Le PDG de Dassault Aviation doute que le Scaf soit prêt pour 2040. Il annonce que le Rafale F5 en préparation sera opérationnel encore 30 ans et sera compatible avec le drone de combat nEUROn.
Mercredi, Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, a été longuement interrogé par la commission sénatoriale des affaires étrangères, de la défense et des armées. Il s’agissait de savoir comment le groupe aéronautique allait s’organiser avec la LPM 2024-2030 qui prévoit un étalement des commandes pour le Rafale, mais aussi sur l’avancée du Scaf, l’avion du futur conçu en partenariat avec l’Allemagne. et l’Espagne.
Pour le Rafale, les commandes françaises sont reparties cette année avec la livraison de 13 appareils, puis 13 autres en 2024, 12 en 2025 et 1 en 2026.
“Cela va fermer les avions français que nous avions depuis longtemps dans notre carnet de commandes. En 2023, une nouvelle commande de 42 appareils devrait arriver avec 30 prévus de longue date, mais retardés et les 12 appareils d’occasion vendus à la Croatie”, détaille le dirigeant, assurant être en mesure d’augmenter encore les cadences de production.
« 2040 est une date très optimiste ».
En parallèle, l’avionneur travaille sur les évolutions du Rafale ainsi que du Scaf. La phase 1B, pour la conception du démonstrateur, a débuté en début d’année.
“Notre objectif est de faire voler un démonstrateur, mais c’est la phase 2 du contrat”, note Eric Trappier, rappelant qu’il faudra relancer les négociations avec l’Allemagne et l’Espagne.
Cette organisation permettra-t-elle d’être prêt pour 2040 ? Le dirigeant reste prudent sur ce calendrier.
---“Quand on voit la vitesse à laquelle les choses démarrent, 2040 est une date très optimiste”, regrette Eric Trappier.
Faut-il étendre le programme à d’autres pays ? Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a jugé nécessaire de “se poser la question de l’extension du programme à d’autres partenaires, à condition qu’il présente un intérêt industriel et militaire”. Il a également justifié cette possibilité de réduire le coût de ce programme estimé à 100 milliards d’euros.
“Je ne suis pas trop pour une expansion rapide, c’est déjà difficile aujourd’hui”, a déclaré Eric Trappier.
Le nEUROn pourra voler avec le Rafale
Quant au partage des tâches et des fruits du travail avec d’autres pays, sa position est claire. La Belgique semble déjà vouloir monter à bord du Scaf.
« J’entends dire qu’on pourrait tout de suite donner du travail à des entreprises belges. Non. Si cela m’est imposé, je me battrai. Mais je ne vois pas pourquoi je donnerais du travail à des Belges aujourd’hui », a déclaré le PDG de Dassault Aviation devant les sénateurs.
Reste la formation d’escadrilles composées d’avions de chasse et de drones comme il est prévu de le faire avec le Scaf. Sur ce point, Eric Trappier assure que le Rafale F5 aura la capacité avec le nEUROn, un drone de combat conçu au début des années 2000. Cet UCAV (Unmanned Combat Aircraft System) est le fruit d’un partenariat avec 5 autres pays (Suède, Italie, Espagne, Suisse et Grèce). Le démonstrateur de cet appareil furtif a été finalisé en 2012.
« Il peut y avoir de petits porteurs distants, comme pour le Scaf, ou des drones de type Neuron. C’est presque un avion de combat qui opère en complémentarité avec le Rafale. Je ne peux rien dire de plus. C’est “l’état de fonctionnement”.