Le gouvernement espagnol se dit « vigilant »

Le gouvernement espagnol se dit « vigilant » concernant l’offre publique d’achat (OPA) actuellement négociée par la société émirienne Taqa, pour Naturgy, la plus grande entreprise espagnole de gaz et d’électricité. Le gouvernement, qui laisse la porte entrouverte à une éventuelle entrée directe au capital de l’entreprise énergétique Naturgy, chercherait également à promouvoir d’autres options pour maintenir le contrôle d’entreprises stratégiques, comme Naturgy, à travers des sociétés privées espagnoles.

Selon El périodique, le gouvernement espagnol disposerait de leviers qui incluent l’entrée au capital des entreprises, mais aussi la recherche d’investisseurs partageant les mêmes idées ou de mini-fonds souverains pour les investissements étrangers. Les médias indiquent que « la nouvelle politique industrielle du gouvernement espagnol s’inscrit dans le cadre européen d’autonomie stratégique ouverte », avec certaines doses de protectionnisme et d’intervention.

Ainsi, selon le principe général de « l’autonomie stratégique ouverte » de l’Union européenne (UE), le gouvernement espagnol, souligne la même Source, propose une nouvelle politique industrielle qui inclut certaines doses de protectionnisme, ce qui l’a conduit, par exemple, à décider du retour de l’État au capital de Telefónica, 27 ans après la privatisation définitive de l’opérateur. Le rejet de l’offre publique d’achat lancée sur le constructeur espagnol de trains à grande vitesse (Talgo) par la société hongroise Magyar Vagon en est un autre exemple. « Le concept d’autonomie stratégique ouverte de l’UE vise à renforcer et à sécuriser les capacités de production internes de l’UE, en particulier dans les secteurs considérés comme critiques.

L’objectif est de garantir que l’Europe puisse maintenir sa souveraineté dans les décisions stratégiques sans être excessivement vulnérable aux pressions extérieures, comme le résume le rapport annuel 2023 sur la sécurité nationale récemment publié », souligne El Périodico. Selon l’agence de presse espagnole EFE, le gouvernement espagnol surveille actuellement l’opération lancée par l’émirati Taqa. L’agence indique que « les ministres de l’économie du PSOE se disent vigilants dans la défense des intérêts stratégiques de l’Espagne, tandis que la coalition politique espagnole Sumar a exigé que l’État empêche cette acquisition en entrant dans Naturgy avec des capitaux publics, à travers la Société industrielle de participation de l’État (SEPI) ».

Perte de contrôle

La deuxième vice-présidente et ministre espagnole du Travail, Yolanda Díaz, a envoyé une lettre à plusieurs membres de l’Exécutif, dont le président Pedro Sánchez, dans laquelle elle demande la « paralysie » de l’éventuelle offre publique d’achat de Taqa, étant donné le rôle important de Naturgy dans un secteur stratégique comme l’énergie. La coalition Sumar souhaite, selon son porte-parole au Congrès, Íñigo Errejón, que « le gouvernement oppose son veto » à une opération qu’elle considère comme une « menace pour les intérêts stratégiques du pays, pour sa souveraineté et pour la sécurité nationale ».

La troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique, Teresa Ribera, a insisté, ces derniers jours, souligne EFE, qu’il était « prématuré » de considérer si l’État devait entrer dans Naturgy, tandis que la première vice-présidente, María Jesús Montero, a assuré que l’Exécutif travaille « avec discrétion et calme » à la sauvegarde des intérêts nationaux. “L’offre publique d’achat sur l’énergéticien espagnol, qui pourrait dépasser les 20 milliards d’euros, serait la plus importante en Espagne depuis celle lancée par Enel et Acciona sur Endesa il y a près de 20 ans”, ajoute la même Source.

Ces dernières heures, la possibilité que Criteria, l’un des principaux actionnaires de Naturgy, s’associe à Taqa pour faire une offre d’achat commune, qui permettrait à l’entreprise de conserver son identité espagnole, s’est renforcée au cours de la marche. Criteria admet des conversations « préliminaires » avec un investisseur pour Naturgy. Le gouvernement espagnol obtiendrait ainsi la garantie qu’il existe un actionnaire espagnol de référence ayant du poids au sein du conseil d’administration. Taqa a confirmé il y a quelques jours être en pourparlers avec les principaux actionnaires de Naturgy : Criteria Caixa, la société d’investissement de La Caixa, qui détient 26,7% du capital ; le fonds britannique CVC (20,7%) et le fonds américain GIP (20,6%), récemment acquis par BlackRock.

La société d’Abou Dhabi Taqa étudie une offre publique d’achat sur 100 % de Naturgy, mais précise qu’il n’y a toujours pas d’accord. Les Émirats sont déjà présents dans le secteur énergétique espagnol, où leur fonds d’investissement souverain Mubadala Investment Company contrôle 63% de la compagnie pétrolière Cepsa.

Depuis 2020, Mubadala détient également une participation de 3,1 % dans Enagás, la société de transport de gaz naturel et gestionnaire technique du système gazier espagnol, ce qui en fait le cinquième actionnaire.

 
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