Vidéos AFP – France
Au procès des viols de Mazan, la parole tant attendue de Dominique Pelicot
Ne pas « fuir », « s’expliquer » : accusé d’avoir drogué, violé et fait violer sa femme par des dizaines d’hommes recrutés sur internet, Dominique Pelicot doit s’exprimer mardi à Avignon, pour la première fois depuis l’ouverture de son procès. Si sa santé le lui permet. « Depuis le début, il me dit qu’il attend ce procès. Depuis le début, il me dit qu’il s’expliquera », a répété lundi son conseil, Me Béatrice Zavarro, lors d’une pause dans l’audience, au sixième jour de ce procès qui s’est ouvert le 2 septembre devant le tribunal correctionnel du Vaucluse et doit durer quatre mois. « C’est la première chose qu’il m’a dite ce matin, qu’il voulait absolument être là demain, qu’il n’a pas l’intention de fuir », a insisté l’avocat du septuagénaire, excusé de l’audience lundi en raison de douleurs intestinales. « Il expliquera les raisons pour lesquelles il a fait ça. “Il s'expliquera, il se justifiera, s'il en fallait encore une justification (de ce qu'il a fait), parce que c'est impardonnable”, a déclaré la semaine dernière à l'AFP Me Zavarro. Dominique Pelicot, qui avait suivi jusque-là les débats sans réagir, parfois recroquevillé sur lui-même, devrait être entendu à partir de 16 heures. Et son interrogatoire pourrait durer jusqu'à tard mardi soir, tant le tribunal, les avocats des parties civiles et ceux de ses 50 coaccusés auront de nombreuses questions à lui poser. Si nécessaire, son audition pourrait se poursuivre mercredi, a indiqué lundi soir le président du tribunal Roger Arata : “M. Pelicot a été pris en charge aujourd'hui (NDLR : lundi), il est retourné à la maison d'arrêt. On ne m'a donné aucune précision sur les soins qu'il a reçus et pas plus d'informations sur le fait qu'il y sera demain”. De leur côté, les experts entendus lundi ont déjà alerté sur les propos que pourrait tenir ce « manipulateur » : « Même s'il s'excusait, le problème c'est qu'il est divisé, avec zéro empathie », prévient le Dr Paul Bensussan, psychiatre. – « Aucune propension à la sincérité » – « On ne peut pas compter sur M. Pelicot, il ment, se contredit » et « s'adapte au fur et à mesure », « il n'y a aucune propension à la sincérité » chez lui, insiste-t-il. D'autres experts entendus lundi ont également évoqué la propension du principal accusé « à considérer l'autre comme un objet manipulable ». « Il ne livre qu'une partie de la vérité quand il est mis au pied du mur », accuse jeudi sa fille, Caroline Darian (NDLR : son nom de plume sous lequel elle a publié en avril un livre, « Et j'ai arrêté de t'appeler »), assurant ne plus rien croire de celui qu'elle désigne désormais comme son « géniteur », ou « M. Pelicot ». Avant d'entendre mardi Dominique Pelicot, le tribunal correctionnel du Vaucluse, composé de juges professionnels, a entendu jeudi son ex-femme, dont il est officiellement divorcé depuis le 22 août. « En 50 ans, je ne l'ai jamais vu prononcer une phrase déplacée à propos d'une femme ou employer des mots obscènes », a-t-elle assuré, lors d'un témoignage émouvant, racontant ce « séduisant jeune homme, pull marin, cheveux longs » dont elle était « tombée amoureuse » à l'été 1971, formant avec lui « un couple fusionnel », sans « lutte de pouvoir ». Elle pourrait être à nouveau entendue mercredi matin. Avant que le principal accusé ne s'exprime, le tribunal correctionnel devrait d'abord entendre dans la matinée Stéphan Gal, le deuxième directeur d'enquête de cette affaire hors norme avec Jérémie Bosse Platière, interrogé la semaine dernière. Puis ce devrait être le tour de l'expert informatique, qui avait été chargé de fouiller les ordinateurs, disques durs, téléphones et autres clés USB du principal accusé, dans lesquels avaient été retrouvées les milliers de photos et vidéos des viols de Gisèle Pelicot. Les auditions de ses deux fils David et Florian, de son gendre Pierre P., et de son frère, Joël Pelicot, médecin généraliste à la retraite, initialement prévues lundi après-midi, n'ont pas encore été reportées.siu-dac/ol/lpa
