En Argentine, Worldcoin distribue gratuitement sa cryptomonnaie contre un scan de l’iris

En Argentine, Worldcoin distribue gratuitement sa cryptomonnaie contre un scan de l’iris
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La cryptomonnaie Worldcoin, dotée d’un système de vérification basé sur la reconnaissance de l’iris et lancée en juillet 2023 par OpenAI.

JUAN MABROMATA/AFP

Un réseau d’identification

Des profils comme Juan Sosa, l’AFP en a rencontré beaucoup dans les files d’attente des stands Worldcoin de la capitale (le pays en compte 250) où de jeunes opérateurs enchaînent les enregistrements d’iris avec l'”orbe” (sphère), le dispositif biométrique. Pour Worldcoin, il ne s’agit pas d’une « transaction » iris contre argent. Mais premiers pas vers la construction « du plus grand réseau financier et d’identification au monde respectueux de la vie privée ».

L’iris représente une sorte de passeport numérique fonctionnant grâce à la « blockchain »

L’iris représente une sorte de passeport numérique fonctionnant grâce à la « blockchain » (chaîne de blocs numérique) permettant aux utilisateurs de prouver leur identité en ligne sans partager de données personnelles. Avec, à l’horizon, l’espoir d’un revenu universel libellé en cryptomonnaie. Le système de vérification basé sur la reconnaissance de l’iris du Worldcoin, un projet lancé en juillet 2023 par le patron d’OpenAI (société à l’origine de l’intelligence artificielle ChatGPT), Sam Altman, est scruté de près par les régulateurs de plusieurs pays, qui s’inquiètent de la protection des données. . Ainsi, en mars, l’Espagne, puis le Portugal, ont ordonné à Worldcoin de suspendre cette collecte le temps de mener une enquête.

Des investigations « normales »

Mais dans l’Argentine d’aujourd’hui, avec une inflation de 211 % en 2023 et une cure d’austérité sous l’ultralibéral Javier Milei en 2024, Worldcoin cartonne : au début de l’année, 500 000 personnes, soit plus de 15 % des 3 millions dans le monde qui “livrés” leur iris, étaient des Argentins, selon les données de l’entreprise en janvier. “Pour beaucoup de gens, les choses vont très mal, ils ne peuvent plus le faire avec un salaire, c’est pour ça qu’ils font ce genre de choses”, explique Miriam Marrero, caissière de 42 ans, en désignant l’orbe qui vient de je l’ai scanné. Elle a également cédé pour l’argent, en l’occurrence pour donner un coup de main à un ami.


Ces derniers mois, des centaines de milliers d’Argentins se sont tenus devant un orbe Worldcoin pour scanner l’iris de leurs yeux.

JUAN MABROMATA / AFP

La société assure que « la sécurité et la confidentialité » sont des priorités et que « l’orbe » dispose de fonctionnalités de sécurité robustes pour empêcher l’usurpation d’identité, la falsification ou le piratage. » Tiago Sada, chef de produit chez Tools for Humanity, la holding californienne derrière Worldcoin, assure également avoir « un dialogue ouvert avec les régulateurs ». [de chaque pays] sur l’aspect financier ainsi que sur la confidentialité. Les investigations en cours « pour vérifier que les engagements sont respectés sont tout à fait normales », estime-t-il. Comme celui réalisé en Argentine par l’AAIP, l’Agence pour l’accès à l’information publique, qui garantit la transparence et la protection des données.

La magie de la sphère

Il n’en demeure pas moins que les données biométriques comme l’iris, propres à chaque humain, sont « ultrasensibles », insiste Natalia Zuazo, analyste et consultante numérique de l’agence Salta Agencia. « Je ne pense pas que les gens comprennent les implications, mais beaucoup le font par nécessité » dans un pays où le salaire minimum tourne autour de 220 dollars. « Et il y a aussi une notion de magie générée par la sphère, une curiosité. »

Pour les Porteños qui font immortaliser cette membrane oculaire, de nombreuses questions demeurent. “L’iris est quelque chose d’unique, je ne sais pas qui possède ces données, cela m’inquiète un peu”, reconnaît Ulises Herrera, étudiant de 20 ans. Qui aussi ne l’aurait pas fait sans urgence économique. Mais de nombreux Argentins en difficulté ne sont guère observateurs. « Cela fait des années que je communique mes données personnelles à de nombreuses entreprises. Au moins, ils me donneront de l’argent ! » ricane Federico Mastronardi, musicien de 33 ans sans le sou.

 
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