Tensions sociales chez Inovie à Montpellier après la diffusion de Cash Investigation de 2 sur les « profiteurs de la crise »

Tensions sociales chez Inovie à Montpellier après la diffusion de Cash Investigation de 2 sur les « profiteurs de la crise »
Tensions sociales chez Inovie à Montpellier après la diffusion de Cash Investigation de France 2 sur les « profiteurs de la crise »

L’émission Cash Investigation intitulée « Profiteurs de crise », diffusée jeudi 22 février à 21h10 sur 2, a fait l’effet d’une bombe sur les syndicats et les salariés du groupe Inovie, dont le siège est à Montpellier.

« C’est une question de rentabilité plutôt que de relations de qualité avec les patients. Désormais, ce sont des clients. » résume un salarié placé en arrêt maladie, « avant l’enquête sur les espèces ». Ce mardi 5 mars, soit quinze jours après la diffusion du magazine sur France 2, une rencontre avec la direction a été demandée par l’intersyndicale pour évoquer les questions soulevées par l’enquête télévisée. Sans masque !

Le magazine réalisé par Claire Tesson intitulé « Crisis Profiteers » met en avant l’enrichissement de certaines entreprises grâce aux crises, du Covid à la guerre en Ukraine. Dans le viseur : des fournisseurs d’énergie et de grands groupes d’analyses médicales, dont Inovie et ses filiales, basées à Montpellier, présidées par Georges Ruiz, fondateur en 2010 du Labosud, acteur majeur de la biologie française indépendante, composé de biologistes en exercice.

« La grenouille veut être aussi grosse que le bœuf ! »

Labosud du groupe Inovie, Eurofins, Cerba, Synlab, Unilabs et Biogroup : six grands groupes se partageaient les tests PCR au moment de la pandémie, alors pris en charge à 100 % par l’Assurance Maladie. Une aubaine, pour certains. Un devoir pour les autres ! Au temps de tout ce qu’il en coûte, au tarif de 73 € par examen au plus fort de la pandémie, « Le chiffre d’affaires a fait un bond insensé, l’argent public a coulé librement »résume Isabelle Lamrous, déléguée syndicale CGT Labosud. « C’est là que commence l’histoire de la grenouille qui veut devenir aussi grosse que le bœuf, au nom de la croissance externe !

“Je ne comprends pas comment M. Ruiz, qui a débuté dans un petit laboratoire, qui a grandi avec ses employés, est devenu si inhumain”murmure une secrétaire. “L’émission m’a fait apprécier les profits et la pression de la direction qui cherche à atteindre ses 31% de marge et à payer le moins de cotisations sociales possible.”

Pour Inovie, 2020 marque le moment d’ouvrir son capital aux fonds d’investissement étrangers. « Aujourd’hui Ardian et trois autres fonds détiennent 60 % du capital » affirme le syndicaliste, ce que dément la direction qui affirme être restée majoritaire (lire ci-dessous). « Les biologistes ont vendu de toutes leurs forces leurs actions Labosud pour réinvestir dans Inovie, actions qui étaient valorisées à 320% », souligne un technicien. Une cagnotte pour les indépendants du Labosud : “C’est comme jouer à la loterie”, témoigne l’un d’eux dans l’émission.

Une course effrénée à la rentabilité ?

Depuis, les salariés disent vivre une course à la rentabilité et un « plan social déguisé » ce qui aurait permis à l’entreprise de licencier 1 000 de ses 7 500 salariés, comme le rapporte Cash Investigations (lire ci-dessous). « Il a fallu rééquilibrer les comptes après la pandémie. Cela avait été annoncé par la direction. On pensait à des CDD non renouvelés. Avec le regroupement des filiales, on ne savait pas combien. Labosud, c’était 1 350 personnes, bien loin des 7 500 qui allaient former le groupe Inovie ».

C’est en novembre 2023 que les syndicats « réalisent » les bénéfices. « Le bénéfice en 2021 est de 245 millions d’euros (pour un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros) et de 175 millions d’euros en 2023. Ils profitent de cette baisse pour justifier les départs, mais entre 2019 et 2021, les bénéfices du groupe ont été multipliés par 3 !

“A la fin du Covid, les CDD n’ont certes pas été renouvelés, mais les maltraitances, les pressions, les souffrances au travail se sont généralisées.” Le groupe se serait alors lancé dans une course à la rentabilité, “au détriment des salariés et parfois des patients”, nous insistons.

Au cœur du malheur : des répercussions jugées toxiques liées à une quête de rentabilité excessive « conditions de travail dégradées, effectifs trop réduits, flux serrés, optimisation des effectifs, départs et absences non remplacés, mobilités contraintes… ».

« On chronomètre les techniciens : 3 minutes par patient !

Une secrétaire en arrêt maladie affirme avoir signé un avenant à son contrat en 2020, contenant « une clause de mobilité de 60 km de son lieu de rattachement. C’était ça ou la porte. Le transfert qui vient de m’être imposé m’oblige à dépenser 240 € par mois en frais de carburant et d’autoroute. Avec un salaire net de 1 600 €, deux enfants à la maison, c’est impossible quand je travaille à proximité de chez moi. J’aime mon travail mais aujourd’hui, je pourrais être licencié pour mauvaise conduite. Certains vivent à Sommières et sont envoyés à Sète.

“Avant”explique un employé, « Il y avait des valeurs. Aujourd’hui, on chronomètre les techniciens, c’est trois minutes avec un patient pas plus. On ne fait plus de prélèvements sur les personnes âgées à domicile, je n’avais jamais vécu ça.»

« Ils ont pu s’enrichir grâce à notre travail. On a travaillé 24 heures sur 24 pour le Covid, et aujourd’hui on nous jette, c’est horrible.»

“A défaut d’une rencontre fructueuse”c’est un mouvement social national qui se dessine. « De nouveaux laboratoires ouvrent leurs portes pour faire face à une concurrence pressante. Nous ne suivrons pas le rythme », prévient Isabelle Lamrous. Le mécontentement pourrait bien devenir… viral et hautement contagieux.

La direction du Groupe Inovie précise

MODÈLE : La direction précise qu’Inovie est le seul grand groupe de biologie médicale en France indépendant. Elle est gérée par des biologistes médicaux, professionnels de santé, propriétaires de leurs outils de travail, et qui disposent de la majorité du capital et de 75 % des droits de vote. Grâce à son modèle, Inovie compte désormais 650 laboratoires, alors que nous n’en avions que 400 en 2020, et prend en charge 100 000 patients chaque jour contre 50 000 en 2020.

LA MAIN D’OEUVRE: Nous avons répondu à l’ordre de l’État : 700 000 tests par semaine à partir de juillet 2020, ce qui a mécaniquement entraîné un pic d’activité. Ce pic a nécessité le recrutement important mais temporaire de CDD incluant des salariés non autorisés à travailler en dehors du dépistage Covid. Depuis le 1er août 2022, la loi mettant fin à l’état d’urgence a mis fin du même coup à cette dérogation exceptionnelle et à ces contrats.

 
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