 2023. Sans pouvoir le quantifier, une baisse est attendue. prévisionnelle par rapport à 2022.

Le ministre Boulet attribue cette diminution à la Loi sur l’encadrement du travail des enfants entrée en vigueur l’an dernier. Depuis un an, les jeunes de 14 ans ne peuvent pas travailler sauf quelques exceptions et il est interdit aux adolescents de 14 à 16 ans de travailler plus de 17 heures par semaine.

Quant aux employeurs qui n’encadrent pas ou peu leurs employés comme mentionné dans l’article précédent, Jean Boulet souligne le rôle des parents dans le processus. “Nous devons nous rappeler l’importance de la responsabilité parentale.” Il rappelle également que des ressources à la CNESST sont disponibles pour aider les entreprises à respecter leurs obligations.

 
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