« J'aborde cette période, cette nouvelle page, avec beaucoup d'humilité. » Quelques heures seulement après sa nomination au poste de Premier ministre, Michel Barnier était dans la cour de l'Hôtel Matignon pour la passation de pouvoir avec son prédécesseur Gabriel Attal, resté en poste pendant huit mois. Le nouveau chef du gouvernement, s'exprimant après le Premier ministre sortant – qui a été très chaleureusement applaudi – a estimé que la France se trouvait « dans un moment grave ».
« J’aurai l’occasion, dans quelques jours, devant le Parlement, d’énoncer les grandes priorités législatives et les propositions du gouvernement. Il s’agira de répondre autant que possible aux défis, à la colère, à la souffrance, au sentiment d’abandon et d’injustice trop présents dans nos villes, nos quartiers et nos campagnes », a déclaré Michel Barnier, énumérant quelques priorités : « l’accès aux services publics, la sécurité au quotidien, la maîtrise de l’immigration », mais aussi « le travail et le niveau de vie des Français ».
« Plus d’action que de paroles »
« Il y aura aussi des changements et des ruptures dans cette nouvelle page », a-t-il promis, sans donner plus de détails. « Nous agirons plus que nous ne parlerons pour trouver des solutions qui fonctionnent », a-t-il déclaré devant plusieurs dizaines d'invités réunis dans la cour de Matignon, parmi lesquels les ministres sortantes Aurore Bergé et Catherine Vautrin.
« Il faudra enfin beaucoup d’écoute et de respect, d’abord entre le gouvernement et le Parlement, respect de toutes les forces politiques qui y sont représentées, respect aussi des partenaires sociaux et des élus locaux », a déclaré Michel Barnier. Une manière de marquer son empreinte.
Après des mois de consultations, l'ancien ministre de droite et commissaire européen apparaît comme le seul candidat à Matignon susceptible d'échapper à une motion de censure. Alors que la gauche dénonce sa nomination comme un déni de démocratie, le Nouveau Front populaire étant arrivé en tête des législatives anticipées, le RN, premier parti politique à l'Assemblée nationale, a fait savoir qu'il ne censurerait pas le nouveau chef du gouvernement sur son seul nom.
L'État de la France
Le nouveau Premier ministre a une nouvelle fois promis aux Français « la vérité », « d’abord sur la dette financière et la dette écologique qui pèsent déjà lourdement sur les épaules de nos enfants », alors que le déficit public devrait enregistrer un nouveau dérapage en 2024. Mais aussi « la vérité sur la manière d’accroître le poids de notre pays en Europe, sur le rôle essentiel tenu et joué par les acteurs du monde de l’économie, les grandes entreprises industrielles, les entreprises du monde agricole. »
« Je pense aux Français de métropole, aux Français d’outre-mer, aux Français de l’étranger qui, quels que soient leurs votes ou quelles que soient leurs sensibilités, expriment aujourd’hui un besoin de respect, d’unité et d’apaisement. Je ferai tout pour être à la hauteur de leurs attentes et de leurs espoirs », a-t-il conclu, sans citer ni remercier à aucun moment le président de la République.
